Une bonne poignée de main ne suffit plus pour devenir un champion du réseautage. Désormais, il faut aussi maîtriser les ressources en ligne qui mettent la puissance du Web au service des pros du réseautage. Savoir utiliser LinkedIn, voire en être un membre premium, est devenu incontournable. Ceux qui en ont les moyens peuvent même s’abonner à Relationship Science, qui cartographie les réseaux sociaux des plus riches de ce monde.
« La société considère que les relations sont un actif important des entreprises, mais elles sont sous-évaluées, parce qu’elles sont intangibles », explique Neal Goldman, pdg de Relationship Science.
Pour l’entrepreneur en série, tout a commencé en 2001, lorsqu’il a lancé Capital IQ, un service d’information financière. La jeune start-up venait de voir ses bureaux détruits par les attentats du 11 septembre, et les marchés financiers étaient en déroute : « Ce n’était pas facile, alors, j’ai n’ai pas eu d’autre choix [en tant que président] que de devenir le directeur des ventes, relate Neal Goldman. J’avais une approche systématique pour réseauter et j’organisais mes contacts dans Excel. Je me suis rendu compte plus tard que j’utilisais mes relations de manière inusitée. »
Les efforts de vente de Neal Goldman semblent avoir porté leurs fruits, puisqu’en 2004, ses cofondateurs et lui ont vendu Capital IQ pour 200 millions de dollars à Standard & Poor’s. Dès lors, la voie était libre pour mettre au point Relationship Science qui, depuis sa fondation en 2010, a fait l’objet d’investissements de 90 M$ US.
Baptisé RelSci, le produit conçu par Neal Goldman cartographie les liens entre quelque 3,5 millions de personnes bien en vue. L’abonnement est accompagné d’une facture salée, qui débute à 9 000 $ par année pour les plus petites entreprises.
Un LinkedIn pour les riches et célèbres
Pour tirer parti de RelSci, il suffit d’y téléverser ses contacts, qu’ils soient en provenance de LinkedIn, d’Outlook ou autres. Ensuite, il suffit d’entrer dans la base de données un nom pour savoir qui, parmi nos contacts, pourrait nous présenter à cette personne ou à quelqu’un qui la connaît. Les utilisateurs en entreprise peuvent également voir lesquels de leurs collègues pourraient faire les présentations.
La similarité avec LinkedIn s’arrête là, puisqu’on ne peut pas faire une demande de connexion ou envoyer un message à partir de l’outil. RelSci n’est pas un réseau social, mais une banque de données générées à partir de multiples sources publiques, qui permet entre autres d’associer ceux qu’ils répertorient aux conseils d’administration dont ils sont membres. « Nous ne sommes pas une alternative à LinkedIn ; d’ailleurs, 50 % des gens que nous répertorions ne sont pas actifs sur LinkedIn, d’après une étude qu’on a faite à partir d’un échantillon. »
Il semble que la théorie des six degrés de séparation ne s’applique pas aux gens d’affaires. En effet, grâce à Relationship Science, j’ai constaté que je pouvais entrer en contact avec à peu près n’importe quel pdg par l’intermédiaire d’au plus deux degrés de séparation. Ce n’est pas une blague. Il semble que je sois lié de près ou de loin à tout le gratin de la finance et du pouvoir, d’André Desmarais à Barack Obama en passant par Alexandre Taillefer.
Elon Musk et moi
Circonspect quant à ma proximité relationnelle avec tous ces grands noms, je me suis dit que je devrais en tester les limites. Même si on m’avait déjà refusé une entrevue avec Elon Musk, président et chef de la direction de Tesla Motors, demandée par les canaux officiels, je tenterai d’en obtenir une en faisant jouer mes contacts.
Il semble que ce n’est pas impossible. En effet, RelSci m’apprend que j’ai un contact en commun avec Elon Musk en la personne d’Adeo Ressi, pdg du Founder Institute. Je sais que Adeo Ressi et Elon Musk sont amis, mais RelSci, pour sa part, établit une connexion entre les deux hommes parce qu’ils siègent tous deux au conseil de la X PRIZE Foundation. L’outil répertorie également dans mon réseau 19 personnes qui connaissent quelqu’un qui connaît Elon Musk. En tout, l’outil me propose ainsi quelque 220 chemins pour le rejoindre.
LinkedIn, pour sa part, m’apprend que Madeleine Bazerghi, du collège Dawson, fait partie des contacts LinkedIn d’Elon Musk. Cependant, sur LinkedIn, Adeo Ressi ne fait pas partie des contacts d’Elon Musk. Il faut dire que son profil incomplet, qui pourrait très bien être un faux, ne compte que 98 contacts.
Je pourrais du reste contacter Elon Musk directement sur Twitter, où l’authenticité de son fil, qui compte plus d’un million d’abonnés, est vérifiée. Bref, c’est une histoire à suivre.
Viser d’abord des connexions authentiques
À quelque 1 000 $ par année, LinkedIn Executive est abordable par rapport à Relationship Science. Concrètement, l’abonnement permet à ses membres d’envoyer des messages privés aux membres de LinkedIn à l’extérieur de leur réseau et de faire des recherches plus poussées sur le réseau de 300 millions de membres.
Le pdg de la start-up montréalaise Breather, Julien Smith, fait partie de ceux qui payent pour bénéficier de ce privilège. « Je suis à un degré ou deux de séparation de pas mal de monde, mais j’aime avoir la possibilité de me présenter directement à n’importe qui », explique celui qui est aussi coauteur de Trust Agents, un livre à succès sur l’influence à l’ère des médias sociaux.
Ce dernier ne se limite toutefois pas à l’utilisation de LinkedIn pour réseauter. Il utilise notamment Facebook, où il a quelque 17 320 abonnés : « Si je voulais rencontrer Bill Gates, soutient Julien Smith, je publierais sur Facebook quelque chose comme «Est-ce que quelqu’un peut me présenter à Bill Gates ?» mais je ne suis pas sûr que ça fonctionnerait. »
Malgré l’effet de levier offert par les outils en ligne, Julien Smith rappelle qu’il ne faut pas perdre de vue l’importance de tisser des liens véritables avec les gens : « Les réseaux sociaux, ça facilite les choses, mais ce n’est pas nécessaire ; le plus important est d’avoir des connexions authentiques ».