La télévision est sortie perdante de la surprenante élection fédérale du 2 mai dernier. Et il n’est pas ici question de l’habitude du gouvernement conservateur à revenir sur certaines décisions du CRTC. De la même manière, il n’est pas non plus question de l’engagement de l’opposition officielle néo-démocrate d’« établir une obligation d’obtention de permis pour les diffuseurs, qui sera basée sur le respect de normes de performance claires, contraignantes et appliquées ».
Dans les faits, la télévision sort surtout perdante de cette élection dans la mesure où la soirée électorale a contribué à démontrer que les citoyens regardent de moins en moins la télévision. En s’attardant à la guerre des réseaux opposant Radio-Canada et TVA, on en oublie un concurrent dont l’influence n’apparaît pas dans le dernier sondage BBM, mais qui n’en est pas moins important : Internet.
Comme cela été le cas à l’occasion de la dernière élection fédérale, c’est le réseau TVA qui a remporté la guerre des cotes d’écoute le 2 mai dernier, avec 769 000 téléspectateurs, contre 459 000 du côté de Radio-Canada. Malgré les résultats pour le moins étonnants de l'élection au Québec, qui auraient dû tirer les cotes d’écoute vers le haut, l’augmentation par rapport à l’élection fédérale de 2008 est infime, alors que TVA avait attiré 714 000 téléspectateurs et, Radio-Canada, 437 000.
Par ailleurs, lors des élections provinciales de 2008, TVA avait attiré 924 000 téléspectateurs, contre 499 000 du côté de Radio-Canada. Lors des élections provinciales de 2007, un beaucoup plus grand nombre de citoyens avaient passé leur soirée électorale les yeux rivés sur le petit écran, avec 1,1 million pour TVA et 900 000 pour Radio-Canada.
Les cotes d’écoute, même lors des grands rendez-vous de société, semblent ainsi être condamnées à baisser. Ce n’est pas étonnant, puisque les postes de télévision sont des appareils électroniques de moins en moins populaires. Le New York Times révélait d’ailleurs, dans son édition du 3 mai 2011, que le taux de ménages américains possédant un poste de télévision avait baissé pour la première fois en vingt ans. Bien entendu, la baisse est légère, ce taux étant passé de 98,9 % à 96,7 %, mais n’en reflète pas moins une tendance lourde. En effet, les jeunes ont pris l’habitude d’écouter le contenu vidéo qui les intéresse en ligne, que ce soit de manière légale, grâce à des sites comme YouTube, Hulu et Netflix, ou illégale.
Pour revenir à la soirée électorale du 2 mai dernier, soulignons que de nombreux citoyens qui n’étaient pas devant un téléviseur suivaient le dévoilement des résultats électoraux sur Internet. Ils ont d’ailleurs été quelque 697 000 internautes à visiter le site Internet de Radio-Canada durant la soirée. Bien que les autres médias n’aient pas révélé leurs chiffres de fréquentation sur Internet, il est fort à parier que les portails comme Canoë et Cyberpresse ont eux aussi accueilli de nombreux visiteurs ce soir-là. Et c’est sans parler de Twitter, où les microbillets se sont succédé à un rythme effarant tout au long de la soirée.
Mise à jour : Le rédacteur en chef de Canoë, Patrick White, vient de m'informer que le portail de Quebecor Media a accueilli 1,4 million de visiteurs uniques le 2 mai dernier, lesquels ont généré quelque 2,5 millions de pages vues.