Les partisans du non écossais ont laissé aller un grand soupir de soulagement, tandis que 55,3 % des électeurs se sont prononcé contre le projet d'indépendance. C'est un écart de 10,6 % par rapport au oui.
Ce chiffre, réconfortant à première vue, n'a rien de rassurant. Le chiffre le plus significatif, ce sont les 1 617 989 Écossais qui ont répondu oui à une question très claire. Au Québec, le référendum de 1995 a donné 49,6 % pour le oui, mais comme la question était floue, on ne sait pas si tous les électeurs qui ont voté oui étaient indépendantistes.
Les 44,7 % d'indépendantistes écossais et une bonne quantité d'unionistes qui ont cru aux promesses des trois principaux chefs de parti exigeront maintenant que ces engagements soient respectés. Ils auront l'appui inconditionnel de l'ex-premier ministre travailliste d'origine écossaise, Gordon Brown, qui est intervenu fortement dans le débat et qui tente de jouer les médiateurs dans la négociation des pouvoirs qui devront être transférés aux Écossais. M. Brown a même énoncé une liste de pouvoirs qui devraient être transférés à l'Écosse. Alex Salmond, qui quitte son poste de premier ministre et de chef de parti dans l'amertume, continuera aussi de mettre beaucoup de pression sur Westminster.
Le dispositif constitutionnel britannique semble plus simple que le nôtre à première vue, mais cela ne signifie pas que la négociation des changements espérés sera facile.D'une part, les changements promis en catastrophe par les leaders politiques à quelques jours du référendum sont des engagements personnels, qui n'ont pas été entérinés par leur parti. Il faut s'attendre à ce que plusieurs députés de Westminster, et principalement des membres du caucus conservateur, qui n'aiment pas la social-démocratie écossaise rouspètent.
D'autre part, le calendrier que se sont donné les chefs de parti est très serré : un livre blanc sur les pouvoirs à transférer d'ici le 30 octobre, une consultation des Écossais (le Parlement et la société civile) et un projet de loi qui doit être présenté d'ici la fin de janvier 2015.
On a promis à l'Écosse un pouvoir de taxation, la protection de son système de santé et un plus grand contrôle sur les services publics offerts, mais le premier ministre conservateur David Cameron a pris, le lendemain du référendum, un engagement qui a semé la bisbille à Westminster et que le quotidien The Guardian lui a demandé de mettre au rancart.
Cet engagement, c'est d'enlever aux députés des trois nations qui ont leur propre Parlement (l'Écosse, le pays de Galles et l'Irlande du Nord) et qui siègent à Westminster le droit de voter sur les lois qui concernent les Anglais. Les députés représentant l'Angleterre ont pour seul Parlement celui de Westminster, où les lois qui concernent les Anglais sont aussi votées par les députés représentant les trois autres nations.
L'ajout de cet enjeu dans le débat qui s'amorce compliquerait considérablement les négociations sur le nouvel arrangement désiré par M. Cameron qui, ce faisant, est devenu suspect aux yeux des autres chefs de parti.Des négociations semées d'embûches
Chacune des quatre nations formant le Royaume-Uni dispose d'une convention particulière avec Westminster. Si le premier ministre maintient son objectif de donner aux autres nations les mêmes pouvoirs que ceux qui seront dévolus à l'Écosse, il devra s'engager dans des négociations avec toutes les parties du pays, un processus qui prendra des années et qui, théoriquement, pourrait conduire le Royaume-Uni à se transformer en fédération. M. Cameron aurait intérêt à consulter Brian Mulroney.
La très difficile négociation des accords du Lac Meech et de Charlottetown a bien démontré que, même si elle part de bonnes intentions, l'exécution d'une réforme constitutionnelle représente un défi extrême. Autres enjeux, le Royaume-Uni tiendra une élection générale en mai 2015 et un référendum sur son appartenance à l'Union européenne en 2017 (les Écossais y sont favorables, mais bien des Anglais ne le sont pas).
Certes, les unionistes peuvent se consoler en se disant que la négociation d'un transfert de pouvoirs est beaucoup plus facile que celle d'une séparation, mais les compromis que les leaders politiques du pays devront trouver face aux enjeux auxquels ils font désormais face seront déterminants pour l'avenir du Royaume-Uni.
Si Westminster ne livre pas les changements promis, on peut prévoir que la flamme indépendantiste écossaise sera ravivée. La successeure présumée d'Alex Salmond, la vice-première ministre Nicola Sturgeon, est présentée comme étant très combattive, très populaire et plus à gauche que lui. Un autre référendum devient plausible.
Si l'on a pu pousser un soupir de soulagement en raison du résultat du référendum, une nouvelle dynamique, dont il est impossible de prévoir le dénouement, s'est enclenchée.
Les souverainistes québécois se réjouissent de la ferveur indépendantiste écossaise, mais constatons que celle-ci est également porteuse de grandes incertitudes.J'aime
Le conseil d'administration d'Aéroports de Montréal a autorisé la démolition de l'aérogare de Mirabel. Après qu'on eut cherché en vain une nouvelle vocation pour cet éléphant blanc, il était temps qu'on arrête de gaspiller de l'argent pour l'entretenir. Le centre de foire envisagé par certains aurait coûté une fortune aux contribuables, sans aucune garantie de succès.
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Le bureau de l'Assemblée nationale a donné son feu vert à un projet d'agrandissement du parlement de Québec, estimé à 50 millions de dollars (avant les dépassements de coût) et qui s'étendrait sur cinq ans. Ouf ! On veut construire un édifice de trois étages dans la cour intérieure de l'immeuble, ajouter un pavillon d'accueil, renforcer la sécurité, etc. Pas certain que ce projet soit indiqué en cette période de compressions budgétaires.