La chute du prix de l'or noir aura un impact majeur sur plusieurs plans dans nombre d'économies, mais celui-ci dépendra surtout de la durée de la période de bas prix qui s'annonce.
À moins de 50 $ US le baril (certains avancent qu'on verra le prix descendre à 40 $ et même à 20 $ si l'Arabie saoudite s'entête à protéger sa part de marché), plusieurs pays connaîtront un recul de leur produit intérieur brut (PIB), mais on peut prévoir un gain net pour l'économie mondiale, la majorité des pays et l'ensemble des consommateurs.
Les grands perdants seront les grands producteurs, plusieurs pays du Moyen-Orient, la Russie, dont le PIB reculerait de 4,7 % à 60 $ le baril et dont la devise a déjà été fortement dévaluée, le Venezuela, l'Iran, la Norvège et la Malaisie.
Mais c'est aussi le sort qui attend l'économie canadienne. La Banque du Canada a indiqué que la croissance du PIB canadien pourrait être amputée de 0,3 %. C'est catastrophique surtout pour l'Alberta, dont le gouvernement perdrait plus de 200 millions de dollars de revenus annuels pour chaque baisse de 1 $ US du prix du pétrole. En décembre, alors que l'or noir valait environ 60 $, le premier ministre albertain parlait d'un impact de 6 à 7 milliards de dollars sur son gouvernement. Il y aura aussi des contrecoups pour la Saskatchewan et Terre-Neuve, qui produisent aussi du pétrole.
Conséquence indirecte de cette chute de prix, l'industrie pétrolière nord-américaine, qui compte des dizaines de milliers de fournisseurs et de sous-traitants, pourrait réduire de plusieurs dizaines de milliards ses investissements en exploration et en production. Au Dakota du Nord, des producteurs de pétrole de schiste ont commencé à fermer des puits. Au Canada, Canadian Natural Resources vient de réduire ses investissements en capital de 2,4 G$ (- 30 %).
Puisque la chute des prix du pétrole, du gaz naturel et de la plupart des métaux a fait baisser le cours du dollar canadien (il vaut 84 ¢ US, mais certains anticipent 80 ¢ US), il est clair que les fabricants canadiens profiteront à la fois de la chute de notre monnaie et de la reprise de l'économie américaine pour accroître leur production et leurs exportations aux États-Unis.
Le Québec, l'Ontario et la péréquation
Les deux principales provinces qui en bénéficieront seront le Québec et l'Ontario, où se fait 70 % de la production manufacturière du pays. Malheureusement, leurs gains ne compenseront pas la perte de revenus des provinces productrices d'hydrocarbures. Il faut aussi comprendre que les fabricants du centre du pays sont d'importants fournisseurs de l'industrie des hydrocarbures et qu'ils y vendront moins d'équipements, de produits divers et de services.
Un impact indirect important de la baisse des recettes fiscales des provinces productrices de pétrole sera la réduction éventuelle de la péréquation que reçoit le gouvernement du Québec (environ 1 300 $ par personne, soit un total de 9,3 G$ en 2014-2015).
En effet, puisque la baisse des recettes fiscales des provinces productrice d'or noir réduira leur capacité fiscale par habitant, et par ricochet, la capacité fiscale moyenne de l'ensemble des provinces, l'écart entre cette dernière et la capacité fiscale du Québec par habitant sera réduit. Or, puisque cet écart sert au calcul de la péréquation fédérale versée aux provinces bénéficiaires, le Québec verra sa péréquation éventuellement réduite.
Consommateur : de l'essence au rabais, mais des bien importés plus coûteux
Sur le plan individuel, la baisse de l'or noir et sa répercussion sur le prix des carburants profiteront surtout aux propriétaires de véhicules énergivores et aux personnes qui font beaucoup de kilométrage. Par contre, les consommateurs canadiens devront débourser davantage pour les biens importés des États-Unis et les vacances qu'ils voudront y prendre. À l'inverse, le Canada coûtera moins cher aux visiteurs américains. La situation est différente pour l'Europe, où l'euro, comme notre dollar, a perdu de la valeur par rapport à la devise américaine.
À moyen terme, les tarifs des sociétés aériennes et les prix des transporteurs routiers et ferroviaires devraient diminuer si la concurrence joue suffisamment. Il est toutefois certain que l'industrie du transport retardera les baisses de prix afin de profiter de la situation.
Des bénéfices pour l'économie mondiale
Sur le plan mondial, la baisse du prix du pétrole sera positive (gain de 0,3 point sur le PIB mondial selon le FMI), car les gains des très nombreux pays consommateurs d'or noir seront supérieurs au manque à gagner des pays producteurs.
La pression à la baisse sur les prix éloignera le risque d'inflation et la perspective d'une hausse des taux d'intérêt. Il faut toutefois espérer que cette pause ne se transforme pas en une déflation qui pourrait entraîner une récession.
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