La Caisse de dépôt vient d'annoncer deux investissements très importants pour le Québec : 500 millions de dollars dans Manuvie et 200 M$ dans WSP Global (anciennement Genivar).
Grâce à ces 500 M$, Manuvie acquerra les actifs canadiens de la compagnie d'assurance écossaise Standard Life. Une transaction de 4 milliards de dollars. La Caisse a ainsi porté à 1 G$ son intérêt dans l'assureur canadien.
Bien sûr, il aurait été préférable pour le Québec que la division canadienne de l'assureur écossais soit achetée par un groupe québécois, tel Desjardins. Mais c'eût été une trop grosse bouchée. Desjardins n'a pas encore finalisé l'acquisition des activités canadiennes de l'assureur américain State Farm. Cette transaction, dont le montant n'a pas été révélé, a requis des appuis de 200 M$ du Crédit Mutuel, de France, et de 450 M$ de State Farm, des États-Unis. Cette dernière acquerra des actions privilégiées de la société créée pour gérer les activités acquises.Autre considération d'importance, Desjardins n'a pas la souplesse financière d'une société à capital-actions qui lui permettrait d'émettre rapidement du capital pour financer une telle transaction.
Il faut maintenant espérer que, grâce à son investissement dans Manuvie, la Caisse pourra influencer celle-ci dans ses décisions d'intégration et de réduction de coûts. Manuvie voudra certainement éliminer des centaines de postes de siège social, puisque c'est en bonne partie là que se trouvent les dédoublements. Or, le siège social de Manuvie se trouve à Toronto, tandis que celui de Standard Life du Canada est à Montréal.
Manuvie pourrait toutefois s'inspirer de la Corporation financière Intact, le premier assureur d'habitations, de voitures et d'entreprises du Canada, qui, même si elle a son siège social à Toronto, maintient au Québec la moitié de sa haute direction, qui compte environ 120 cadres supérieurs. De son côté, la Banque Royale compte à Montréal 5 000 employés qui occupent des postes relevant de dirigeants torontois, en plus des 3 000 salariés qui relèvent de la direction générale du Québec.
Il ne faudrait donc pas que, malgré les belles promesses de sa haute direction, Manuvie imite Rio Tinto, qui a beaucoup réduit les activités de direction d'Alcan à Montréal après en avoir réalisé l'acquisition. Rio Tinto avait peut-être de bonnes intentions, mais on sait que l'enfer en est pavé.
Un changement de cap attendu
Malgré cette crainte, il faut se réjouir du fait que la Caisse joue son rôle dans l'appui donné aux sociétés québécoises. Dans le cas de WSP Global, la Caisse a porté de 220 M$ à 420 M$ son intérêt dans cette firme d'ingénierie québécoise afin de lui permettre d'acquérir Parsons Brinckerhoff (13 500 employés partout dans le monde). Après cette transaction, WSP comptera 30 500 employés et réalisera des revenus annuels de 4 G$, ce qui la placera au huitième rang mondial des firmes d'ingénierie. En 2012, la Caisse avait investi 98,5 M$ pour permettre à Genivar d'acheter la firme britannique WSP Global, dont l'entreprise montréalaise a ensuite adopté le nom.
Également en 2012, La Caisse avait investi 1 G$ dans le capital-actions du géant montréalais CGI lors de son achat de la firme britannique Logica, doublant ainsi ses revenus à plus de 10 G$ et son effectif à environ 70 000 professionnels.
Une autre transaction structurante de la Caisse a été la vente par Ivanhoé Cambridge, filiale immobilière de la Caisse, de 1,53 G$ d'immeubles commerciaux à Cominar, de Québec, qui a ainsi porté son actif à 8 G$. Pour financer la transaction, Ivanhoé Cambridge a acquis pour 250 M$ de parts de Cominar, et Otéra Capital, filiale de financement hypothécaire de la Caisse, lui a prêté 250 M$.
Au lieu de jouer les architectes financiers comme elle l'avait fait il y a quelques décennies dans les dossiers des épiciers Provigo et de Steinberg, de grands détaillants vendus à des entrepreneurs inexpérimentés qui n'avaient pas les moyens de leurs ambitions, la Caisse mise désormais sur des entrepreneurs stratégiques et des gestionnaires qui ont fait leurs preuves. Au fil des ans, la Caisse a aussi appuyé la croissance de PME qui sont devenues de grandes sociétés, telles qu'Héroux-Devtek de Longueuil et la société montréalaise GardaWorld.
Depuis 2009, la Caisse a investi dans de grandes, moyennes et petites sociétés québécoises quelque 13,4 G$. Et comme on l'a vu avec ses investissements dans CGI et WSP, elle se prépare maintenant à accompagner davantage les moyennes entreprises québécoises à l'étranger. C'est en effet une partie du mandat confié à l'homme d'affaires Christian Dubé, récemment nommé premier vice-président, Québec.
Cet accent mis sur l'accompagnement des entreprises québécoises désireuses de croître par acquisitions était attendu. Cette orientation suit le travail d'optimisation des systèmes d'exploitation et de gestion des placements réalisé sous le leadership de Michael Sabia. La Caisse pourra ainsi mieux remplir sa mission, qui est de faire fructifier l'agent des déposants et de contribuer au développement du Québec.
Ces deux objectifs ne sont pas incompatibles si on les poursuit avec intelligence et compétence, ce que la Caisse a appris à faire correctement.
J'aime
Le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec créera une plateforme qui réunira de jeunes entrepreneurs et professionnels québécois oeuvrant à l'étranger. Environ 75 d'entre eux ont été choisis à cette fin. Ce réseau servira de point d'appui pour les jeunes gens d'affaires d'ici qui veulent faire affaire à l'étranger.
Je n'aime pas
Le premier ministre Philippe Couillard juge «alarmante» la situation financière du gouvernement. Il a raison, mais on ne voit pas comment son gouvernement pourra réduire ses dépenses de 3 G$, alors que la croissance économique est anémique et que les groupes d'intérêts fourbissent leurs armes pour résister à l'effort de rationalisation qui sera demandé. Pendant ce temps, les péquistes rêvent encore d'un référendum, qui agit comme une épée de Damoclès sur l'économie du Québec.