Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, vient de rencontrer les chefs des grandes centrales syndicales pour préparer le renouvellement des conventions collectives de 430 000 employés de l'État.
«On a eu un cours d'économie 101», a dit, moqueur, Daniel Boyer, président de la FTQ. Mais ce cours leur a été donné par un économiste réputé et rigoureux. De plus, ils ont sûrement eu l'heure juste sur les finances du gouvernement, qui sont préoccupantes, ce que les chefs syndicaux devraient savoir. Les conditions sont donc réunies pour une négociation sérieuse et responsable, ce qui est possible si tout le monde y met de la bonne volonté.
En plus de son importance pour les finances publiques, cet exercice réglera aussi la rémunération des employés des secteurs public et parapublic du Québec pour au moins trois ans.
M. Coiteux a déjà indiqué que, malgré les 3,2 milliards de dollars à trouver pour équilibrer le budget de 2015-2016, il ne voulait pas geler les salaires. C'est une bonne nouvelle, puisque le gouvernement se doit d'attirer et de retenir des personnes compétentes s'il veut s'assurer de pouvoir compter sur une main-d'oeuvre de qualité et engagée.
De plus, contrairement à la rémunération globale des employés municipaux, celle des fonctionnaires est loin d'être excessive. Selon l'Institut de la statistique du Québec, la rémunération globale - salaires et avantages sociaux - des fonctionnaires est de 8,3 % inférieure à celle de l'ensemble des autres salariés québécois occupant des postes comparables. Par contre, elle est de 1,7 % supérieure à celle des salariés du secteur privé. Quant à leurs salaires, ils sont de 11,7 % inférieurs à ceux des autres salariés occupant des emplois comparables. En contrepartie, la contribution du gouvernement au financement de leurs régimes de retraite est de 6,6 % supérieure à celle des autres employeurs.
Le gouvernement se doit d'obtenir une meilleure productivité de ses employés. Il est certain qu'un grand nombre d'entre eux travaillent fort et bien (Jean Charest avait loué leurs compétences et leur dévouement lors de son discours de retrait de la vie politique), mais les conventions collectives, la sécurité d'emploi et la règle de l'ancienneté dans la gestion des promotions rendent très difficile l'optimisation du rendement dans bien des unités de travail. Les inefficacités doivent être éliminées surtout dans la santé et l'éducation, qui comptent pour 49 % et 26 % respectivement des dépenses de programmes du gouvernement.
Ces privilèges, qui n'existent à peu près pas dans le secteur privé, n'ont pas davantage de raison d'être dans l'appareil public. S'ils veulent améliorer les salaires des personnes qu'ils représentent et conserver leurs excellents régimes de retraite à prestations déterminées (qui sont très sous-capitalisés), les leaders syndicaux et leurs négociateurs doivent chercher à cibler ce qui pourrait être fait pour obtenir une meilleure productivité du travail. C'est dans l'intérêt de tous, puisque les fonctionnaires sont aussi des contribuables.
Révision de la fiscalité et des programmes
Les deux chantiers que le gouvernement Couillard a lancés - revue de la fiscalité et révision des programmes - fourniront certainement des moyens d'amélioration du dispositif fiscal et des pistes d'optimisation de la prestation des services, mais il ne faut pas s'attendre à des solutions miracles de ces deux exercices.
La dure réalité est que, comme société, nous vivons au-dessus de nos moyens. Nous nous sommes donné des services que les autres provinces estiment ne pas avoir les moyens de se payer, et nous supportons un fardeau fiscal plus lourd que celui des autres Canadiens. Ce sont des choix de société que les politiciens nous ont amenés à faire et qui nous ont conduits dans une ornière. Nous devons sortir de cette ornière si nous ne voulons pas nous enliser financièrement, et ce, pour au moins trois grandes raisons structurelles :
> l'économie du Québec croît plus lentement que celle du Canada (sous les 2 % par rapport à 2,5 %) ;
> le vieillissement rapide de la population québécoise augmentera le fardeau fiscal des personnes qui occuperont un emploi ;
> le Québec est la province la plus endettée du pays, et son service de la dette en est le plus élevé (11 % des dépenses). La remontée des taux d'intérêt s'avérera très coûteuse.
Nous ne pourrons maintenir nos ambitieux et généreux programmes sociaux que si nous arrivons à les gérer plus efficacement et à accroître leur financement (tarification adéquate et recours accru au principe de l'utilisateur-payeur). Sans cela, il faudra se résigner à limiter leur utilisation ou à en abandonner certains.
En plus du travail des comités d'experts sur la fiscalité et les programmes, la présente négociation fournit une bonne occasion d'optimiser la gestion de l'État. Les syndicats amélioreraient grandement leur image en participant à cet exercice.
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Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a été clair. Il a réaffirmé la semaine dernière que le maintient d'une union monétaire entre Londres et Édimbourg était «inconciliable» avec une indépendance du territoire écossais. En 2008, les contribuables britanniques ont supporté le sauvetage de la Royal Bank of Scotland et de la Lloyds. Advenant l'indépendance de l'Écosse, les deux banques devraient déménager leur siège social à Londres pour que la Banque d'Angleterre reste prêteur de dernier recours.
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Selon La Presse, 400 officiers de la Sûreté du Québec bénéficient d'une voiture banalisée dont ils se servent aussi la fin de semaine. La SQ a réduit en 2014 le nombre de ses patrouilleurs, mais a augmenté celui du personnel de bureau.