Les activistes de la gauche étudiante qui désiraient répéter les grandes manifestations du printemps 2012 viennent de se tirer une balle dans le pied. En tolérant l'intimidation et la violence des cagoulés qui ont saccagé, le 8 avril, le pavillon J.-A.-DeSève de l'UQAM, ils ont perdu toute leur crédibilité.
Ces militants avaient déjà perdu leur légitimité en raison de votes bidon arrachés à force de bras pour obtenir des boycotts de cours. Ces décisions sont prises durant des assemblées non démocratiques (votes à main levée, reprises des votes au besoin, intimidation, atteintes à la liberté d'expression, etc.). Les «levées de cours» sont exécutées par des personnes masquées et vêtues de noir qui intimident les étudiants et les professeurs. Il faut mettre fin à cette mascarade que les associations étudiantes sont incapables de contrôler.
Dans leur naïveté, les idéologues de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) visaient large : la lutte contre le programme d'austérité du gouvernement, contre l'exploitation des hydrocarbures, le Plan Nord, l'exploitation minière, etc. Bref, on faisait flèche de tout bois afin d'en arriver à une «grève sociale», à laquelle on conviait les «forces sociales progressistes».
C'était totalement farfelu, comme vient de le démontrer le fait que 66 % des 1 002 répondants d'un récent sondage Léger-Le Devoir s'opposent à l'action des étudiants. Si ce sondage avait été mené après le saccage du 8 avril, on peut penser que l'appui de la population à leur action, qui était de 24 %, aurait fondu de moitié.
Le mouvement syndical a refusé de les appuyer et de les financer. Les syndicats ont gardé leurs munitions pour l'automne, lorsque le temps sera plus propice à la mobilisation de leurs troupes à l'égard des conditions de travail proposées par le gouvernement à ses 540 000 employés. Le PQ, grand allié du printemps érable, est resté sur les lignes de côté. Même chose pour la FEUQ et la FECQ, les associations étudiantes des milieux universitaire et collégial.
S'ils sont capables d'intelligence collective et s'ils veulent sauver leur session, les étudiants devraient retourner à leurs cours. Quant à l'ASSÉ, elle doit se rendre à l'évidence qu'elle a échoué son offensive printanière, ce qui pourrait même l'affaiblir pour son programme d'action automnal, lorsque les salariés du secteur public descendront dans la rue. D'ailleurs, il y a fort à parier que les syndicats ne voudront pas de casseurs masqués dans leurs manifestations. La partie n'est pas jouée pour certains d'entre eux, à en juger par le sondage Léger-Le Devoir qui indique un appui de la population à plusieurs mesures budgétaires du gouvernement.
Un encadrement nécessaire
Comme le gouvernement Marois, le gouvernement Couillard ne veut pas s'aventurer dans un processus législatif qui mènerait à l'encadrement du droit d'une association de boycotter des cours, appelé abusivement «droit de grève». Les étudiants estiment avoir le même droit que les salariés à qui la loi permet de provoquer un arrêt de travail collectif pour améliorer leurs conditions.
Il est abusif de parler d'un droit de grève pour des étudiants. Ceux-ci achètent des cours, alors que les salariés vendent, sous contrat, leur travail pour produire un bien ou prodiguer un service.
Tandis que les étudiants n'ont aucune obligation de suivre des cours ; et même s'ils peuvent se constituer en association, les tribunaux ont montré qu'ils ne pouvaient pas empêcher collectivement d'autres étudiants d'avoir accès à leurs cours ni les professeurs de donner les cours pour lesquels ils sont payés.
Malgré l'absence de droit au boycott collectif, il y en a déjà eu (avec de tristes résultats) et il est sûr qu'il y en aura d'autres. D'où le besoin d'examiner la possibilité de mettre en place un dispositif d'encadrement de ces actions, comme l'ont demandé la Fédération des cégeps, le recteur de l'UQAM et les groupes de travail sur une loi-cadre des universités et sur le printemps érable.
On n'a pas besoin d'une loi très élaborée. Ne pourrait-on pas modifier la loi autorisant les associations étudiantes pour interdire les boycotts qui n'auraient pas été autorisés par un vote électronique obligatoire et accessible à tous les membres d'une association donnée, et qui porterait sur des enjeux propres aux relations étudiants-universités ? Cet exercice se ferait sous l'autorité de l'institution. Puisque ce processus serait légal et que son résultat serait légitime, on éviterait beaucoup d'injonctions, qui enveniment les relations entre les parties.
La prise en otage de l'UQAM est indigne du «lieu de dialogue» que doit être une université. Les idéologues qui ont instrumentalisé l'UQAM pour promouvoir leur «grève sociale», les professeurs qui les ont appuyés et les médias qui ont adopté leur rhétorique portent une responsabilité pour le gâchis qui en a résulté et les effets pervers qui suivront (perte de réputation, impact sur le recrutement et le financement, etc.). Ils se sont montrés indignes des valeurs hautement démocratiques de notre société.
J'aime
Même si le Plan Nord du gouvernement Couillard est plus modeste que celui du gouvernement Charest, il constitue néanmoins un solide engagement à l'égard du développement de ce territoire rempli de ressources à exploiter.
Je n'aime pas
La présentation du budget 2015-2016 du gouvernement du Québec a amené plusieurs groupes sociaux et leurs émules à remettre en cause le Fonds des générations, dans lequel une partie des surplus d'Hydro-Québerc et des redevances minières sont versés. Puisque le rendement de ce fonds, qui est géré par la Caisse de dépôt, est supérieur au coût de la dette publique, le gouvernement fait une bonne affaire en plus de rassurer les agences de notation de crédit. Manifestement, certains ne comprennent pas qu'il faille vivre selon nos moyens et en finir avec la croissance faramineuse de notre endettement.