Selon un dicton bien connu, les élections se perdent plutôt qu'elles ne se gagnent.
Philippe Couillard a mené une bonne campagne, mais il a aussi beaucoup profité des erreurs d'exécution des stratèges et de la chef du Parti québécois. Pauline Marois n'a manqué ni de détermination ni de courage, mais elle a été dépassée par les enjeux de la souveraineté et de la charte des valeurs de son parti.
Mme Marois a décidé d'en appeler au peuple en affirmant que son gouvernement ne pouvait faire adopter ses projets de loi. Les électeurs ont compris qu'il s'agissait d'un prétexte.
Elle aurait dû, dès le jour 1, prendre le contrôle de l'ordre du jour, faire de l'économie son thème central. «It's the economy, stupid», a déjà dit James Carville, grand stratège de Bill Clinton. Le refus de Mme Marois de s'adresser aux journalistes a irrité ceux-ci, ce qui l'a amenée à se livrer, le lendemain, à une longue conférence de presse dont elle n'a pu contrôler le message central. Un départ raté.
Puis ce fut l'étoile filante PKP. L'annonce de la candidature de Pierre Karl Péladeau devait être le clou de la campagne péquiste. On aurait dû en faire le grand champion l'économie. Mais non ! Sa profession de foi souverainiste, et surtout, le poing qu'il a levé ont créé un tel malaise qu'une dizaine d'ex-leaders péquistes et syndicaux ont dû venir à sa rescousse et appuyer le soi-disant candidat vedette. Non seulement PKP a ramené à l'avant-scène la perspective d'un référendum sur l'indépendance advenant l'élection du PQ, mais il a éloigné des militants de gauche, qui n'ont pu comprendre que ce parti ait accepté dans ses rangs un chef d'entreprise de droite, auteur de 14 lock-outs. Il n'en fallait pas plus pour que l'élection soit qualifiée de référendaire, alors que les deux tiers de la population rejettent une telle consultation.
Pour séduire les électeurs francophones qui sont mal à l'aise avec les accommodements demandés par certaines personnes des communautés culturelles, le PQ a inventé une charte des valeurs, qui propose d'interdire le port de signes et de vêtements dits religieux par les employés du gouvernement, des municipalités, des institutions d'enseignement, des établissements de santé, des garderies et d'organismes qui offrent des services à l'État. Odieux !
Alors que la société québécoise est reconnue pour son ouverture aux autres et que l'on ne connaît pas un seul cas d'intolérance interculturelle dans l'administration publique, ce projet inutile a semé la controverse, divisé le Québec et amené des concitoyens à envisager de quitter la province. Espérons qu'ils se raviseront.
Avec le contraignant et non nécessaire projet de loi 14 sur le renforcement de la loi 101 et la menace référendaire, le projet de charte a fourni au chef libéral quantités de munitions pour présenter le PQ comme un parti idéologique et déconnecté des vrais enjeux, à savoir la création d'emplois et de richesse.
Les sondages défavorables ont amené la chef péquiste à improviser : promesse en fin de campagne de réduire les impôts et appel à la pasionaria de la charte, Janette Bertrand, qui est venue raconter un mauvais rêve : la perte de l'usage de la piscine de son immeuble au profit de riches étudiants (musulmans) de l'Université McGill. Pathétique !
Rejet des valeurs péquistes
La cuisante défaite infligée au PQ (il n'a obtenu que 25 % des votes) exprime le rejet de ce qu'il représente : une organisation vieillissante et embourgeoisée, qui a perdu ses repères, qui fait du clientélisme et qui poursuit un projet chimérique auquel les jeunes n'adhèrent pas. Selon le dernier sondage de Léger, le PQ n'a recueilli que 20 % des intentions de vote parmi les 18-44 ans.
Les quatre prochaines années seront cruciales pour la révision du programme du PQ, qui aura à traverser une course à la chefferie fratricide à en juger par l'agitation précoce des ambitieux qui veulent le trône péquiste.
La période d'instabilité que traversera le PQ permettra à la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault de s'affirmer et de montrer qu'elle peut devenir un parti capable d'exercer le pouvoir.
Rétablir la confiance
Le rejet du PQ nous délivrera de projets de loi à la recherche d'un problème et d'une approche trop interventionniste dans l'économie.
Beaucoup de travail attend le nouveau gouvernement sur le plan des finances publiques, dont la situation nous sera probablement présentée comme pire que ce qui était anticipé. La priorité devra aller à l'élimination du déficit.
Pour être pris au sérieux, les libéraux devront mettre en oeuvre leurs nombreux engagements sur le plan de la santé et de l'éducation.
Mais par-dessus tout, le gouvernement Couillard devra rétablir la confiance des gens d'affaires d'ici et d'ailleurs à l'égard du Québec de façon à stimuler l'investissement privé, seule source véritable de création des emplois et de la richesse dont nous avons si grandement besoin.
J'aime
Yamana Gold, la Caisse de dépôt et l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada ont uni leurs efforts pour présenter aux actionnaires d'Osisko une offre supérieure à celle de Goldcorp. L'offre proposée permettra de conserver le siège social d'Osisko à Montréal.
Je n'aime pas
Selon Statistique Canada, 32 % des diplômés universitaires canadiens âgés de 25 à 34 ans et qui ont étudié en sciences humaines (histoire, littérature, philosophie) occupent un emploi qui ne requiert pas leur niveau de formation. Pour l'ensemble des disciplines, le niveau de surqualification est de 18 %. La surqualification est beaucoup plus faible au Québec en raison de la présence des cégeps. Il ressort de cette étude que les programmes sont mal adaptés aux besoins du marché.