lesaffaires

Bien se vendre

Par Géraldine Martin


Édition du 23 Août 2014

Je l'avais rencontré l'hiver dernier et il n'était pas très optimiste. Je l'ai rappelé la semaine dernière en espérant de meilleures nouvelles. À la question «comment va le Nord ?» il a hésité et finalement lâché en soupirant «ça n'a pas beaucoup changé».


Lui, c'est Daniel Paquet, chargé du développement des affaires chez Air Inuit. Le premier transporteur aérien du nord du Québec, qui dessert 14 villages situés entre la baie d'Hudson et la baie d'Ungava, est un bon baromètre de l'activité économique dans la région. L'équation est simple. Quand ça s'active dans le Nord-du-Québec, Air Inuit est particulièrement occupée à transporter des mineurs, des ingénieurs, des ouvriers... Quand les projets se font plus rares, disons que ces voyageurs se font plus discrets.


Actuellement, ils sont terriblement discrets. «Avec le nouveau gouvernement, les gens se sont rapprochés de la planche à dessin, mais c'est encore très difficile, raconte M. Paquet. Malgré tous les efforts, il n'y a pas de gros projets à l'exception de Stornoway.»


Les projets sont au point mort, car il n'y a pas de financement. Il n'y a pas de financement, car les prix des métaux sont déprimés. Et les prix sont déprimés, car la demande de la Chine et de l'Europe notamment s'est essoufflée. «La relance est beaucoup plus timide que prévu», résume M. Paquet.


Si le Nord s'accroche au secteur minier, c'est que l'autre secteur économique de la région, le tourisme, n'est plus que l'ombre de lui-même. La chasse, qui a déjà été florissante, n'attire plus les riches Américains, échaudés par la crise de 2008 et jugeant notre dollar trop élevé. Pas de chance non plus, la chasse aux caribous est fermée sur une partie du territoire, parce que l'espèce est menacée.


Vous me direz, il reste bien la pêche ! Oui, en effet, les touristes viennent encore taquiner le saumon et l'omble arctique, mais ils ne sont pas très nombreux, car le périple est coûteux.


Que reste-t-il alors ? Les lacs et les ressources sont toujours là. À nous d'être prêts lorsque l'économie repartira. Pour cela, le Nord doit séduire, être remis en valeur, redevenir une destination de choix, incontournable. C'est vrai pour les touristes qui viennent pêcher et chasser, c'est aussi vrai pour les investisseurs qui s'intéressent à nos minerais.


Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
geraldine.martin@tc.tc