Les pourparlers reprendront entre White Birch et les syndiqués de l'usine Stadacona dans l'espoir d'en venir à une entente qui permettrait de maintenir l'unité de Québec en écorchant moins salariés et retraités. Difficulté: la solution ne semble pouvoir passer que par un réinvestissement supplémentaire.
Cette histoire n'est pas sans faire sourciller. Des travailleurs qui ont leur vie durant accumulé une rente de retraite et à qui l'on demande des concessions qui vont de 40% à 60%.
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La difficulté dans ce dossier provient principalement du fait que les garanties que possédaient les créanciers de premier rang, soit les usines de la compagnie (Québec, Masson et Rivière-du-Loup), valent beaucoup moins au marché que la valeur des prêts consentis.
Ainsi, les créanciers de premier rang avaient avancé pour 438 M$ US dans l'aventure. La valeur combinée des usines est aujourd'hui estimée à 200-250 M$ US. C'est dire que les créanciers garantis, qui sont rarement à perte (et ne l'ont pas été dans le dossier d'AbitibiBowater) sont cette fois obligés de prendre une perte considérable.
On n'entrera pas dans les détails financiers de l'affaire, qui sont très complexes, mais il est facile de constater qu'avec sa tentative de rachat des trois usines, Black Diamond White Birch - un consortium justement composé des créanciers de premier rang Black Diamond Capital Management, Credit Suisse Loan Funding et Caspian Capital Advisor – Black Diamond White Birch donc, tente non seulement d'obtenir du rendement sur le nouvel argent qu'il doit décaisser pour acquérir l'entreprise, mais y additionne également sa perte en capital. C'est sur ce montant, nouvel argent + perte initiale, qu'il calcule le rendement à obtenir.
D'où un effort particulièrement important demandé aux salariés.
Capitalisme outrancier que cela?
Peut-être. À la décharge de Black Diamond on notera cependant qu'il y a eu un processus d'encan il y a plusieurs mois et que tout le monde était invité à venir faire une offre. Même ceux qui n'avaient pas encouru de perte initiale et n'avaient conséquemment à rechercher du rendement que sur une mise beaucoup plus basse. Personne ne s'est vraiment présenté (outre Sixth Avenue, mais il s'agissait d'autres créanciers recherchaient le même objectif de récupération de prêts).
De l'avenir pour l'usine de Québec?
De l'avenir pour l'usine de Québec?
Avec des salariés actuels qui baissent en salaire et en rente, de même que des retraités que l'on force à retourner sur le marché du travail, probablement.
Avec des rentes qui demeureraient ce qu'elles sont, c'est plus difficile à dire.
À défaut d'historique public, il faut pour l'instant s'en tenir au rapport du mois de novembre du contrôleur qui estime que, dans les derniers 12 mois, l'usine de Québec a été -4,7 M$ US dans ses flux de trésorerie (l'argent qui rentre, moins l'argent qui sort). Le tout est à mettre en perspective avec Masson ( +17,6 M$) et les deux lignes de Rivière-du-Loup (+ 3,8M$ et + 5,4 M$).
On le voit, avec une usine qui n'apparaît pas faire ses frais, le syndicat ne se représente pas à la table avec un énorme pouvoir de négociation. D'un point de vue financier, fermer Québec serait peut-être plus avantageux que de la garder.
La seule solution qui permettrait peut-être d'améliorer les dernières offres serait de convaincre l'entreprise qu'il se trouve du rendement à porter de main dans la réalisation de projets connexes et de se montrer accommodant dans leur mise en route.
En se débarrassant par exemple de cette obligation de fonctionner à partir de papier recyclé pour simplement fonctionner à partir de copeaux (comme Masson et Rivière-du-Loup). Ou encore, une option sans doute plus porteuse de par la diversification qu'elle entraînerait, en ajoutant une unité de cogénération d'électricité. Hydro-Québec est apparemment en appels d'offres pour de la cogénération.
Ce faisant, on améliorerait la rentabilité des installations.
Black Diamond et ses partenaires seraient-elle prêtes à injecter davantage pour obtenir cette éventuelle plus-value?
Chat échaudé craint l'eau froide. Mais ce sont des options qui vaudraient la peine d'être étudiées. Ce n'est maintenant plus en syndicalistes qu'il faut parler aux fonds, mais en capitalistes.