BLOGUE. La nouvelle a fait un peu de bruit, en début de semaine. Les hauts-dirigeants d'Hydro-Québec ont reçu des bonis de performance de 20%. Scandale?
Le porte-parole de la CAQ, François Bonnardel, a notamment invité le gouvernement à intervenir pour éliminer les bonis accordés en raison des pertes enregistrées par Hydro dans le dossier Gentilly.
Pendant ce temps, d'autres estiment que 20% de bonis est une récompense élevée dans le contexte où la performance d'Hydro a été bonne, mais pas exceptionnelle en 2012.
Quelques observations.
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Les interrogations sont saines, mais on ne déchirerait pas sa chemise.
Sur la question de Gentilly, le conseil d'administration fait bien d'exclure les radiations prises et de conclure que les objectifs financiers d'Hydro ont été atteints. Gentilly est un élément exorbitant des activités courantes et les bonis visent à récompenser la performance sur les activités courantes. Les refuser en raison d'une échéance de vie de la centrale aurait été inéquitable.
Reste la question de la hauteur du bonus accordé.
Signalons au passage qu'Hydro-Québec aurait vraiment avantage à être plus précise dans la section de son rapport annuel où elle traite de la rémunération de ses hauts-dirigeants. Il nous a fallu quelques jours pour obtenir les explications nécessaires.
Les bonis à la haute direction sont accordés en fonction d'une série de critères, qui vont de la satisfaction de la clientèle, à la mise en service de projets majeurs, en passant par le contrôle des coûts et la continuité du service.
Thierry Vandal, le grand patron d'Hydro, a atteint les objectifs qui étaient les siens à hauteur de 96%, selon ce que l'on comprend des explications fournies.
Avant 2010, il aurait donc eu droit à 96% d'un boni représentant 30% de son salaire. La loi 100 est cependant venue plafonner la limite des bonis à 20% du salaire en 2010. Si bien que monsieur Vandal n'a eu droit qu'à 100% de 20%.
Vous trouvez que le calcul est trop permissif et que monsieur Vandal aurait notamment dû n'avoir droit qu'à 96% du 20%?
Parlons avec des chiffres concrets pour quelques instants. Monsieur Vandal a touché un salaire de base de 452 077$ et un bonus de 90 415$. Il a quelques autres gratifications pour l'automobile et les assurances, mais ne nous enfargeons pas. Total: 542 492$.
Pendant ce temps, un coup d'œil à la circulaire de la société d'énergie Boralex, dont le bénéfice d'exploitation atteint 100 M$ (BAIIA de 5,1 G$ chez Hydro) révèle qu'en 2011 le grand patron, Patrick Lemaire, a touché 364 500$ de salaire de base, 280 125$ en options et 410 000$ en incitatifs additionnels. Total: 1,05 M$.
Chez Enbridge, un repère dont la taille est plus comparable, Patrick Daniel a, la même année, touché une rémunération totalisant 6,7 M$.
Vous voyez la différence. Même avec le bonus, le salaire payé à monsieur Vandal est nettement inférieur à celui du marché.
Dans les circonstances, sans dire qu'il ne faut pas encadrer les primes de paramètres, il ne faut pas non plus exagérer leur rigidité.
Les autres bonis
Les autres bonis
La discussion est plus intéressante sur un autre front, celui des bonis accordés aux salariés d'Hydro.
Cogeco Nouvelles rapporte qu'encore cette année, les salariés d'Hydro auront droit à des « primes d'intéressement ».
Selon le réseau radiophonique, 13 000 employés toucheront à un supplément équivalent à 4,39% de leur salaire. Cela représente en moyenne 2530$ (sur la base d'un salaire de 30$ l'heure, à 37 heures par semaine). Quelque 4000 autres employés recevront un boni, mais celui-ci variera selon l'employé entre 0% et 4,39%.
Les critères de ces bonis n'ont jamais été très clairs.
De souvenir cependant, la majorité des salariés ont droit à 1,5% de leur salaire en bonus du simple fait de l'atteinte des objectifs financiers d'Hydro.
Il ne se trouve là aucun signal « d'intéressement ».
Et, contrairement aux conditions de rémunération de la haute-direction, celles des employés d'Hydro ne sont pas réputées être inférieures à celles des salariés des autres grandes entreprises.
C'est davantage sur ces primes que l'on devrait demander plus d'éclaircissements et, peut-être, augmenter l'effort demandé pour leur obtention.
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