BLOGUE. C'est avec surprise qu'on a appris lundi le congédiement du président d'Investissement Québec, Jacques Daoust. Un remerciement cavalier, qui permet de s'interroger sur la façon dont doivent s'opérer les changements de garde dans l'appareil étatique.
Il y a quelques années, le hasard nous avait un midi amené à partager la table d'un nouveau patron.
Haut placé dans une société sœur, il avait soudainement vu arriver de nouveaux propriétaires. De sa propre initiative, dès la première rencontre, il avait ainsi abordé la question:« Écoutez, je comprends que vous puissiez vouloir installer des gens en qui vous avez déjà confiance. Si vous souhaitez négocier une séparation, je serai raisonnable car je comprends fort bien la situation. »
Non seulement le patron n'allait pas avoir à négocier de prime de séparation, mais il allait être promu.
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L'approche nous était apparue être la meilleure à suivre. Elle permettait d'aborder lucidement et de façon honorable un processus qui n'est jamais plaisant pour personne.
Il est normal qu'un nouveau propriétaire cherche à mettre en place une direction qui partage sa vision. Il est déjà difficile de construire des choses dans un climat de confiance, ça peut vraiment devenir cauchemardesque lorsque la confiance n'y est pas.
On ne sait trop ce qui s'est dit entre monsieur Daoust et le Parti québécois, lors de l'arrivée au pouvoir du gouvernement.
La façon dont on met fin à son lien d'emploi envoie cependant le message d'une totale absence de civisme, causée par une précipitation désordonnée.
Monsieur Daoust est à la direction d'Investissement Québec depuis 2006. Personne ne s'est jamais véritablement élevé publiquement contre sa gestion, les rendements, où les interventions d'IQ. Il semble en outre avoir bien réussi l'intégration de la SGF.
Voilà que jeudi, après la nomination de trois nouveaux administrateurs à Investissement Québec (Éloïse Harvey de Mecfor, Dominique Bouchard de Rio Tinto, et Luc Dupont, ancien d'Atrium), le gouvernement lui demande de ne pas faire ses valises pour le Salon du Bourget parce qu'il est remercié. Six mois avant la fin de son contrat.
Une façon de faire difficilement défendable
Une façon de faire difficilement défendable
C'est le bureau de la première ministre qui a pris la décision de congédier monsieur Daoust. Sans que cette décision ne passe par le conseil d'administration. C'est un processus qui est fort difficile à défendre.
Bien que la Loi sur Investissement Québec soit muette sur un processus de destitution, elle est très claire sur le processus de nomination. C'est le conseil d'administration qui doit recommander au gouvernement la nomination d'un candidat. Par inférence, il devrait en être de même pour un renvoi.
L'actionnaire peut réclamer un changement de direction, mais c'est au conseil de se réunir et de déterminer s'il est approprié, dans les circonstances qui sont devant lui, de remplacer le président directeur général avant l'échéance de son contrat.
L'administration Marois veut modifier significativement le rôle d'Investissement Québec pour en faire la Banque du Québec, ce que lui refusent les partis d'opposition en menaçant de la renverser. On peut comprendre le gouvernement de tenter d'instaurer certaines des modifications de fonctionnement qu'il aimerait voir chez Investissement Québec en agissant uniquement par des actions à l'interne.
Mais l'opération sent une précipitation inappropriée et qui risque d'être néfaste. La rumeur envoie Mario Albert, un ancien sous-ministre adjoint aux finances, qui préside depuis l'an dernier l'Autorité des marchés financiers. Certains l'attaqueront sur le fait qu'il n'est pas banquier. Ce n'est pas majeur. Il était responsable des politiques budgétaires et économiques aux finances, ce qui le qualifie assez bien. Le problème est plutôt davantage que l'AMF en a présentement plein les bras avec le dossier de l'approbation des contrats des entreprises publiques. Ce n'est guère le moment de la faire prendre part à un jeu de chaises musicales.
Il y avait moyen de laisser aller monsieur Daoust au Salon du Bourget et de lui aménager après coup une sortie plus respectueuse. Tout en réfléchissant plus longuement à son remplacement. Le geste n'encourage certainement pas l'arrivée de solides compétences à la tête des sociétés d'État. Il risque plutôt de les décourager.
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