S'il faut en croire les dernières statistiques américaines concernant le marché immobilier, ce n'est pas demain que la construction repartira et que le prix du bois d'oeuvre se redressera. Pourtant, un supercycle pourrait bien se dessiner. Temps d'entrer dans le bois ?
Si vous êtes un acteur de l'industrie forestière et que vous voyez ces jours-ci les prix osciller autour de 235 à 240 $ US le mille pieds-planche (mpp), vous avez sans doute le moral dans les talons. Mis à part le creux historique de 2009 (150 $ US/mpp), les prix atteignent leur niveau plancher des 15 dernières années.
Pourtant, la valeur des terres à bois ne fléchit guère. Elle fait même grogner dans notre région (Les Etchemins) quelques producteurs forestiers qui voient leurs évaluations foncières grimper et leurs revenus, décliner.
Pourquoi ? Que peut bien déceler le marché pour tout de même pousser les valeurs à la hausse ?
Il y a sans doute dans notre région un phénomène d'attrait pour la campagne (chez les chasseurs, entre autres). Mais il pourrait bien y avoir aussi ceci : un certain nombre d'investisseurs semblent se positionner en vue d'un supercycle forestier.
Valeurs mobilières Desjardins et Raymond James sont du nombre des maisons qui croient que l'on pourrait assister à un redressement marqué des prix d'ici quelques années.
Tout comme Woodbridge Associates, dont le président, Peter Woodbridge, participait récemment à une conférence organisée par Desjardins.
D'où viendra le supercycle ?
D'où viendra le supercycle?
Dixit Woodbridge, une augmentation importante de la demande provenant des marchés américain et chinois, et de contraintes quant à l'augmentation des capacités de production.
Du côté de l'offre, la situation est la suivante:
- Les terres asiatiques ne réussissent pas à répondre à la demande chinoise depuis plusieurs années déjà, et ce, même s'il s'ajoute de la capacité. La volonté des Chinois de protéger plusieurs de leurs forêts permet de croire que les terres ne parviendront jamais à répondre à la demande.
- Le phénomène de protection du territoire s'accentue un peu partout sur la planète, et dans certains endroits, comme au Québec, les volumes de coupe autorisés sont réduits afin de préserver la ressource.
- Les règles de récolte sont aussi resserrées, ce qui fait augmenter les coûts.
- La Russie, importante source d'approvisionnement pour l'Asie, en est rendue à imposer une taxe à l'exportation de 25 % afin de préserver sa ressource.
- Le dendroctone du pin fait des ravages en Colombie-Britannique, et la menace pourrait s'aggraver. Les ravages de l'insecte se font déjà sentir sur la qualité du bois et sur la capacité des producteurs à maintenir le niveau des récoltes.
Pendant ce temps, pour ce qui est de la demande, le contexte chinois fait écarquiller les yeux.
Le McKinsey Global Institute estime que la population chinoise aura augmenté de 350 millions d'individus d'ici moins de 15 ans, une augmentation supérieure à celle de toute la population actuelle des États-Unis. Il faudra des habitations pour loger tout ce monde.
En parallèle, Woodbridge Associates prévoit qu'en 2016, la demande américaine devrait être revenue à son sommet de 2005.
Ces éléments feront en sorte que les usines nord-américaines fonctionneront à plein régime en 2014, prévoit Woodbridge.
La firme voit le prix du bois se redresser dès 2012 pour avoisiner les 340 à 350 $ US le mpp. Par la suite, prédit-elle, une offre limitée devrait pousser les prix vers les hauts sommets observés ces dernières années, c'est-à-dire vers les 400 à 450 $ US le mpp.
Temps de jouer les titres du secteur ?
Temps de jouer les titres du secteur?
Ce n'est malheureusement pas si évident.
À l'instar des terres à bois, plusieurs titres semblent bien évalués par rapport à la rentabilité actuelle des sociétés. Et, dans certains cas, comme celui de Canfor, même plus que bien évalués.
Beaucoup d'investisseurs semblent en fait se positionner en vue du super cycle. Danger. S'il faut en croire RBC Marchés des capitaux, les investisseurs du secteur sont généralement partisans d'une approche plutôt à court terme qu'à long terme.
Il ne serait donc pas étonnant que, d'ici quelques semaines, les valeurs redescendent à la suite de résultats financiers décevants. L'occasion d'entrer sur le marché pourrait être meilleure à ce moment.
Outre Canfor (CFP, 10,78 $), on peut mettre sur son écran radar : Interfor (IFP.A, 5,68 $), Norbord (NBD, 12,82 $), TimberWest (TWF.UN, 6,29 $) et West Fraser Timber (WFT, 50,79 $). Sino-Forest (TRE, 20,27 $) est un titre qu'aime particulièrement Raymond James en raison de ses plantations en Chine.
francois.pouliot@transcontinental.ca