Mais pourquoi donc ne pas avoir intégré toutes les promesses de la campagne électorale dans le budget? Leur absence fait en sorte que l'avenir apparaît financièrement plus rose qu'il ne l'est en réalité. Les surplus que l'on fait miroiter sont gonflés.
La question nous a turlupiné une bonne partie de la journée mardi, alors que l'on réfléchissait sur le dernier budget fédéral.
Étant donné le peu de temps laissé pour étudier le budget, la chose a échappé aux médias, mais le budget Flaherty omet d'intégrer nombre de promesses électorales de la dernière campagne.
Il y a pour plus de 150 M$ de promesses non incluses en 2012-13, près de 192 M$ l'année suivante, pas loin de 920 M$ en 2014-15 et pour 3,1 G$ en 2015-16.
Officiellement, le gouvernement prévoit que, si l'économie se comporte comme il l'anticipe, nous serons en surplus de 3,7 G$ en 2014-15 et de 8,2 G$ l'année suivante.
Total à retrancher des surplus si l'on tient compte des promesses cependant: 918 G$ pour 2014-15 et 3,1 G$ pour l'exercice suivant.
On reste quand même en surplus, direz-vous.
Certes, mais ne serait-il pas pertinent d'indiquer aux contribuables que 25% de ce surplus dans le premier cas et près de 40% du suivant sont en réalité déjà engagés?
La réponse de M. Flaherty
Le hasard faisant bien les choses, monsieur Flaherty était justement de passage à Montréal, mardi, au Forum économique international des Amériques.
-Pourquoi les promesses ne sont-elles pas dans le compte?, a-t-on demandé.
-Nos projections tiennent comptent de toutes les dépenses sur l'horizon budgétaire, a d'abord répondu le ministre, en ne semblant pas trop saisir.
Non, non. Vous promettez notamment pour près de 1 G$ en 2014-15 et 3,1 G$ en 2015-16 qui ne sont pas dans le budget. Pourquoi?
Le ministre a finalement admis que certaines promesses n'étaient pas incluses mais s'est dit confiant qu'elles seraient réalisées par les revenus qui seraient au rendez-vous.
-Et s'ils ne sont pas au rendez-vous?
Réponse du ministre:
-Ils le seront, mais on a promis que ces promesses ne seraient livrées que si l'on était en situation de surplus.
Dit autrement, s'il n'y a pas de surplus dans trois ans, les promesses électorales des conservateurs, dont 2,5 G$ concernent des allègements fiscaux pour la famille, ne seront pas honorées.
Ce n'est pas tout à fait ce qu'on avait compris en campagne électorale (on croyait les promesses certaines), mais la parole du ministre des finances est très certainement meilleure que notre mémoire.
Pourquoi ne pas avoir intégré les chiffres?
Pourquoi ne pas avoir intégré les chiffres?
À cette question, il n'y a malheureusement toujours pas de réponse.
Et personne ne sait toujours pourquoi. On s'est en fait demander si en cours de route les Conservateurs ne s'étaient pas mis à douter du coût de leurs promesses et n'avaient pas choisi de pousser l'ajustement à plus tard dans l'avenir. Histoire de gagner du temps et trouver des prétextes. Mais ce n'est que spéculation.
En attendant d'obtenir des éclaircissements, la manœuvre apparaît difficilement acceptable et n'est pas de nature à donner confiance dans la présentation que fait le gouvernement de l'état de ses finances.
Les promesses devront-elles être reniées?
On n'irait pas jusqu'à dire que ce sera le cas. Mais notre confiance est certainement moins forte que celle de monsieur Flaherty.
Certes, ses prévisions économiques sont légèrement moins fortes que le consensus du secteur privé sur la période budgétaire. Elles sont cependant toujours plus fortes que celles du Directeur parlementaire Kevin Page.
Sachant qu'il n'est pas dans l'habitude des banques de prédire à leurs clients que leurs affaires seront significativement moins bonnes, les prévisions de monsieur Page apparaissent plus "conservatrices".
Or, sur ces prévisions, il anticipe un déficit de 7,3 G$ pour 2015-16.
On verra bien.