On est presque tombé à la renverse, mercredi, en lisant une déclaration du maire de Montréal. Gérald Tremblay estime que 15G$ d'investissements par année sont nécessaires pour remettre à niveau le réseau routier québécois.
Pfff, c'est toute une commande. Pour donner un peu de perspective, le gouvernement du Québec, lui, prévoit investir 16,8G$... sur cinq ans!
La situation illustre bien combien est grande la confusion qui entoure actuellement les discussions sur l'état de nos routes.
De quoi parle-t-on exactement lorsqu'il s'agit de mise à niveau?
- De rendre le réseau sécuritaire de manière à assurer que rien ne puisse plus décrocher et que globalement la qualité du pavage se maintienne au niveau actuel?
-De s'assurer que plus rien ne décroche et d'améliorer globalement la qualité du pavage de nos routes?
-De s'assurer que plus rien ne décroche, d'améliorer globalement la qualité du pavage de nos routes, et d'améliorer la qualité de la circulation en diminuant les congestions et favorisant le transport en commun?
On le voit, dépendamment de ce dont on parle, le coût de la mise à niveau n'est pas le même.
À l'évidence, le maire Tremblay parle largement et inclut dans son évaluation de 15 G$ par année des projets tremplins tels que l'extension du métro de Montréal dans l'Est, l'ajout de voitures de desserte, la création de nouveaux stationnements pour le métro et l'instauration d'une navette ferroviaire avec l'aéroport Trudeau.
En ces temps où l'argent se fait rare, avant de parler des projets tremplins, il apparaît cependant préférable de voir s'il faudra en demander plus aux citoyens pour retaper le réseau routier.
De combien a-t-on besoin pour retaper le réseau?
De combien a-t-on besoin pour retaper le réseau?
Ce n'est pas simple, mais on a progressé depuis hier dans notre recherche du standard qu'a en vue le gouvernement.
En 2006, au lendemain de l'effondrement du viaduc de la Concorde, Québec évaluait que 53% de ses structures routières étaient en bon état. En comparaison, le même ratio aux États-Unis était à 76%.
Depuis cette date, nous sommes passés à près de 65%, selon ce que nous explique le ministre Hamad. Et l'objectif est de porter le ratio à 80% d'ici 2022, soit au-dessus de la performance américaine.
Oui, mais, dîtes-vous, nous faudra-t-il sortir de l'argent de nos poches pour en arriver là?
Les budgets du programme d'investissement dans les infrastructures du réseau routier sont prévus jusqu'en 2015. Étant donné les progrès récent, il n'est pas inconcevable qu'à ce moment on ait atteint le ratio des 70%. Sans avoir à rien sortir puisque tout est déjà dans les cartons budgétaires.
Pour la période 2015-2022, ça apparaît cependant un peu plus serré. On le disait hier, en 2015 le ratio dette/revenus du Québec sera passé de 261% à 268%. Dans le contexte où les autorités monétaires sont préoccupées par un ratio d'endettement des ménages à 147%, on comprend qu'il sera alors souhaitable pour le gouvernement de réduire la cadence de ses emprunts (en dollars constants) et de rembourser de la dette. On prévoit en tout cas déjà augmenter l'argent viré au Fonds des générations. Ce qui veut dire que c'est vers cet horizon que l'on pourrait devoir demander plus aux citoyens pour terminer la mise à niveau.
Combien de plus?
Ça non plus ce n'est pas simple, mais, à vue d'œil, comme le plan actuel prévoit pour près de 5 G$ sur cinq ans en résorption du déficit d'entretien, amélioration et remplacement, il ne serait pas surprenant que l'on parle de l'équivalent en dollars d'aujourd'hui d'environ 1 G$ par année. Si on veut en plus enlever les nids de poule de Montréal, qui dit manquer de 250 M$ par année pour répondre à ses besoins, c'est l'équivalent de quelque chose comme un point de TVQ.
Ça commencera à faire beaucoup d'argent demandé en plus aux contribuables, avec la deuxième hausse de TVQ qui s'en vient au 1er janvier et la hausse des tarifs d'électricités dont on ne parle pas trop, mais qui, à compter de 2014, devraient s'amener (315 M$ de recettes de plus la première année qui grimperont la suivante à 630 M$).
Et évidemment c'est s'il n'y a pas de dépenses surprises nécessaires, comme celle du pont Champlain, qui n'est pas dans le calcul, l'infrastructure étant fédérale.
Arrivons maintenant au financement des infrastructures tremplins (prolongement du métro, navette avec l'aéroport, etc.). Êtes-vous prêt à payer encore plus?