C'était une époque où chaque biscuit était compté et où les mathématiques appliquées se faisaient à partir des circulaires d'épiceries.
-Encore un p'tit plat chef Boyardee, mon Pouliot, et tes trois biscuits au chocolat!, avaient pour habitude de dire les colocs.
Pas question d'avoir de cellulaire, l'appareil en lui-même coûtait 2000$! Si les forfaits sans-fil d'aujourd'hui avaient été accessibles à l'époque, il est cependant probable que l'on en aurait eu un. La déréglementation des services téléphoniques n'était encore en effet qu'un projet en 1988 et le téléphone traditionnel était pas mal au prix des forfaits cellulaires de nos jours.
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Oui, comme tous les enfants gâtés d'aujourd'hui, il y avait une auto. Un Pontiac 2000 usagé, qui n'était pas sans accentuer le stress financier et ne laissait pas beaucoup de place à l'erreur dans le calcul des biscuits. Il eut mieux valu voyager à pied ou en transport en commun, mais l'objectif était malheureusement de devenir journaliste. Pour gagner l'argent permettant de payer les études, et surtout l'expérience permettant d'espérer pratiquer le métier, la job étudiante était celle-ci: reporter à l'hebdo régional La Voix du Sud. Impossible de couvrir Bellechasse et les Etchemins sans véhicule.
En 1992, au sortir du Barreau, le compte de banque était pratiquement vide. Mais l'objectif fixé était atteint: le déficit zéro sur quatre ans et aucune dette au moment d'entrer sur le marché du travail. Une bonne chose, avec la récession qui sévissait, particulièrement si du financement devenait nécessaire pour se lancer.
Ce que l'on pense de la hausse des frais de scolarité
À quelque chose comme 2 175$ par année actuellement, les frais de scolarité auront augmenté de 1 625$ dans cinq ans, pour s'établir à 3 800$. Ils seront encore 30% sous la moyenne nationale, mais le bond est quand même appréciable. À terme, ce sera plus de 6000$ d'endettement supplémentaire pour un programme de quatre ans.
Ce qu'on en pense?
Le débat actuel est pour le moins émotif, à preuve deux discussions que l'on a eu dans les dernières 24 heures au sujet de cette chronique, et où, chaque fois, l'esprit des interlocuteurs a commencé à s'échauffer: l'un pensant visiblement que l'on avait des atomes crochus avec la gogauche, l'autre, avec la drette.
Notre époque étudiante était celle du premier dégel. Il en coûtait 540$ par année lors de la première année (1988-89), 1240$ à la dernière. L'année suivante les frais allaient grimper à plus de 1600$.
Histoire d'avoir un peu plus de perspective, on s'est amusé à actualiser le tout avec la calculatrice inflationniste de la Banque du Canada. Si les frais de notre dernière année avaient été indexés au coût de la vie, ils seraient aujourd'hui à un peu plus de 1 800$. On l'a vu, ils sont plutôt à 2 175$.
C'est être plutôt mal placé pour faire la leçon aux étudiants et dire qu'ils devraient payer plus.
Pourtant c'est ce que l'on dira. À l'heure où les finances publiques tanguent, et où l'État est lui aussi à compter ses biscuits, chaque citoyen a l'obligation de se demander comment il peut aider et non comment il peut être aidé.
Le gel, et plus encore la gratuité, sont des options qui n'en sont pas.
De combien faut-il hausser?
De combien faut-il hausser?
Là est toute la question.
Les documents budgétaires 2011 permettent de constater qu'en 2008-09 (derniers chiffres disponibles), les dépenses globales des universités du Québec ont représenté 1,94% du PIB de la province ou 29 242$ par étudiant. Ailleurs au Canada, la moyenne est à 1,58% ou 28 735$ par étudiant. En Ontario, un autre intéressant repère, la dépense est à 26 383$ par étudiant.
Constat: le système universitaire québécois est peut-être sous-financé par rapport à ce que souhaiteraient les recteurs, mais il n'apparaît pas l'être par rapport à la moyenne canadienne et à notre voisine ontarienne.
Postulons maintenant que l'on ramène les dépenses universitaires québécoises au même niveau que la moyenne canadienne. Il est alors permis d'espérer dégager une économie annuelle de 75 M$ sur l'horizon 2016-2017 (1,5% des 4,9 G$ qui devraient alors être dépensés, selon Québec). Ramenée au repère ontarien, la récupération grimpe à… 474 M$.
L'effort actuellement demandé aux étudiants québécois est de 279 M$.
Serait-il vraiment déraisonnable de leur demander d'assumer une centaine de millions $ (le tiers de l'effort) et de compenser le reste par une révision du fonctionnement du système universitaire québécois?
Dans quelques années, les étudiants paieront pour ceux qui suivront. Tout comme on le fait aujourd'hui pour eux. Et que d'autres l'ont fait pour plusieurs d'entre nous.