Investir dans les titres de salons funéraires et de cimetières est-il du «dead money» ?
En cette période d'Halloween, l'idée nous est passée par l'esprit de jeter un coup d'oeil sur le secteur. «C'est un marché qui semble sûr, même en cas de récession. Après tout, comme le veut l'adage, à part l'impôt, il n'y a que le trépas comme certitude dans la vie. Et les boomers vieillissent...».
Sitôt venue, la pensée a cependant fait place au doute. «Oui, mais, il y a quelques années, beaucoup n'y ont-ils pas enterré leur pécule ?», s'est-on rappelé.
Coup d'oeil historique
Dans les années 1980 et 1990, l'industrie des arrangements funéraires et des cimetières a en effet connu une croissance intéressante en Bourse. Le secteur, rappelle le site Minyanville, d'où nous tirons les grandes lignes historiques, vit même à un moment arriver le Pauze Tombstone Fund, un fonds commun d'investissement spécialisé dans le créneau.
L'avenir était rempli de promesses. À cette époque aussi, la démographie était favorable. Le crédit entra dans la danse et on vit émerger des consolidateurs qui se mirent à acquérir des exploitants indépendants et à mettre en place des préarrangements funéraires.
Les titres montèrent et le crédit afflua d'avantage. Plus de crédit disponible pour les acquisitions entraîna comme chaque fois une hausse des prix de vente des exploitants indépendants. L'engrenage était installé. Le secteur enfla.
Il en fut ainsi, jusqu'à ce qu'un curieux phénomène se produise : un bras de fer entre Mathusalem et la Grande Faucheuse. Avec une victoire de Mathusalem. Soudainement, ceux qui devaient mourir restèrent en vie.
Grâce aux avancées de la science, l'espérance de vie progressa. Les taux de mortalité nécessaires à des sociétés endettées et aux cours boursiers porteurs d'espoir devinrent trop faibles.
Tout s'effondra. Service Corporation International, le leader de l'industrie, vit son cours reculer de 81 % dans l'année 1999. Sa concurrente, Carriage Services, perdit 74 % l'année suivante. Le Pauze Tombstone Fund passa l'arme à gauche.
Les années 2000 ont été une période de réparation de bilan, avec d'importants efforts de désendettement. Pendant plus de 10 ans, les cours de Service Corporation et Carriage Service n'ont pratiquement rien fait. Depuis 2012 toutefois, les choses ont évolué. Le titre du leader a plus que triplé, et celui de Carriage, plus que doublé.
Des titres intéressants ?
D'abord un rapide coup d'oeil sur les deux titres dont on vient de discuter. Un troisième suit, canadien celui-là.
Service Corporation (SCI, 21,75 $ US)
Les boomers ont peut-être gagné quelques années grâce aux avancées de la science, mais le passage vers l'au-delà n'en demeure pas moins incontournable. Le Census Bureau prévoit que le nombre de décès aux États-Unis devrait augmenter annuellement de 1 % par année et passer de 2,5 millions (en 2009) à 3,1 millions en 2025.
Ce n'est pas une croissance extraordinaire, mais c'est une avancée continue dont la faiblesse devrait permettre de contenir les excès des années 1980 et 1990.
L'engouement pour le titre provient de l'acquisition, au printemps 2013, de celui qui s'était hissé au deuxième rang des services funéraires et des cimetières : Stewart Enterprises.
Le nouveau groupe compte plus de 1 650 maisons funéraires et 515 cimetières. La stratégie est d'obtenir des synergies de ventes et de coûts. De ventes, en ajoutant des services à l'offre de Stewart. De coûts, en gagnant en pouvoir d'achat. La direction prévoit des synergies importantes qui devraient faire gonfler son bénéfice cette année, mais surtout l'an prochain.
Le titre offre un dividende de 1,5 %. Il se négocie à 17 fois le bénéfice de 2015 et à près de 16 fois celui de 2016.
Verdict : pas vraiment de quoi motiver une entrée à tombeau ouvert.
Carriage Services (CSV, 18,73 $ US)
Plus tentant celui-là. Le titre est à 14,8 fois le bénéfice attendu en 2014 et à seulement 12,5 fois celui de 2015. La direction est au milieu d'un plan stratégique de cinq ans sur l'horizon 2016. Elle est visiblement sur le sentier des acquisitions. La dernière conférence téléphonique était vraiment enthousiaste. Il n'y a cependant que deux analystes qui suivent le titre et on manque d'un peu d'éclairage sur ses niveaux d'endettement.
Verdict : une histoire à creuser.
Park Lawn (PLC, 12,02 $)
La seule société canadienne du secteur inscrite en Bourse. L'entreprise torontoise détient six cimetières, 50 % d'une douzaine de maisons funéraires dans l'ouest et l'est du pays et un crématorium. Financière Banque Nationale aime bien le titre. L'analyste Frédéric Tremblay a une cible à 15 $, en fonction d'une stratégie d'acquisitions importantes. À noter que le dividende donne aussi un rendement de plus de 3,5 %.
À une vingtaine de fois le bénéfice prévu en 2015, la valeur du titre semble cependant un peu élevée.
Verdict : une bonne partie de l'exécution de la stratégie d'acquisitions semble déjà comprise dans le cours. Le dividende devrait néanmoins soutenir l'action.
Sur le radar
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Source : Bloomberg