Le risque de contagion du ralentissement chinois garde les investisseurs sur les dents, tout comme la grande volatilité des marchés d’un jour à l’autre, tant pour les actions que le pétrole.
Le changement de régime de taux par la Fed, imminent selon certains stratèges, ou repoussé au printemps 2016, selon d’autres, est aussi un facteur qui freine l’ardeur habituelle des chasseurs d’aubaines, après un repli majeur.
Certains investisseurs craignent en effet que la Fed ne bouge trop vite et ne fasse entrer le loup dans la bergerie, la déflation, qui est si nuisible aux revenus et aux bénéfices des entreprises.
Le début d’un nouveau trimestre pour les pros le 1er septembre incite certains d’entre eux à recalibrer leurs portefeuilles, en revendant des titres et des indices qu’ils avaient peut-être acheté dans leurs emplettes de la dernière semaine du mois d’août, à temps pour embellir leurs résultats de ce mois.
Résultat: le Dow Jones et le S&P 500 flanchent de 3% mardi, tandis que le pétrole reperd 8,5%, après avoir explosé de 27% en trois séances,
Mettre fin au suspense
Qu'à cela ne tienne. Deux stratèges croient que la Fed devrait casser la glace et libérer les marchés d’un long suspense.
«Les investisseurs sont tannés de voir la Fed bouger comme une feuille au vent des marchés financiers», explique Martin Roberge, de Canaccord Genuity.
Une première hausse, dès le 17 septembre ou plus tard cet automne, servirait d’un vote de confiance dans les perspectives de l’économie et de l’inflation américaines.
«Le marché recherche de la certitude et le va-et-vient des prévisions concernant la première hausse est une distraction. La Fed peut justifier son geste grâce aux données sur la création d’emploi. Pour atténuer les craintes, cependant, la Fed devrait ramener la trajectoire future de ses taux plus près de celles du marché obligataire. Hausser ses taux rehausserait aussi sa crédibilité. Les investisseurs sont tannés de voir la Fed bouger comme une feuille au vent des marchés financiers», explique Martin Roberge, de Canaccord Genuity, en entrevue.
Une hausse peu menaçante
Une hausse peu menaçante
David Doyle, économiste chez Macquarie Research, croit aussi qu’une première hausse du taux directeur depuis 2006 serait éventuellement bien reçue par la Bourse, comme l’a été la fin du rachat des obligations en décembre 2013, après des mois de suspense.
La Fed devra toutefois répéter que la hausse du taux directeur sera graduelle parce que le potentiel de la croissance économique est ralenti par le vieillissement de la population et une modération de la productivité, deux facteurs qui persisteront.
M. Doyle prédit que ce cycle de normalisation des taux amènera le taux directeur à 2% d’ici la fin de 2017 au lieu du niveau de 4% qu’il avait à la fin de la dernière remontée des taux.
Dans ce scénario, les taux américains de 10 ans, qui servent d’étalon de mesure tant pour les hypothèques que pour l’évaluation des actions et des dividendes, passeraient de l’actuel 2,16% à 2,7%, d’ici la fin de 2017. Rien de si menaçant pour l’économie.
«Une fois que les marchés auront intégré le parcours très progressif des taux, l’appétit du risque devrait faire un retour», indique M. Doyle, en entrevue.