BLOGUE. L’appétit pour les revenus réguliers et les solutions de rechange aux rendements anémiques des obligations ne dérougit pas et l’industrie financière offre toujours de quoi rassasier les investisseurs.
Actuellement, les investisseurs soumettent en plus un nouveau problème à leur conseiller : ils veulent éviter des pertes dans les titres à revenu fixe causées par la hausse des taux, mais ne sont pas prêts à aller en Bourse.
Ils cherchent donc des titres à revenu fixe qui offrent soit un rendement supérieur à celui des obligations gouvernementales et qui présentent aussi une échéance plus courte, ce qui les rend moins sensibles à la hausse des taux.
La demande des investisseurs individuels est telle que Pat Chiafelo, analyste principal des fonds à la Financière Banque Nationale, publie un bulletin énumérant 14 fonds négociés en Bourse (FNB) qui investissent dans des obligations de sociétés, des titres à taux variable ou même des prêts aux entreprises.
Ces FNB, qui se négocient en Bourse comme des actions, prélèvent des frais annuels qui varient de 0,15 à 0,90 %.
Mise en garde
L’analyste émet toutefois une mise en garde pour que les investisseurs comprennent bien qu’en essayant de diminuer l’impact de la hausse des taux sur leurs obligations gouvernementales, ils s’exposent à des risques de crédit.
Le risque existe bel et bien que les émetteurs des obligations ou que les créanciers soient incapables de verser leurs intérêts et de rembourser leur capital, à l’échéance, ce qui n’est pas le cas des obligations des gouvernements.
La valeur marchande des obligations de sociétés varie aussi en fonction de la capacité financière des entreprises à honorer leurs obligations. Le taux de défaut sur les obligations de sociétés est actuellement très faible, sur une base historique, mais pourrait remonter un jour.
Deux nouveaux fonds
Deux nouveaux fonds
Sa mise en garde survient au moment où les courtiers offrent deux nouveaux produits de revenus aux investisseurs : le Canso Select Opportunities Fund et le ING High Income Floating Rate Fund.
Le premier fonds, qui contient des obligations de sociétés et des actions mondiales que le gestionnaire juge sous-évaluées, vise à verser une distribution annuelle de 5 %, versée à chaque mois.
Pour y arriver, le fonds devra générer des revenus d’intérêt, des dividendes et du gain en capital de 1,7 % par année pour atteindre la distribution prévue de 5 %, étant donné le rendement à l’échéance de 3,6 % des titres en portefeuille.
Le fonds peut aussi emprunter jusqu’à un maximum de 25 % de l’actif du fonds pour bonifier ses rendements.
Comme son nom l’indique, la distribution du ING High Income Floating Rate Fund n’est pas fixe, mais le fonds pense pouvoir distribuer 6,5 % par année, versé mensuellement en achetant des prêts bancaires aux entreprises de premier rang, dont le taux varie avec ceux du marché.
Cet ajustement se produit en général sur une base mensuelle ou trimestrielle basé sur le taux LIBOR, plus une marge, explique Adam Zoll, éditeur adjoint du site américain Morningstar.com. Un titre à taux variable tend à garder sa valeur si les taux augmentent.
Le document du fonds met évidemment de l’avant le savoir-faire de la banque ING qui gère 17 milliards de dollars américains de ce type de prêts.
Des frais élevés
Des frais élevés
Autre bémol, selon Dan Hallett, directeur de HighView Financial Group : les frais élevés.
Canso prélève des frais annuels de gestion 1 %, auquel il faut ajouter des taxes selon les provinces, plus un bonus de performance, .
Un investisseur qui achèterait des parts de ce fonds à l’émission devra aussi payer une commission de 3 % à son conseiller. C’est donc dire que pour un investissement de 1 000 $ par exemple, seulement 600 $ seraient investis, avant même le bonus de performance.
Le fonds ING exige des frais annuels de 1,25 %, auxquels s’ajoutent des frais de service de 0,4 %, pour un total de 1,65 %, plus les taxes.
« De tels frais commencent à ressembler à ceux des fonds communs d’actions traditionnels. Les fonds négociés en Bourse sont moins gourmands », dit-il.
De plus, si les taux n’augmentent pas autant ou aussi vite que prévu, le coût de la protection qu’offre de tels fonds n’en aura pas valu la chandelle, explique aussi M. Hallett.
L’investisseur doit donc faire ses devoirs et ne pas se laisser éblouir par les distributions, ni la réputation du gestionnaire, conclut M. Hallett.
« En raison de leur volatilité, les fonds de prêts bancaires représentent un mauvais choix pour les investisseurs axés sur les revenus fixes à la recherche d’une alternative plus stable que les actions », affirme M. Zoll.
Les deux plus gros fonds de prêts bancaires au Canada sont le Fonds de revenu à taux variable Manuvie et le Trimark Floating Rate Income.
Ces fonds font payer des frais annuels respectifs de 1,73 % et de 1,62 %, ce qui est comparable aux frais moyens de 1,62 % exigés par les fonds de la catégorie Revenu fixe à rendement élevé, mais beaucoup plus que les frais de gestion moyens de 1,29 % des fonds à revenu fixe canadiens.
M. Zoll suggère les fonds négociés en Bourse PowerShares Senior Loan-CAD-Hedged (Tor., BKL, 20,25 $) avec des frais de 0,90 % ou encore son pendant américain, le PowerShares Senior Loan Portfolio (NY, BKLN, 24,76 $ US), avec des frais de 0,66 %.
Pour les investisseurs intéressés à des titres à taux variable de qualité supérieure, une autre option est le iShares DEX Floating Rate Note Index (Tor., XFR, 20,13 $), avec de frais de 0,20 %.
« Les fonds à taux variable sont une option viable pour les investisseurs préoccupés par une hausse des taux. Mais soyez bien conscient que vous devez accepter des rendements réduits (dans le cas d’obligations à taux variable de qualité supérieure), une volatilité et un risque plus élevés associés au crédit (comme dans le cas des prêts bancaires). Des tels fonds ne sont donc pas un bon choix comme placement de base pour les revenus fixes », indique M. Zoll.