BLOGUE. Après un gain de 10 % au premier trimestre pour le S&P 500 et de 6,6 % pour l’indice de 45 pays MSCI Monde, les investisseurs mondiaux qui reviennent aux actions pourraient devenir plus tatillons au deuxième, prévoit Michael Hartnett, stratège en chef chez Bank of America Merrill Lynch.
Ils voudront s’assurer que l’économie américaine maintient sa cadence, que le coup de barre japonais fonctionne et que la Banque centrale européenne abaisse ses propres taux avant de mettre plus d’argent en Bourse, indique le stratège.
Le rendement des actions mondiales a dépassé celui de toutes les autres classes d’actif pour un deuxième trimestre d’affilée. Ce n’était pas arrivé depuis 2009, note Bloomberg.
En fait, logiquement la Bourse ne peut pas garder son élan actuel puisque ça vaudrait dire un gain annuel de 49,5 %.
« En d’autres mots, il faut s’attendre à des écueils. Quelque chose doit céder. Soit les efforts monétaires fonctionnent et l’Europe et la Chine rejoignent la reprise américaine et la relance japonaise ou bien ces efforts flanchent », fait valoir M. Hartnett.
Ce stratège surveille la valeur des titres immobiliers, des banques et des obligations pour voir si l’injection de liquidités des banques centrales continuent de fonctionner.
Tout mouvement ordonné de repli serait une occasion d’achat pour les investisseurs puisque les actions maintiennent leur avantage à long terme. Les obligations ont fini leur mouvement haussier, les denrées vivotent et les actions restent impopulaires, soutient M. Hartnett.
Le fait que les actions évoluent en bloc le moins depuis sept ans suggère aussi que les investisseurs délaissent lentement la mentalité de crise, cinq ans après son éclatement.
Sommets : pas un danger en soit
Sommets : pas un danger en soit
En soit, un début d’année en lion n’est pas un gage de cassure ensuite.
Le S&P 500 a connu 25 trimestres de gains de plus de 10 %, depuis 1963. Le trimestre suivant s’est soldé par des gains dans 21 des cas, note M. Hartnett.
Après un premier trimestre fort, le rendement médian du S&P 500 pour le reste de l’année est de 5,8 %, note pour sa part Bespoke Investment Group.
Le fait que 81 % des titres du S&P 500 américain se négocient aussi à 10 % ou moins de leur sommet annuel, n’est pas non plus un signal de danger, indique Pavilion Global Markets.
À chaque fois que les trois-quarts des titres du S&P 500 sont aussi près de leur sommet annuel, l’indice avait fléchi d’à peine 1,9 % en moyenne, trois mois plus tard.
« Les prises de profits sont aussi de courte durée. Dans 92 % des cas, le S&P 500 était à la hausse un an plus tard, de 8,7 % en moyenne », explique Pierre Lapointe, le stratège de Pavilion.
L’expérience récente suggère que lorsque les actions s’approchent en aussi grand nombre de sommets, les investisseurs « reprennent leur souffle ».
Avec un gain de 24 % en six mois pour le S&P 500, il serait normal de connaître une Bourse en dents de scie, pendant plusieurs semaines, le temps qu’elle prenne un second souffle, indique M. Lapointe.
Même s'il a retrouvé son sommet de 2007, le S&P 500 est plus attrayant qu'il y a cinq ans, note Savita Subramanian, stratège quantitatif de Bank of America Merrill Lynch, dans un rapport où elle renouvelle sa cible de 1600 pour le S&P 500 à la fin de 2013.
Par rapport au sommet de 2007, l'endettement des sociétés du S&P 500 a été réduit de moitié, les bénéfices sont de 13 % supérieurs et le rendement que procurent les dividendes est 0,3 % plus élevé.
Le S&P 500 est 10 % moins cher qu'en 2007, ajusté pour l'inflation et en fonction du multiple cours-bénéfices.
Le S&P 500 est aussi 17 % moins cher qu'en 2007, en fonction du multiple du bénéfice d'exploitation et 25 % moins cher en fonction de la valeur comptable.