Un cinquième des professionnels du secteur financier américain et britannique estiment qu’ils doivent accomplir un geste illégal ou non éthique pour réussir dans ce secteur.
Un quart de ces mêmes professionnels estiment que le secteur financier ne place pas les intérêts du client en premier. Cette proportion grimpe à 38% lorsqu’on considère que les réponses provenant des acteurs du secteur financier gagnant plus de 500 000$/année.
Un tiers (32%) de ces mêmes professionnels estiment que la structure de rémunération de leur entreprise pourrait les inciter à compromettre l’éthique ou à violer la loi.
« 1/4 employés de la finance sont prêts à utiliser des informations non publiques pour gagner 10M$ s'ils sont convaincus d'échapper à la loi »
Un tiers (33%) de ces mêmes répondants estiment que le secteur des services financiers n'a pas changé pour le mieux depuis la crise financière de 2008.
Un quart de ces mêmes répondants sont prêts à utiliser des informations non publique pour gagner 10M$ et plus, s’ils sont convaincus de ne pas se faire prendre. Les financiers plus jeunes -moins de 10 ans d’expérience - seraient plus ouverts aux glissements éthiques que les financiers plus âgés - plus de 20 ans d’expérience -. En effet, 38% des jeunes financiers succomberaient s’il n’y a pas de conséquence contre 14% pour les plus âgés.
Ces constats sont tirés de l’étude « The Street, the Bull and the Crisis : a survey of the US and the UK Financial Services Industry », d’Ann Tenbrunsel, University of Notre Dame, et Jordan Thomas de Labaton Sucharow LP. Ils ont interviewé 1223 professionnels de la finance de tous les niveaux hiérarchiques pour vérifier ce qui avait changé depuis la crise. Est-ce que la réglementation a porté ses fruits? Avions-nous raison de recommencer à avoir confiance?
«La cupidité n’est pas endémique au secteur financier. Elle n’est pas non plus nécessaire à son succès. Il faut attaquer le problème de tous les côtés à la fois pour éviter une nouvelle crise financière», estiment les auteurs.
Réglementer ne règle pas tout
Réglementer ne règle pas tout
Bonne nouvelle: 89% des répondants seraient prêts à signaler les manquements éthiques ou légaux qu’ils observent à condition d’avoir les mesures incitatives et la protection adéquate.
Mauvaise nouvelle: plus du tiers des répondants ignorent l’existence de ces mesures
Autre mauvaise nouvelle: 28% des répondants gagnant 500 000$ et plus ont signé des ententes de confidentialité avec leur employeur les empêchant de dévoiler ces manquements. Et d’une façon plus générale, 16% des employés de tous les niveaux ont aussi signé de telles ententes.
Autre mauvaise nouvelle: 17% des répondants sont convaincus qu’il y aurait des représailles contre eux s’ils dénonçaient des manquements éthiques ou légaux à la direction.
Très mauvaise nouvelle: ce sondage avait été mené en 2012. Plusieurs résultats récoltés en 2015 sont pires que ceux de 2012.
Par exemple, en 2012, 12% des répondants estimaient que leurs collègues avaient posé des gestes illégaux ou non éthiques pour gagner un avantage par rapport à la concurrence ou pour avancer dans l’entreprise. En 2105, cette proportion a doublé, près du quart des financiers estiment que leurs collègues ont posé des gestes non éthiques ou illégaux.
Le plus déprimant: plus les financiers sont jeunes, plus ils sont cyniques, 25% des jeunes financiers estiment que leurs collègues ont eu des glissements éthiques ou légaux alors que 20% des financiers plus âgés posent le même constat.
Comment éviter une nouvelle crise financière?
Les auteurs font deux recommandations :
1-éduquer les jeunes recrues, amorcer un dialogue intergénérationnel à propos des dommages collatéraux des glissements éthiques ;
2-que les employeurs rament dans le même sens que la réglementation. La SEC a voté des règlements qui protègent et récompensent ceux qui dénoncent les manquements légaux et éthiques. Ces règlements sont sérieusement affaiblis si les employeurs forcent leurs employés à signer des ententes de non-divulgation.
Les résultats de ce sondage me découragent et m’inquiètent. Mais ils devraient encore plus inquiéter les entreprises du secteur financier. Surtout si l’on considère que la relève semble moins préoccupée par l'éthique et la conformité que la génération précédente.
Et puis, je me dis que ce sondage a été réalisé auprès des employés du secteur financier américain et britannique. Chez nous, on aurait obtenu d'autres réponses, non?