Monsieur Gerald Storch,
le 6 janvier prochain vous amorcerez votre mandat de patron du groupe HBC (La Baie, Saks, Lord & Taylor, HBC numérique, Home Outfitters). Par quoi allez-vous commencer? Vous nous venez des États-Unis où vous avez dirigé Toy R US après avoir occupé plusieurs postes de direction chez Target. Là-bas, vous avez, entre autres, supervisé les activités en ligne. Tout comme chez Toy R US. Ça tombe bien parce que le commerce en ligne se porte plutôt bien chez HBC. Il génère 12% des revenus, soit 228M$. Et connaît une croissance de 73% chez La Baie et Saks.
« Aller à La Baie n’est pas une source de plaisir. Il n’y a pas de service, pas d’ordre, pas de magie. On y va que pour les rabais. »
En fait, si HBC se porte bien, c’est grâce à la croissance du commerce en ligne et aux ventes des boutiques Saks, acquises en 2013. Monsieur Storch, on tient peut-être quelque chose… Avant de travailler dans le secteur du commerce de détail, vous avez passé dix ans chez McKinsey. Vous avez certainement accompagné de nombreuses entreprises dans leur quête de croissance et de performance. Vous les avez probablement incitées à développer leur avantage concurrentiel. À trouver ce qui les distingue des autres. Tout comme vous les avez probablement incitées à aller à la rencontre de leurs clients, à comprendre leurs besoins et la façon dont ils les comblent.
Les consommateurs achètent en ligne parce que c’est pratique. Cette année, selon les prévisions PWC, la moitié des cadeaux que les Américains offriront seront achetés en ligne. C’est 5% de plus que l’an dernier. Pour ma part, 60% des cadeaux que j’offrirai à ceux que j’aime ont été achetés en ligne. Je sais que les détaillants tentent de ramener les gens comme moi en magasin. Par exemple, en offrant le service d’achat en ligne et de ramassage en boutique. D’ailleurs, votre président de conseil, Richard Baker, a annoncé que La Baie offrira ce service l’an prochain.
Pour ma part, j’estime qu’il y a deux raisons d’aller en magasin :-pour obtenir un article plus rapidement ;
-lorsque l’expérience est plus agréable qu’en ligne. La vendeuse, ou le vendeur, se montre aidant et compétent. La boutique offre une valeur ajoutée. Certaines, par exemple organisent des expositions. Ou alors elles ont un café sympathique qui permet de transformer le magasinage en une expérience sociale.
Bref, je vais en magasin quand j’ai plus de plaisir à m’y rendre qu’à acheter en ligne. Car, malgré son côté pratique, l’achat en ligne atteint une limite lorsqu’il est question de plaisir.
Aller à La Baie n’est pas une source de plaisir. Pas à Montréal, en tout cas. Peut-être en est-il autrement ailleurs au Canada. Malgré tout, il m’arrive d’acheter à La Baie. Je m’y rends pour une seule raison : les rabais. Il n’y a pas de service, pas d’ambiance, pas d’ordre, pas de magie, mais on trouve toujours des rabais. Alors, je prends mon courage à deux mains et je fonce. Je fouille parmi les montagnes de vêtements mal classés pour trouver la bonne grandeur. Quand j’y arrive, je paie et je quitte. Je ne m’attarde jamais. Je n’achète jamais plus que ce que j’avais prévu.
Des rabais, on en trouve partout, pas seulement à La Baie. C’est un avantage fragile. Je sais que Bonnie Brooks, qui a dirigé HBC de 2008 à 2013, a entrepris un vaste chantier de rénovation. Je sais qu’elle a largué de nombreuses marques dépassées pour ajouter des marques à la mode. Mais les trouver parmi le fouillis tient du miracle. J'ai rarement cette patience.
Monsieur Storch, allez-vous ramener le plaisir à La Baie? Parce que le plaisir de magasiner dans les boutiques « réelles », c’est tout ce qui peut m’arracher à mon écran.
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