BLOGUE La dette américaine affiche la réduction la plus rapide depuis 1950 ( telle que calculée en pourcentage de l’économie). En fait, la dette (publique et privée) américaine est en constante diminution depuis 12 trimestres.
La dette totale a chuté de 3,73 à 3,36 fois le produit intérieur brut américain.
Mais alors, où est le problème? C’est la dette publique qui s’alourdit. Pendant que Washington s’enfonce dans le rouge, les individus et les entreprises, eux, assainissent leur bilan.
Trois économistes de la Banque des règlements internationaux ( située à Bâle, en Suisse, c’est la “banque des banques centrales”. Elle sert de pivot pour les systèmes de transactions internationales et coordonne les relations entre les banques centrales) se sont penchés sur la question de la dette. Et, surtout, sur ses effets réels sur l’économie.
Première conclusion: l’endettement a des effets positifs sur l’économie. Plus encore, l’endettement est une source de croissance et de stabilité. Mais, trop c’est comme pas assez…
Au-delà d’un certain seuil, l’endettement devient un boulet. Il injecte de la volatilité dans le système, fragilise le système financier et ralentit la croissance.
La question: où se situe la frontière entre la bonne et la mauvaise dette? La voici, selon l’étude de Stephen Cecchetti, M.S.Mohanty et Fabrizio Zampolli:
- la dette des entreprises ( incluant les banques mais pas le reste du secteur financier) ne doit pas dépasser 90% du produit intérieur brut;
- la dette des particuliers ne doit pas dépasser 85% du produit intérieur brut
- la dette publique ne doit pas dépasser 85% du produit intérieur brut.
Qu’en est-il de ces indicateurs en ce moment?-La dette des entreprises ( sauf le secteur financier) a chuté de son sommet de 83% à 77%. Celle du secteur financier est passée de 123% à 89%, soit un point sous le seuil critique;
-la dette des ménages a connu un sommet à 98% du produit intérieur brut. Aujourd'hui, elle atteint 84%, un point sous le seuil critique;
-la dette publique, par contre, a emprunté le chemin inverse. De 56% du produit intérieur brut, elle est passée à 89%. C’est quatre points de plus que le seuil de confort établi les économistes de la Banque des règlements internationaux.
Pour fins de comparaison:
-en 2012, la dette publique canadienne s’élevait à 35% du produit intérieur brut. Le gouvernement Harper compte la ramener à 28,5% du produit intérieur brut en 2016-2017, soit le niveau pré-récession;
-en 2012, la dette publique québécoise atteint 54% du produit intérieur brut. Le niveau le plus élevé de toutes les provinces canadiennes. ( Oups… je viens d’ouvrir la porte à une flopée de commentaires ;-) )
Si je vous parle du niveau de la dette américaine aujourd'hui, c'est que j'ai de la suite dans les idées. Hier, j'ai écrit sur le concept de "growthsterity", évoqué dans le foulée du Sommet économique mondial d'Istanbul ( 4 au 7 juin derniers). La "growtsterity" combine des mesures d'austérité et de croissance pour éviter que l'économie stagne. Ce concept répond à la préoccupation d'un nombre croissant d'acteurs à propos des promesses non tenues de l'austérité. Dans cet esprit, il me semblait essentiel de regarder de plus près la situation de la dette de la plus importante économie de la planète.. Après tout, c'est en son nom que l'on a mis de l'avant les mesures d'austérité.
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