BLOGUE GE rapatrie sa production de réfrigérateurs aux États-Unis. Ceux-ci étaient fabriqués à Mexico, ils le seront désormais à Louiseville, au Kentucky. Il est question de 600 emplois pour un investissement total de 800M$.
Cette annonce a suscité des réactions variées.
Les méchantes langues disent que Jeff Immelt, pdg de GE, pose un geste symbolique mais sans impact réel car la production totale d’électro-ménagers ( incluant les réfrigérateurs) de GE représente à peine 5,7% des revenus et 2,1% des profits de GE. Jeff Immelt aurait procédé à cette annonce, dit-on, simplement parce qu’il siège au comité pour la création du président Obama.
Les autorités et les citoyens de Louiseville, eux, sont ravis, évidemment.
On serait tenté d’inscrire cette décision dans le mouvement général vers la “mondialidation inversée” soit le retour du secteur manufacturier en Amérique et en Europe. Les Affaires en a parlé dans son édition du 10 mars dernier. En Europe, on utilise l’expression “réindustrialiser” pour évoquer le retour des actvités manufacturières.. C’est un enjeu electoral. J'ai parlé du débat de la réindustrialisation dans cette chronique.
J’ignore les motivations profondes derrière cette décision de Jeff Immelt. En parcourant le compte-rendu de cette histoire sur Bloomberg mon attention est plutôt allée vers deux “détails”, les voici:-plus de 10 000 personnes ont posé leur candidature pour les 600 postes à combler dans le futur complexe manufacturier de GE à Louiseville;
-ces employés gagneront 13,03$/l’heure alors que leurs homologues recrutés avant 2005 gagnent 22$/l’heure.
Le taux de chômage atteint 8% au Kentucky. Cet État fait partie des 13 plus durement touchés par le chômage. D’où les concessions accordées par le syndicat de GE côté salaire. Observez bien où se produira la réindustrialisation des économies matures. Elle aura lieu chez les Chinois de l’Amérique et chez les Chinois de l’Europe.
Non, le retour du manufacturier dans les économies matures n'équivaut en rien à un retour à la situation pré-mondialisation. Il s'agit simplement de la mondialisation qui se poursuit: la production se déplace là où les coûts et les salaires sont les plus bas. Les États-Unis, le Mexique, la Chine, le Vietnam, peu importe. Le capital va où on le traite le mieux.
“La réindustrialisation ne surviendra que si l’on abaisse le coût du travail”, m’a récemment confié Christophe Chenut, dg de Lacoste. Il existe plusieurs façons d’abaisser le coût du travail, dont la réduction des taxes sur la masse salariale. On peut, aussi, réduire les salaires eux-mêmes. Comme monsieur Chenut l’a précisé, à mesure que le coût du travail augmente en Asie et que celui-ci diminue en Europe et en Amérique, nous finirons par nous rejoindre. Les entreprises ne se poseront alors plus de questions, il sera rentable d’avoir des usines en sol américain et européen.
Mais sera-t-il rentable d’y travailler?
Lire ma chronique précédente portant sur la performance de la Bourse sous un gouvernement de gauche et de droite.
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