BLOGUE. Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement chinois consacrera 25% de son budget à la création d’un filet social pour ses habitants. Jusqu’à présent, il en consacrait à peine 10%.
Le gouvernement de Péking compte, entre autres, offrir une forme d’assurance-santé à tous ses citoyens.
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Vous croyez rêver? Attendez la suite :
- la croissance de la Chine sera contrôlée, on vise 7,3% par année. L’an dernier, elle fut de 10,3%;
- on réduit les exportations, on apprécie la devise et on augmente les importations;
-on construira une station spatiale pour 2020;
- on construira des routes, des écoles et des maisons abordables dans les régions intérieures afin de combler le fossé entre ceux qui y habitent et les Chinois des régions côtières;
- on implantera des réformes politiques permettant davantage de concurrence pour les postes à combler au sein du Parti Communiste.
Bon, évidemment, on ne parle pas d’instaurer une démocratie multipartiste. Mais, il faut avouer que le 12ième Plan de développement économique et social (couvrant 2011/2015) a de quoi surprendre.« La Chine doit revoir sa façon de mesurer le développement, centrée jusque là sur la croissance du PIB, pour inclure des critères de développement durable », vient d’affirmer le premier ministre Wen Jiabao.
Le 12 ième plan est donc vert : moins de consommation d’énergie et moins d’énergie fossiles.
Ce plan de développement compte 17 stratégies dont une centrée uniquement sur l’énergie.
Des exemples de cibles :
Réduction de 16 % de la consommation d’énergie et de 17% des émissions de GES, par unité de PIB produite.
La Chine se fait vertueuse. Trop et trop vite? Peut-être.
Même le premier ministre Jiaboa l’avoue :
« Si nous n’arrivons pas à changer radicalement la façon de penser de nos fonctionnaires ainsi que leur façon d’évaluer la performance économique, il nous sera difficile d’atteindre nos cibles.Ce plan quinquennal est accueilli avec enthousiasme par de nombreux observateurs. Meilleure répartition de la croissance, de la richesse, meilleure protection des démunis, diminution de l’empreinte carbone… c’est un plan ambitieux.
La Chine souhaite demeurer en tête. Elle profite de la pagaille qui règne dans nombre d’États occidentaux pour avancer.
Tout cela est très futé. Les dirigeants chinois savent exactement quoi faire théoriquement. Leur plan de développement est un modèle d’équilibre, rien ni personne ne semble avoir été laissé au hasard.
Et pourtant quelque chose me chicote…
La semaine dernière Bo Xilai, le chef du Parti communiste de Chongquing city, l’une des deux villes locomotives de la Chine intérieure, a dénoncé l’obsession des jeunes Chinois envers l’Internet et autres formes de divertissements (?) et que cela leur ferait le plus grand bien "de les envoyer travailler dans des usines ou sur des fermes, comme ce fut fait pour des millions d’adolescents lors de la Révolution culturelle de 1966-76".
J'ai rencontré certains de ces adolescents, qui ont aujourd'hui la soixantaine, lors de mon séjour en Chine. Leur séjour forcé à la campagne fut un cauchemar. Ce retour à la terre ne visait rien de moins que de « casser » ces jeunes esprits en ébullition.
Évidemment, rien ne dit que tous les membres du Parti communiste pensent come Bo Xilai. Toutefois, ses réflexions illustrent le défi énorme qui attend le gouvernement chinois :
comment prendra-t-il ce virage économique complexe et sophistiqué, incluant des notions de développement durable, s’il n’accepte pas que ses citoyens s’émancipent et s’ouvrent sur le monde? Il a besoin d'eux pour y arriver, pas seulement de leurs bras.
Lire ici ma chronique précécente