BLOGUE. “J’en ai marre de parler de l’Europe. Je vais vous parler d’autres chose.” Le Canadien Dominic Barton, qui dirige McKinsey, la boîte de consultants la plus prestigieuse au monde, est en ville pour la Conférence de Montréal. Et il n’a pas envie de s'étendre sur la situation européenne. Il a plutôt envie de parler des tendances qui influenceront l’économie mondiale au cours de 20/30 prochaines années et de leur impact sur le capitalisme.
(Petite parenthèse: c’est fou comme on parle de capitalisme depuis la crise. Comme s’il venait de naître. Cela me fait penser à ces conjoints en crise qui, tout à coup, se mettent à parler en termes de trio plutôt que de duo. Il y a madame, monsieur et LE couple. Le couple devient une entité extérieure qui a son existence propre. Il semble qu’il en soit de même du capitalisme. C'est à croire qu'il existe par lui-même, complètement déconnecté du système et de ses acteurs,nous.)
Revenons aux tendances de Dominic Barton:
1-le rééquilibrage du monde: le déplacement du pouvoir et de la croissance de l’Occident vers l’Orient, l’entrée d’un milliard de personnes dans la classe moyenne, l’urbanisation accélérée ( 500 000 migrants convergent vers Shanghai chaque année), le déplacement de la croissance démographique ( il naît plus de bébés au Nigéria que dans toute l’Europe);
2-la technologie partout, tout le temps: “Je rencontre deux pdg par jour, histoire de demeurer en contact avec notre base de clients. Je leur demande régulièrement ce qui les préoccupent. La technologie se trouve systématiquement en haut de leur liste. Ils sont conscients que celle-ci évolue bien plus vite qu’eux et que leur entreprise.” Au début du 20ième siècle, la durée de vie moyenne des entreprise du S&P était de 90 ans. Aujourd’hui, elle est de 15 ans;
3-le grand “rebrassage” des prix: avec plus de consommateurs et une demande accrue pour les ressources d'importantes fluctuations de prix sont à prévoir;
4-le poids de la démographie: “Vous trouvez peut-être le sujet ennuyant, il n’en est pas moins pertinent. On l’observe même en Asie.” En Asie du nord, on compte 10 travailleurs pour un retraité. En 2020, ce ratio sera plutôt de trois pour un.
Et où s’en va le capitalisme?1-Il y a nécessité de migrer du souci de l’actionnaire à la prise en considération des parties prenantes. “Non pas par responsabilité sociale mais bien parce que prendre en considération les parties prenantes contribue à créer de la valeur pour l’actionnaire. Il est très difficile d’avoir une compagnie en santé dans une ville qui ne l’est pas.”
“Les tensions sociales en Europe et le chômage chez les jeunes me terrifient. L’inégalité a toujours existé. Mais on cesse de l’accepter lorsque la mobilité disparaît. Ce qui est le cas présentement.”
2-Il y a nécessité de développer une nouvelle génération de gestionnaires, des athlètes de triathlon aussi entraînés à la gestion des entreprises qu’à celle des gouvernement et de ONG. “Les pdg doivent comprendre la postule mentale des représentants de l’État autant que celle des dirigeants des ONG. Le même raisonnement s’applique d'ailleurs aux dirigeants des ONG.”
3-Il faut repeupler la bourse. “Trop d’entreprises ne vont pas en bourse ou s’en retirent pour déployer leurs stratégie d’affaires en paix. Cet exode doit cesser.”
Lire mes compte-rendus précédents de la Conférence de Montréal sur la nécessité d’une union bancaire européenne, l’impact des quotas féminins pour les CA, les causes possibles de la prochaine crise et le rôle que devrait jouer l’État dans une économie en transition.
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