BLOGUE – Facebook et Twitter, de même que le site du New York Times sont interdits en Chine depuis 2009. Pour des raisons de contrôle social. Cet interdit sera bientôt levé. Pour des raisons économiques.
En juillet dernier, le nouveau gouvernement de Li Keqiang a dévoilé que Pudong, le quartier des affaires de Shanghai, sera bientôt converti en partie une zone franche, sur un territoire de 28 km2 incluant un port ainsi qu’un aéroport international.
Cette zone franche (ou zone de libre-échange) vise à attirer les investissements et les investisseurs étrangers. Dès son élection, Li Keqiang a annoncé ses couleurs: sous sa direction, la Chine entamerait une série de réformes musclées pour ouvrir son économie aux dollars et à la concurrence étrangère. Et du coup, la rendre plus efficace.
Cette zone franche soulève la controverse. Derrière les portes closes, le ton a monté. Mais Li Keqiang a parlé plus fort. Non seulement Shanghai aura sa zone franche, mais ce n’est qu’un début. La zone franche ne couvre qu’une partie de Pudong. Un jour, elle pourrait bien inclure toute cette île artificielle située en face de la célèbre promenade « The Bund ». Plus encore, le PM chinois ambitionne d’établir d’autres zones franches à travers le pays.
Facebook décroche le gros lot. La zone franche de Shanghai marquera la fin de son purgatoire chinois. Li Keqiang est conscient que pour attirer les étrangers sur ce territoire, il ne peut leur interdire Facebook.
À l’annonce de cette nouvelle, les analystes de la planète se sont déchaînés. Ils voient déjà l’énorme potentiel de croissance de Facebook dans le marché chinois.
Mais il n’y a pas que Facebook qui décroche le gros lot grâce à cette décision. La plus importante ouverture aux investissements étrangers depuis l’entrée de la Chine à l’OMC, en 2001. La zone franche de Shanghai comporte 21 mesures. En voici quelques unes :-les banques étrangères pourront ouvrir des filiales ou des joint ventures ;
-levée de l’interdiction de 13 ans sur la vente de consoles vidéo Sony, Ninendo et Microsoft en Chine, à condition que celles-ci soient fabriquées dans la zone franche ;
-les sociétés étrangères offrant de l’assurance santé pourront s’installer dans la zone franche ;
-les sociétés de transports maritime étrangère pourront former des joint venture dans la zone franche, de même que les firmes offrant des services de recrutement et de ressources humaines et les agences de voyages (mais ces dernières ne pourront offrir des voyages à Taïwan);
-les sociétés de télécoms étrangères pourront postuler contre les sociétés dÉtat chinoises pour offrir les services Internet dans la zone franche.
En 1979, le gouvernement chinois a lancé le « capitalisme socialitste » avec la célèbre phrase « faites de l’argent, enrichissez-vous. Mais ne vous mêlez pas de politique ». Le pari était risqué. On ne peut pas ouvrir un pays au monde seulement au point de vue économique. Le reste suit inévitablement. Ce qui a forcé el gouvernement à intervenir de nombreuses fois pour mettre un couvercle sur les tensions sociales.
Aujourd’hui, les ambitions du nouveau gouvernement le poussent à ouvrir encore plus son économie aux étrangers. Et le prix à payer se nomme Facebook.
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