À quoi sert l’éducation ? Éric Schmidt, ex pdg devenu président de Google, estime qu’elle sert à « fournir des ressources aux entreprises ». Les ressources étant vous et moi, les employés. Hum… discutable. Je sais bien qu’on parle de « ressources humaines », mais je n’ai jamais aimé cette expression.
Je vous parle d’éducation car, ce matin, nous nous sommes penchés sur ce thème lors de la conférence mensuelle « Creative mornings ». Ces conférences, lancées en 2008, se tiennent dans une centaine de villes à travers le monde, dont Montréal depuis un an et Québec depuis quelques mois. Chaque mois, le même thème est discuté dans toutes les villes. Ça donne de très beaux moments. Je me souviens de l’une d’elles portant sur la liberté où le conférencier, Daniel Baylis avait défini celle-ci comme « la capacité à définir nos propres contraintes et apprendre à créer avec elles.»
« L'école n’enseigne pas les compétences les plus importantes. Ce qui m’a servi le plus comme entrepreneur? Le parascolaire d'improvisation.»
Pour parler d’éducation, les organisateurs ont invité Alexandre Taillefer. Un choix qui peut sembler curieux au premier coup d’œil. Le principal intéressé a avoué que c’était la première conférence qu’il donnait sur le sujet. Évidemment, les idées allaient un peu dans toutes les directions, c’est normal. De toutes façons, peu importe la conférence, on y va pour les idées furtives que l’on attrape au vol. Ce matin, j'en ai attrapé quelques unes.
Mais d’abord, parlons de l’entrée en matière fort juste de Francis Gosselin, associé chez f&co, une société de conseil en créativité et collaboration. Francis est un des organisateurs de Creative Mornings Montreal.
« Comment savoir ce qu’il faudra savoir et savoir-être dans vingt ans ? », tel est le défi de l’éducation résumé par Francis.
Alexandre Taillefer a pris la balle au bond. Ses idées peuvent être classées en trois groupes. Celles issues d’Alexandre-l’entrepreneur, d’Alexandre-le-contribuable et d’Alexandre-le-parent.
Alexandre-l’entrepreneur
La robotisation et le décrochage font très mauvais ménage. D’un côté, la robotisation fait disparaître une foule de métiers exigeant un niveau faible de spécialisation. De l’autre, on peine à faire baisser le taux de décrochage. Que fera cette armée de décrocheurs si les métiers peu spécialisés disparaissent les uns après les autres ? Il faut offrir une éducation qui permet de s’épanouir le plus tôt possible. Enseigner la confiance en soi, la persévérance, cultiver l’optimisme, la capacité à résoudre des problèmes, etc. « On n’enseigne pas les compétences les plus importantes. Savez-vous ce qui m’a servi le plus pour ma carrière d’entrepreneur ? Faire de l’improvisation. C’est ce qui m’a permis, fois après fois, de convaincre les gens que je pouvais leur livrer ce que je leur promettais… »
Il existe un lien entre éducation, bonheur et productivité. « On s’éduque pour être le plus heureux possible. Et plus on est heureux, plus on est productif. La société, et les entreprises, gagnent à ce que le système d’éducation développe des gens passionnés. » Ce qui nous ramène à la réflexion de Francis Gosselin sur la nécessité de former les étudiants à apprendre car, une fois diplômés, nous devons réapprendre constamment.
« On ne peut pas étatiser la formation continue. C’est une responsabilité individuelle. Par contre, l’école a comme rôle de développer la soif d’apprendre pour donner l’envie et le réflexe de se former par soi-même plus tard. »
Alexandre-le-contribuable
Le budget de la santé explose et pourtant on n’enseigne aucune notion de nutrition à l’école. Tout comme on limite le nombre d’heures consacrées au sport.
La plupart des écoles sont fermées le soir et les week-ends. Pourquoi ne rentabilise-t-on pas ces infrastructures publiques en les mettant davantage au service des citoyens? En faire un lieu central de la communauté.
Et si on transformait l’ex Hôtel-Dieu en la meilleure école publique du Québec?
Alexandre-le-parent
«L’État doit établir des programmes d’éducation et sortir des opérations. Il faut ramener l’éducation au niveau municipal. »
« Tous les adultes devraient passer quelques jours par année dans une école pour parler de ce qu’ils font, transmettre leurs valeurs, leur passion. Sans bénévoles, on ne s’en sortira pas. La tâche est trop colossale. Prenons le contrôle de nos écoles, de notre système d’éducation et, surtout, du bonheur de nos enfants. »
« Mon fils passe 55 heures par semaine devant son écran à jouer à World of Warcraft. L’éducation est en concurrence avec ça. Il faut faire de la télé une «arme de formation massive ». On sous-utilise la télé publique dans la démarche d’éducation. Les diffuseurs publics devraient mettre du plomb dans la tête de nos enfants et dans la nôtre. »
ME SUIVRE SUR TWITTER : diane_berard