Le panneau devait faire trois mètres de haut. Les pictogrammes illustrant le portefeuille, l'appareil photo, le chargeur, les lunettes fumées et le GPS étaient de la taille d’un gros four micro-ondes: «Non hai dimenticato niente? (Vous n'avez rien oublié?)» demandait le message, bien en évidence.
Je l’ai remarqué distraitement dans la hâte de rendre la voiture de location à la succursale de Hertz de l'aéroport de Rome. Mes vacances étaient sur le point de se terminer. Une heure plus tard, j'ai constaté que j’avais laissé mon portefeuille bien garni en euros dans la voiture, malgré l'avertissement qui m'a sauté au visage. Mes démarches subséquentes auprès de l’entreprise de location n’ont rien donné. Mes cartes, mon argent et leur contenant étaient définitivement perdus.
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Pour certains, la perte d’un portefeuille représente une catastrophe. Pour moi qui ai de l’expérience dans le domaine (ma carte de guichet porte le numéro 29 - comme dans «29e carte délivrée à mon nom»), il s’agit d’une source de tracas au même titre que de magasiner des pneus d’hiver: une perte de temps et d’argent.
Pourquoi je vous parle de ça déjà? Ah oui, ma carte de crédit! Durant mes vacances, j’ai dû faire un accroc à une règle élémentaire: j’ai dû recourir à des avances de fonds sur ma carte de crédit. Deux guichets automatiques sur trois refusaient ma carte de débit alors que j’avais besoin de liquidités pour payer la location des appartements.
Ce n'est pas recommandé de faire une avance de fonds, car à la différence d’un achat effectué avec sa carte de crédit, elle ne bénéficie pas d’une période de grâce de plus ou moins 20 jours. L’intérêt court dès le jour un et à un taux plus élevé (21,99% au lieu de 19,9% dans mon cas).
Mais j’avais un stratagème pour éviter les intérêts. Mon idée était d’effectuer le jour même, par internet, un transfert de fonds de mon compte bancaire vers celui de ma carte de crédit de manière à rembourser l’emprunt.
De retour à Montréal, je renouvelle mes cartes. Dans le processus, trois nouvelles cartes de débit sont émises. Une première (la numéro 27) lorsque je rapporte par téléphone la perte de mon portefeuille. Mais comme celle-ci prendra une semaine à me parvenir, je vais au comptoir de ma banque pour obtenir une carte temporaire (la numéro 28) qui ne fonctionne qu’avec la bande magnétique - elle n’a pas de puce. Et une troisième (la numéro 29) m’est automatiquement envoyée par la poste à la demande de la carte temporaire. Dès qu’une carte est utilisée, la précédente est annulée et inutilisable. Petit problème en vue, j’ai en main la numéro 28 avant la numéro 27. Lorsque cette dernière me parvient enfin, ignorant le fonctionnement, je détruis la temporaire. Mais voilà, ma nouvelle carte toute neuve ne fonctionne pas, l’ayant annulé en utilisant la carte temporaire, émise une journée après.
Comme en Italie, je me retrouve donc dans la situation où ma carte de guichet est inutile. Alors quoi ? J’utilise une nouvelle fois mon stratagème. Je demande une avance de fonds sur ma carte de crédit et me rembourse dans la minute avec l’aide de mon iPhone. Génial !
Génial ? Pas tant que ça finalement. J’ai dû payer des intérêts sur les avances de fonds effectuées en Italie et à Montréal. J’ai appelé au service à la clientèle de Visa pour savoir ce qui avait fait échouer ma brillante manoeuvre. L’employée m’a expliqué que pour faire cesser la course des intérêts sur les avances de fonds, il faut payer en entier le solde (incluant les achats) de la période de 28 jours du relevé. Par exemple, si j’avais effectué des achats pour 900 dollars et recouru à une avance de fonds de 100 dollars, il aurait fallu que je transferts 1000 dollars, et non 100, pour éviter de payer des intérêts. Si je ne paie que 100 dollars, le paiement est attribué au prorata: 10 dollars sont portés sur l'avance de fonds, 90 dollars sur les achats.
Cette aventure m’a appris certaines choses:
•Les banques et les émetteurs de cartes de crédit sont plus rusés que moi;
•Les intérêts sur une avance de fonds sont comptabilisés sur une base quotidienne. Voici la formule: le montant emprunté x le taux d’intérêt / 365 x le nombre de jours entre le moment de l’emprunt et celui du remboursement complet;
•Les intérêts ne sont pas composés quotidiennement. Autrement dit, vous ne payez pas d’intérêt sur les intérêts durant la période de 28 jours;
•Par contre, si vous ne remboursez pas le solde complet de votre carte à l’échéance, le solde et ses intérêts peuvent être capitalisés. Dans ce cas, vous paierez des intérêts sur ceux qui vous ont été chargés durant la période précédente, à moins que vous ne régliez le solde complet. Autrement dit, si vous trainez un solde sur votre carte de crédit, l’intérêt peut être composé mensuellement. Mais les règles diffèrent d'une carte à l'autre, vérifiez sur votre contrat.;
•Quand on chiale un peu, il est possible de se faire rembourser des intérêts. J’ai expliqué ma situation au service à la clientèle de l’émetteur de ma carte et on m'a remboursé les intérêts. Mais je paie rubis sur l’ongle le solde complet de ma carte chaque mois, ça doit aider.
En fait, je suis tellement un bon client qu'en plus de me soulager des intérêts, on m'a proposé de porter ma limite de crédit à 29 000 $ «pour me donner plus de souplesse»!
Euh ! Je suis assez souple. Merci !
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