L'été qui s'achève a été marqué par la géopolitique. Autant ce qui passe en Ukraine, en Iraq qu'en Palestine est inquiétant, pas seulement pour les investisseurs, mais pour tout le monde.
Ce n'est pas le lieu pour discuter de politique internationale, mais il n'en reste pas moins qu'après avoir ignoré les développements en Europe au début de 2014, les marchés se sont montrés de plus en plus frileux.
À titre d'investisseur, ce qui m'importe le plus, en dépit des manchettes négatives et des craintes géopolitiques, c'est de ne jamais oublier le portrait global. Or, en étudiant les éléments fondamentaux de ce portrait, je conclus que les perspectives boursières restent intéressantes à long terme.
Des bénéfices en croissance
Les taux d'intérêt qui restent très bas, autant aux États-Unis qu'au Canada, constituent le premier de ces éléments à considérer. Les obligations gouvernementales américaines offrent un rendement de 2,4 %, ce qui se compare au rendement en dividende d'environ 2 % du S&P 500 et de 2,3 % du Dow Jones.
L'obligation vous offre donc un rendement de 2,45 %, avec des possibilités faibles de gains en capital (si les taux baissent) et des risques assez élevés de pertes lorsque les taux monteront.
Par ailleurs, vous avez un rendement de 2 % avec le S&P 500, seulement en tenant compte du dividende. Et ce dernier continuera d'augmenter. Au deuxième trimestre, les dividendes ont progressé de 13 %. Si on considère que les sociétés ne versent que 33 % de leurs bénéfices, les perspectives de hausses sont excellentes.
Quant à l'épargnant américain, on lui offre en moyenne un rendement annuel de 0,78 % lorsqu'il achète un certificat de dépôt de cinq ans, selon Bankrate.com. Dans ce contexte, il est certain qu'une abondante quantité de capital se déplacera vers les actions au cours des prochaines années.
L'autre élément clé est la santé des entreprises et le contexte économique. D'une part, les sociétés ont dans l'ensemble des situations financières saines. L'endettement des entreprises est en hausse, mais l'encaisse aussi. D'autre part, les bénéfices s'accroissent, pas aussi vite que plusieurs le voudraient, mais ils croissent tout de même. Les analystes prévoient que les sociétés du S&P 500 réaliseront une croissance de leurs bénéfices de 11,8 % en 2014, après une hausse de 11 % l'an dernier. Pour 2015, la prévision est de 14 %.
Une évaluation raisonnable
Si je vous dis que les conditions fondamentales demeurent saines, votre prochaine question devrait être : «À quel point cela est-il intégré dans les marchés financiers ?» Ce qui peut se mesurer par l'évaluation des Bourses dans leur ensemble.
À cet égard, le contexte est moins favorable qu'il ne l'était il y a quelques années. En effet, le S&P 500 se vend à environ 16,7 fois les bénéfices de 2014 et à 15 fois ceux de l'an prochain. Au Canada, l'indice S&P/TSX se vend à approximativement 16,9 fois ses bénéfices de cette année et à 14,8 fois ceux de 2015.
C'est toutefois une évaluation fort raisonnable dans le contexte actuel des taux. De plus, on est loin d'un marché surévalué.
Je sais qu'on peut lire un peu partout des avertissements voulant que la Bourse soit surévaluée. C'est de la bouillie pour les chats. Pensez en investisseur un instant. On vous offre des actions à 16 fois les bénéfices, ce qui représente un rendement de plus de 6 % (119 $/2 000, ou le bénéfice prévu divisé par le niveau du S&P 500). À cela, ajoutez un dividende de 2 %, pour un rendement total d'environ 8 %. Comparez maintenant ce résultat aux autres placements potentiels, comme les titres à revenu fixe, et dites-moi quel est le meilleur ?
Je peux en fait vous prédire que bien des investisseurs se lanceront en Bourse, bien enthousiastes, lorsque les titres se vendront à 20 fois les profits et plus encore.
C'est le dernier point de mon portrait global : le climat émotif. En effet, je crains plus que tout l'euphorie, car lorsque celle-ci s'empare des marchés, l'irrationnel prend le dessus. C'est pourquoi il est si sain que les indices trébuchent de temps en temps, pour semer des craintes et diminuer les attentes.
Par exemple, le plus récent indice de confiance de l'Université du Michigan, à 79,2, est encore inférieur à sa moyenne à long terme, cinq ans après la fin de la récession.
Faibles risques d'une grave récession
Évidemment, lorsque je vous dresse ce portrait, loin de moi l'idée tellement saugrenue que je puisse en tirer une prévision à court terme de la Bourse. J'ai appris depuis longtemps que c'est impossible et du domaine des imbéciles.
Du jour au lendemain, un événement grave, fortuit, peut faire trembler les marchés. C'est imprévisible et il est inutile d'en perdre le sommeil.
Les possibilités d'une grave récession représentent le plus important facteur pour l'investisseur, à long terme. En raison des politiques monétaires fort accommodantes partout sur la planète et des économies roulant encore sous leur capacité, ce risque demeure peu élevé à ce stade du cycle économique.
L'autre grand risque est une relance significative des attentes inflationnistes qui pourrait forcer les banques centrales à hausser subitement leurs taux directeurs. À mon avis, nous en sommes encore loin, mais cela demeure dans le domaine du possible.
C'est à surveiller au cours des prochains mois. Toutefois, ces risques ne seront pas suffisants pour obscurcir les perspectives boursières à long terme.
Croissance des bénéfices
Indice S&P 500
2013 + 11 %
2014 + 11,8 %
2015¹ + 14 %
Évaluation de l'indice S&P 500
16,7 fois les bénéfices de 2014
15 fois les bénéfices de 2015
Rendement du dividende
S&P 500 1,9 %
Dow Jones 2,2 %
¹ Prévision Source : Bloomberg