En lisant le rapport annuel de Berkshire Hathaway, j'ai compris que cette dernière atteindrait une valeur de 1 000 milliards de dollars américains ; c'est une certitude, et je vais même vous dire quand...
Mais avant, je me dois de vous expliquer sur quoi repose ma confiance. Certes, la feuille de route de la société dirigée par Warren Buffett est exceptionnelle. Quand vous augmentez votre valeur comptable à un rythme annuel composé de 19,4 % pendant 50 ans, je pense que vous méritez ce qualificatif.
Par contre, M. Buffett a 84 ans, et son partenaire Charles Munger, à 91 ans, est encore plus près de la retraite. Nous sommes en droit de nous demander à quoi ressemblera Berkshire lorsque ces deux grands n'y seront plus.
Et c'est pourquoi le rapport de Berkshire de cette année est si précieux. En effet, comme c'est le 50e anniversaire de la prise du contrôle de Berkshire par MM. Buffett et Munger, exceptionnellement, chacun de leur côté, ils ont écrit leur version du voyage exceptionnel de Berkshire depuis 1965 et ce qu'ils anticipent pour les cinq prochaines décennies.
La société la plus solide du monde
Aucun de ces textes n'a été édité, ni M. Buffett ni M. Munger n'a donc changé un mot du message de son partenaire. Ce qui nous donne une occasion de comparer les visions de ces deux génies du monde des affaires, à la fois du passé et de leurs réalisations, et aussi, crucialement, de ce qui attend les actionnaires de Berkshire Hathaway dans les prochaines années.
Après avoir lu ces deux textes, je suis plus que jamais convaincu que Berkshire est la société la plus solide de la planète. De plus, ses perspectives après le départ de ses deux dirigeants actuels resteront très bonnes.
«Les entreprises de Berkshire ont un élan suffisant en raison de leurs énormes avantages concurrentiels durables, écrit Charles Munger. Cet élan et les occasions d'affaires sont si grands que Berkshire demeurerait presque sûrement une société au-delà de la moyenne pendant une longue période, même si 1) Warren Buffett partait demain, 2) ses successeurs étaient seulement de compétence moyenne, et 3) Berkshire ne faisait plus jamais d'acquisition importante.»
M. Munger de s'empresser d'ajouter que ces trois éléments sont faux : M. Buffett ne partira pas demain, ses successeurs seront certainement bien plus compétents que la moyenne, et avec plus de 60 G$ US d'encaisse, il est aussi certain que Berkshire réalisera plusieurs autres acquisitions majeures au cours des prochaines années.
De son côté, Warren Buffett mentionne que l'actionnaire patient de Berkshire a très peu de chances de subir une perte permanente, parce qu'«il est presque certain que notre valeur intrinsèque par action augmentera avec le temps. Chaque année, nous pourrons augmenter notre capacité bénéficiaire».
De plus, il estime que la probabilité que Berkshire vive des problèmes financiers est «essentiellement zéro».
Il ne s'agit pas des déclarations de deux dirigeants promoteurs axés sur un enthousiasme délirant. Au contraire, MM. Munger et Buffett sont les deux dirigeants les plus prudents et les plus modérés que je connaisse. Leur optimisme est fondé sur le fait que Berkshire possède une collection d'entreprises sans égales, menées par des dirigeants exceptionnels.
Vers les 1 000 milliards
C'est pour cela que je suis convaincu que ce n'est qu'une question de temps avant que la société atteigne une valeur boursière de 1 000 milliards de dollars. En fait, ce n'est pas si difficile d'estimer quand cela pourrait survenir.
Même si Berkshire a réussi à augmenter sa valeur comptable de 19,4 % par année depuis 1964, ce rythme est impossible à maintenir pendant les 50 prochaines années. Cette croissance a déjà commencé à ralentir. En effet, lors des 10 derniers exercices, l'avoir des actionnaires de Berkshire a augmenté de 10,45 % par an.
Je pense que 8 % par an est une prévision sensée. M. Buffett a lui-même souvent mentionné qu'il était convaincu de pouvoir mieux performer que le S&P 500 à long terme. Je suis d'accord. Comme le S&P 500 devrait procurer du 7 à 8 % par année, ma prévision de 8 % est réaliste.
Par ailleurs, dans son rapport, M. Buffett laisse entendre que les investisseurs qui achètent le titre, payant juste un peu plus que 1,2 fois sa valeur comptable sont pratiquement certains de faire de l'argent à long terme. Par contre, ceux qui paient 2,0 fois cette valeur devront s'armer de patience, selon le grand investisseur. Ce qui me fait dire qu'il croit qu'à deux fois sa valeur comptable, son titre est bien évalué.
Si je fais la moyenne de ces deux extrêmes, j'arrive à une valeur de 1,6 fois sa valeur comptable, soit 156 $ US par action B sur la base de sa valeur au 31 décembre 2014 (par coïncidence, c'est à peu près la valeur intrinsèque attribuée à la société par les analystes de Morningstar).
Ainsi, sur la base d'un accroissement annuel de 8 % de sa valeur comptable et en estimant que le titre se vendra à 1,6 fois cette valeur, Berkshire aura une valeur de 1 044 G$ US en 2028.
Et cela ne sera pas vraiment un plafond, mais une autre étape dans la vie de cette entreprise extraordinaire.
Bourse
Bénéfices : pas d'euphorie !
Malgré des vents contraires, les indices boursiers continuent d'atteindre des sommets historiques. Or, ce ne sont pas les résultats récents ni les perspectives à court terme qui expliquent l'enthousiasme des investisseurs. Jusqu'à maintenant, 80 % des sociétés du S&P 500 ont publié leurs résultats du quatrième trimestre 2014. Elles ont réalisé une progression de 6,5 % de leurs bénéfices, avec une hausse de 1,2 % des revenus. Selon Zacks Investment Survey, 69 % des sociétés ont surpassé les attentes sur le plan des bénéfices, et 56 % en ont fait autant en matière de revenus. On parle d'un trimestre potable, même si les résultats sont en baisse par rapport à la croissance des bénéfices de 6,9 % du troisième trimestre.