Depuis la crise de 2008-2009, les banques centrales du monde industrialisé jouent un rôle crucial. Leurs interventions robustes et massives, en particulier celles de la Réserve fédérale américaine (Fed), ont permis d'éviter l'écroulement du système économique, entre autres en redonnant confiance aux principaux intervenants économiques.
Par la suite, elles ont maintenu des politiques monétaires très accommodantes, permettant la reprise et la croissance économiques. À la base de ces politiques, il y a évidemment des taux d'intérêt directeurs historiquement très bas.
Ensuite, parmi leurs armes interventionnistes, les banques centrales ont choisi d'acheter des obligations, là encore pour exercer une pression à la baisse sur les taux à plus long terme.
La Banque centrale européenne vient de se lancer dans cette stratégie, imitant la Fed.
Jusqu'à maintenant, on ne peut pas dire que ces interventions soient des échecs. Mais du même souffle, on ne peut pas dire qu'elles ont été de grandes réussites.
Nous ne sommes pas en récession, certes, mais la croissance économique est loin d'être très forte, en particulier en Europe. En fait, elle est décevante partout, même aux États-Unis où l'économie se porte mieux.
Se poser des questions
Je me demande si on ne devrait pas commencer à se poser quelques questions concernant le rôle et la portée des banques centrales. D'abord, on devrait amorcer une réflexion sur les coûts et les impacts nocifs de ces politiques. En théorie, des taux très bas doivent favoriser les investissements et le développement économique.
Par contre, pour tous les investisseurs dont les revenus dépendent de titres comme les certificats de placement garanti, cette politique est nocive. En fait, pour le simple épargnant (à l'opposé d'une personne comme moi capable de réaliser des rendements financiers satisfaisants dans le contexte actuel à l'extérieur des titres à revenus fixes) les taux déprimés sont une catastrophe. Je ressens d'ailleurs un malaise en pensant que ces mêmes taux déprimés sont pratiquement une panacée pour tous ceux qui sont accros à la dette.
De plus, il ne faut pas se leurrer en se faisant croire que le coût du capital approche zéro, juste parce que les banques centrales interviennent. C'est une illusion dangereuse. Cela crée des distorsions importantes dans l'économie, favorisant l'industrie financière, dans son sens le plus large, au détriment de l'économie réelle.
Enfin, il faudrait se demander si on n'est pas devenu trop dépendant de la médication des banques centrales. En temps de crise et de récession grave, il est opportun d'utiliser massivement les leviers de la politique monétaire pour relancer l'économie. Mais cela devrait être vu comme un remède temporaire.
Réglementation, taxation, etc.
Une fois le calme et la reprise revenus, ce sont d'autres leviers qu'il faudrait encourager. Par exemple, peu importe que les taux d'intérêt soient à zéro, il est toujours aussi difficile de lancer une entreprise ici au Canada de même qu'aux États-Unis. C'est encore plus vrai en Europe.
Pourtant, il me semble que la création d'emplois durables passe par l'entrepreneuriat. Si les Américains s'en tirent mieux que nous, peut-être est-ce uniquement parce que les barrières au lancement de nouvelles sociétés sont moins élevées qu'ici ? Je pose la question, car si on observe des pays comme la Grèce, l'Italie et la France, on constate que ce sont des économies stagnantes, paralysées par une bureaucratie excessive et une réglementation écrasante.
Des taux déprimés n'y changent rien. C'est la même chose ici, à un degré moindre, comme c'est vrai aux États-Unis. Ce dernier pays, reconnu pour être proentreprise, vit lui aussi des ratés à cet égard. Imaginez que, l'an dernier, 470 000 entreprises ont fermé leurs portes, tandis que 400 000 ont été fondées. On n'a pas vu un tel écart en 35 ans.
À partir des années 1970, on créait en moyenne, bon an mal an, 100 000 entreprises de plus qu'on en fermait. Jusqu'en 2008, où cette tendance a été renversée.
Et depuis six ans, cette tendance est négative : il y a plus de fermetures que de sociétés créées.
Dans le grand pays du capitalisme et en période de croissance économique...
Il me semble que c'est le symptôme d'une économie malade. En fait, le problème n'est pas qu'il y ait des entreprises qui ferment et font faillite. C'est normal. La tragédie c'est qu'il y a de moins en moins de personnes qui lancent de nouvelles sociétés.
La solution facile
Réduire la bureaucratie et diminuer la réglementation, voilà une voie pour relancer l'économie. Mais on n'aborde jamais cette option, car on se fie au bâton omnipotent des banques centrales.
Et je ne parle pas de la taxation abusive et irrationnelle en vigueur à différents degrés et de différentes façons dans tous les pays industrialisés. Là encore, les États-Unis ne laissent pas leur place avec un des systèmes d'imposition des entreprises les plus contre-productifs.
Tous ces genres de mesures non monétaires ont des relents politiques, et vous comprenez maintenant pourquoi tout le monde se tourne vers les banques centrales. Parce que c'est la solution facile, personne n'ayant le courage de lancer des réformes politiques en profondeur.
Bourse
Ce que les meilleurs achètent
Les gestionnaires de nombreux fonds et sociétés ont publié leurs portefeuilles ces derniers jours, en date du 31 décembre. Et on observe un certain intérêt pour le secteur pétrolier. Commençons par Warren Buffett et ses acolytes chez Berkshire Hathaway (NY, BRK.B). Ses cogestionnaires ont augmenté leurs participations dans les sociétés pétrolières Suncor Energy (NY, SU) (+21 %) et Phillips 66 (NY, PSX) (+5,9 %). Ce n'est donc pas un désaveu complet pour le secteur. M. Buffett a par ailleurs augmenté sa participation dans IBM (NY, IBM) de 9,2 %, en achetant 6,5 millions d'actions durant le dernier trimestre de 2014.