Après une excellente année, qui en suivait une encore plus spectaculaire en fait, et dans le contexte d'un marché haussier qui dure depuis bientôt six ans, la décence, voire la simple logique, devraient nous pousser à prévoir une période moins faste.
C'est ce qu'une partie de moi considérait alors que je réfléchissais aux perspectives boursières pour l'an prochain.
Une manchette m'a toutefois ramené à la réalité : «La société Veolia Environment a demandé à la Bourse de New York de désinscrire ses actions de ce parquet, et sa radiation de la cotation au NYSE devrait être effective le 22 décembre. Veolia, établie à Paris et inscrite à cette Bourse, a expliqué que le retrait de la cote de New York lui permettrait de réaliser des économies».
Wow ! Imaginez : peut-on parler de sommet boursier ou d'exubérance lorsqu'une société d'une valeur boursière de 10 milliards de dollars américains cherche à économiser quelques milliers de dollars ?
Des conditions toujours favorables aux investisseurs
Car la réalité, en une phrase, c'est que toutes les conditions sont réunies pour que la hausse des marchés boursiers, amorcée en 2009, se poursuive. Regardons donc les éléments fondamentaux.
D'abord, l'économie américaine, coeur et moteur de l'économie mondiale, est saine, grâce à une croissance qui s'accélère. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a été révisé à la hausse, à un rythme annuel de 3,9 %. Cela devrait lui permettre de dépasser les 2,2 % de 2013, et probablement d'augmenter la cadence encore en 2015. Une croissance du PIB dans la fourchette de 3,2 % à 3,5 % est ainsi possible aux États-Unis en 2015.
Cette confiance s'appuie sur plusieurs éléments, comme le fait que malgré tout ce qui s'écrit sur les taux d'intérêt et la politique monétaire, les taux demeurent très bas. Ils ont même continué de baisser récemment, à cause de la dégringolade des prix pétroliers.
Au moment d'écrire ces lignes, les obligations gouvernementales américaines de 10 ans ont un rendement d'à peine 2,3 %. En passant, contre toute attente, le marché obligataire a connu une année exceptionnelle en 2014, ce qui est vraiment spécial à ce stade du cycle boursier.
Vous avez donc une économie en bonne santé et des consommateurs qui ont plus d'argent en poche en raison des taux déprimés. À cela s'ajoutent la création de nombreux emplois, la baisse des prix du pétrole, et des entreprises qui ont commencé à augmenter leurs investissements, parce que tout ce beau monde, dirigeants et foyers, manifeste une plus grande confiance.
Admettez qu'on pourrait avoir un scénario pas mal plus négatif.
Les investisseurs peuvent donc anticiper de bons bénéfices pour les sociétés en Bourse au cours des prochaines années. En 2015 par exemple, le consensus Standard & Poor's prévoit des bénéfices de 129 $ US pour les sociétés de l'indice S&P 500. Cela représente une croissance de plus de 9 % par rapport aux 118 $ US prévus pour 2014 (et les 107 $ US enregistrés en 2013).
Je reviens souvent sur ce genre de données fondamentales, pour la bonne raison que la Bourse suit les bénéfices des entreprises à long terme. Je sais, c'est simpliste, mais si souvent oublié et négligé.
Après une performance aussi extraordinaire, bien des gens ont une peur bleue de la Bourse. C'est vrai que les marchés boursiers ont généreusement récompensé les investisseurs depuis le creux de 2009, et que le S&P 500 a plus que triplé. Mais rares sont ceux qui savent ou considèrent que les bénéfices ont aussi pratiquement triplé pendant la même période. En effet, dans le creux de la récession, les sociétés du S&P 500 ont réalisé des bénéfices de 40 $ US.
À 2 066, l'indice S&P 500 se négocie actuellement à environ 16 fois ses bénéfices de 2015. Pour un investisseur, c'est une proposition intéressante, puisque des profits de 129 $ avec un indice à 2 066 représentent un rendement de 6,2 % (129/2066), sans compter le dividende d'un peu moins de 2 %. Ces 6,2 % se comparent au 2,3 % pour les obligations de 10 ans, sans oublier le fait que les bénéfices du S&P s'accroissent en moyenne de 6 % à 7 % par année à long terme.
Des nuances au Canada
Au Canada aussi les perspectives restent bonnes selon moi, mais le portrait est plus nuancé. En effet, les déboires des secteurs liés aux ressources, avec le pétrole en vedette récemment, nuiront tant à notre économie qu'aux bénéfices de l'indice S&P/TSX. De plus, les investisseurs internationaux auront tendance à éviter notre Bourse (sur une base relative) au profit des États-Unis.
Toutefois, comme les risques de récession en 2015 demeurent relativement faibles au Canada comme aux États-Unis (plus faibles encore dans ce dernier cas), vous ne devriez pas bouder complètement notre marché, mais plutôt faire preuve de sélectivité.
Quant aux marchés internationaux, aidés par la croissance économique, là aussi les nouvelles devraient être bonnes en 2015. En raison d'une absence d'euphorie, même si la confiance en la Bourse et en une évaluation correcte est plus grande qu'il y a trois ans, les actions ont toutes les chances de procurer les meilleurs rendements dans les trois prochaines années.
Les risques associés à ce scénario favorable se retrouvent dans les considérations économiques (la poursuite de la croissance sans récession et aussi sans emballement). Ces risques sont également géopolitiques, et des pays comme la Russie, l'Iran et la Chine sont à suivre de près.
Enfin, je vous souhaite une année 2015 prospère et heureuse et un très joyeux Noël.
Merci de me lire. Sincèrement.
129 $ US - En 2015, le consensus Standard & Poor’s prévoit des bénéfices de 129 $ US pour les sociétés de l’indice S&P 500. Cela représente une croissance de plus de 9 % par rapport aux 118 $ US prévus cette année (et les 107 $ US enregistrés en 2013).