BLOGUE, NEW YORK. Est-ce que la tablette Surface de Microsoft, lancée aujourd'hui, a des chances de percer le marché? Une chance, oui.
Ceci dit, les amateurs de film La Cloche et l'Idiot (Dumb and Dumber) savent qu' « avoir une chance » n'est pas synonyme de succès. J'estime que les probabilités que la Surface grignote des parts de marché significatives à l'iPad sont plus élevées que celles de voir le personnage incarné par Jim Carey séduire la belle Mary Swanson, mais on est encore loin de la coupe aux lèvres.
Commençons par les points forts.
Au point de vue fonctionnel, la tablette Surface est très bien conçue. Ses couvertures de protection « Touch Cover » et « Type Cover », qui se doublent en clavier, sont bien conçues. Elles sont minces (surtout la version « Touch ») et remplacent étonnamment bien un clavier. J'ai eu la chance de l'essayer jeudi, lors d'un événement de lancement organisé à New York, et j'ai été impressionné.
Les boutons de la version Touch ne s'enfoncent pas, mais ne fonctionnent pas non plus qu'au toucher. Cela vous permet d'y reposer vos dix doigts sans frapper. Il suffit d'appuyer légèrement pour que le geste soit reconnu. Il y a certainement une petite période d'adaptation à traverser avant de trouver ses repères et ne plus avoir besoin de regarder le clavier, mais rien de tragique.
L'appareil est solide et résiste aux chocs. Panos Panay, le directeur général de l'équipe de développement que l'on a fait monter sur scène pour présenter la Surface jeudi, a même pris la peine d'en laisser tomber une sur scène pour en faire la démonstration. Parenthèse : ne cherchez plus, Microsoft a trouvé son "Steve Jobs" sur scène. M. Panay est un peu surexcité, comme les meilleurs vendeurs d'infopubs, mais il est efficace.)
Dans le plus menu, notons la qualité de l'écran, la présence d'un port USB, celle d'un pied pour le faire tenir debout et le positionnement de la caméra arrière pour tenir compte de l'angle de ce pied.
Mais, surtout, parlons du système d'exploitation, Windows RT.
Au fur et à mesure des progrès réalisés par les concurrents, notamment Samsung, au niveau matériel, l'avantage dont peut disposer Apple au niveau compétitif se résume de plus en plus à une seule chose, mais une chose très importante : l'écosystème. Le nombre d'applications disponibles pour la plateforme iOS (iPhone, iPod Touch, iPad) est inégalé. En achetant un iPad, puisque l'on parle de tablettes, vous avez l'avantage d'être certain que si une nouvelle application devient incontournable, elle sera disponible sur votre appareil.
Qu'en est-il maintenant de la Surface? Grâce à Windows RT, il faut s'attendre à ce que le nombre d'applications disponibles devienne rapidement intéressant. Selon la représentante que j'ai pu interroger sur place, toutes les applications qui seront mises en vente sur le nouveau Windows Store afin d'être utilisables sur Windows 8 pourront AUSSI être utilisées sur la Surface avec Windows RT.
Et puisque Windows 8 dispose lui aussi d'une interface tactile, les apps s'adapteront parfaitement à la Surface. Un gros changement par rapport aux applications pour les anciens Tablet PC, souvent à peine utilisables tant elles avaient été pensées en fonction d'un clavier et d'une souris.
Le tout sans oublier ceux qui voudraient vraiment utiliser une application bureautique, un clavier et une souris. Ce sera possible.
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Pas tout bon
Ceci dit, Microsoft n'a quand même pas tout bon.
D'abord, ses spécifications techniques et ses fonctionnalités matérielles ont beau être intéressantes, la Surface devancerait tout juste un carré de tuile dans un concours de « sex-appeal ». Sa forme très carrée et ses matériaux très ordinaires ne laissent pas la même impression que certaines rivales.
Et on a beau imaginer que les applications vont suivre, elles n'y sont pas vraiment encore. Microsoft a beau vanter que son Windows Store est celui qui compte le plus d'applications à son premier jour d'existence, il s'agit d'une réussite pour le moins modeste. C'est le contraire qui aurait été surprenant, avec le temps.
Les premières critiques ont fait état d'autres défauts, notamment d'applications qui plantaient fréquemment. Attendons les versions finales de ces apps avant de juger.
En résumé, la tablette Surface est définitivement attrayante. Il ne reste qu'à voir si Microsoft réussira à bien la mettre en marché.
Notre journaliste s'est rendu à New York à l'invitation de Microsoft.