Par la force du nombre, les baby-boomers ont alimenté toutes les tendances de la consommation depuis leur entrée sur le marché du travail. Leur arrivée progressive dans l'âge d'or profite à de nouveaux acteurs de l'économie, tandis que d'autres sont forcés de se réinventer. D'autant que les baby-boomers ne sont pas aussi prévisibles que certains l'imaginaient.
Banlieusards au pouce vert, les voilà devenus à la fois urbains et villégiateurs, voyageurs exotiques et fins gourmets, préoccupés par leur santé, en quête de la jeunesse éternelle. Ils ont fait grandir les banlieues pour élever leurs enfants et, il y a quelques années, ils ont commencé à migrer vers les villes-centres dans des condos ou à repeupler les campagnes, surtout en bordure des lacs et des cours d'eau.
Il y a huit ans naissait le Salon chalets et maisons de campagne à Montréal. Celui-ci est destiné à une clientèle essentiellement composée de baby-boomers qui rêvent de se la couler douce à la retraite. Les habitations au bord des lacs ne riment plus avec modestie, mais avec prestige. Et si, après quelques années de grande effervescence, le marché immobilier a un peu ralenti dans les Laurentides et dans les Cantons-de-l'Est, les prix restent à la hausse. Tremblant a eu de beaux jours grâce aux Américains. Aujourd'hui, c'est au tour de Charlevoix, une région portée par le développement du Massif à Petite-Rivière-Saint-François. Les acheteurs sont essentiellement québécois.
L'entreprise Pro-Fab, de Saint-Apollinaire, surfe sur la vague des chalets avec sa série villégiature, qui croît de 10 % à 20 % par année, selon le directeur des ventes Martin Tremblay.
«Je pense que c'est une vague qui va durer encore sept, huit ans, jusqu'en 2020, dit M. Tremblay. Les baby-boomers sont nombreux, ils ont des moyens financiers élevés et beaucoup vont à la retraite assez tôt dans leur vie.»
Spécialisée dans les maisons préfabriquées, Pro-Fab a vu dans les chalets une belle occasion de diversifier ses activités. L'entreprise s'est notamment associée au promoteur du Domaine de la Martine à Petite-Rivière-Saint-François pour construire de luxueux et spacieux chalets contemporains avec vue sur le fleuve.
«C'est un secteur de villégiature très prisé par les baby-boomers. Et puis, les maisons de campagne constituent un bel investissement immobilier. Les gens peuvent les louer pour payer l'hypothèque, et leur investissement prend de la valeur en même temps», note M. Tremblay.
Selon le type de maison, les revenus de location oscillent entre 20 000 $ et 55 000 $ par année, selon Daniel Guay de l'agence de location Hébergement Charlevoix.
«L'hiver est devenu la haute saison maintenant dans la région, et c'est une saison plus longue que l'été. C'est clairement grâce au Massif de Charlevoix, car auparavant, il y avait très peu de clients chez nous, l'hiver», remarque M. Guay.
D'autres secteurs d'activité sont favorisés par le vieillissement des baby-boomers. Les vendeurs de roulottes et de caravanes motorisées font de bonnes affaires, la croissance devrait se maintenir à environ 5 % par année d'ici 2018, selon IBISWorld. Les clubs de gym ne misent plus que sur la jeunesse : 25 % de la clientèle a 55 ans et plus ; les boomers veulent vivre en santé et avoir l'air jeune. La chasse aux rides fait aussi grimper le recours à la chirurgie esthétique, un secteur qui a connu une croissance de 10 % en 2012, laquelle devrait être similaire cette année, selon l'International Master Course on Aging Skin (IMCAS).