Rebâtir l'économie à force d'infrastructures


Édition du 26 Mars 2016

Rebâtir l'économie à force d'infrastructures


Édition du 26 Mars 2016

Dans les faits, le budget que le ministre québécois des Finances, Carlos Leitão, a présenté le 17 mars est plus intéressant que ce qu'on en a dit sur bien des tribunes.

Disons d'abord qu'il parvient à équilibrer les revenus et les dépenses, au prix, il est vrai, de contorsions parfois douloureuses. Au pays, seule la Colombie-Britannique réalisera pareil exploit cette année. En même temps, le ministre Leitão reconnaît candidement que l'économie du Québec en sera réduite à une croissance laborieuse au cours des prochaines années. Celle-ci sera en moyenne de 1,5 %, donc inférieure à ce qu'on anticipe pour l'ensemble du pays.

Il annonce même un déclin de la création d'emplois au cours des prochaines années, qui devrait passer de 37 000 en 2015 à 29 000 en 2017. Compte tenu de la stagnation, voire de la baisse de la population en âge de travailler au Québec (statistiquement, les 15 à 64 ans), ces prévisions sont malheureusement réalistes. L'ancien ministre péquiste des Finances et maintenant critique en la matière, Nicolas Marceau, n'a cependant pas raté l'occasion de souligner que l'objectif libéral de créer 250 000 emplois en cinq ans «était porté disparu».

Le Plan économique du Québec (ainsi nommé) nous en met quand même plein la vue, ne serait-ce que parce qu'il est rempli de déclarations d'intention et d'engagements solennels, quoique les ressources allouées soient souvent modestes.

Il y avait cependant un éléphant dans la pièce, ce 17 mars au Centre des congrès de Québec, où nous étions enfermés pour prendre connaissance du budget. Je ne fais pas allusion ici aux spectaculaires accusations qu'a déposées l'Unité permanente anticorruption (UPAC) le même jour. Je pense plutôt au fait qu'on a très peu traité du financement des gigantesques investissements à venir en matière d'infrastructures. Dans les volumineux documents qui détaillent les mesures budgétaires, il fallait dénicher le chapitre qui fait le point sur les transferts fédéraux, manifestement à risque de baisser si on ne modifie pas le mode de calcul. Attendez-vous à une reprise des discussions sur le «déséquilibre fiscal».

Néanmoins, Québec fait valoir son intention de consacrer aux infrastructures quatre fois plus de fonds qu'Ottawa en proportion de son économie : 88,7 milliards de dollars sur 10 ans, comparativement à 125 G$ pour le fédéral, et ce, pour l'ensemble du pays (notez que ce numéro est allé sous presse avant la présentation du budget fédéral). Ce montant de 125 G$ a été avancé plusieurs fois par le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, et c'est celui que reprend l'énoncé budgétaire du Québec.

Or, ces prochains investissements en infrastructures sont perçus comme le coup de fouet qui pourrait redynamiser l'économie canadienne.

En tout cas, c'est ce qu'on espère du côté de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), qui cite des projets de l'ordre de 14 G$ en attente, du transport en commun à la réfection des conduites d'eau. «On imagine que le financement de Québec pourrait s'arrimer à celui d'Ottawa. C'est parfait, pourvu que tout se passe rondement et que les deux gouvernements s'entendent pour aller de l'avant», me disait ce 17 mars Suzanne Roy, présidente de l'UMQ et mairesse de Sainte-Julie.

Des assouplissements pour les PME

En tout cas, le milieu des PME a trouvé matière à réconfort dans ce budget.

Le gouvernement reconnaît notamment que le transfert des entreprises familiales à des proches a besoin d'encouragement ; il accorde un allègement fiscal aux vendeurs. Parallèlement, il donne un appui supplémentaire aux PME innovatrices qui visent des marchés extérieurs.

L'innovation se trouve également au coeur d'autres dispositions bien accueillies par l'Association québécoise des technologies (AQT), comme cette intention de favoriser l'intégration et la commercialisation des technologies de l'information et des communications dans notre économie. La stratégie numérique du gouvernement bénéficie également de fonds supplémentaires pour aider les entreprises à s'engager dans cette voie. On espère aussi, à l'AQT, que se réalisent à cet égard des partenariats gagnant-gagnant entre les PME technologiques et les grands donneurs d'ordres.

Mais ce sont les assouplissements fiscaux qui ont le plus retenu l'attention.

Ainsi, Québec entreprend d'abaisser le taux des cotisations des PME au Fonds de service de santé, qui prend la forme d'une taxe sur la masse salariale. L'adoucissement commence cette année et, à terme, en 2021, cette taxe sera inférieure de 50 % pour les entreprises des secteurs manufacturier et primaire, et de 25 % pour les autres.

Par ailleurs, Québec rectifie en partie le tir quant à la hausse radicale de taxes infligée dans le précédent budget aux petites entreprises qui ne comptent pas plus de trois employés permanents. Pourront échapper à cette majoration celles qui cumulent 5 500 heures travaillées par année. C'est le cas, par exemple, de bien des entreprises saisonnières qui engagent beaucoup de personnes pour quelques mois, mais qui n'ont pas trois employés permanents toute l'année.

À la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, ces initiatives ont été qualifiées de «progrès notables». Mais on demeure aux aguets, selon la vice-présidente principale, Martine Hébert, qui souhaite ardemment que le gouvernement «ne revienne pas passer la gratte fiscale»... et ne recommence pas à puiser davantage dans les coffres des PME.

De mon blogue lesaffaires.com/rene-vezina

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