Le pouvoir gris en renfort des PME


Édition du 22 Octobre 2016

Le pouvoir gris en renfort des PME


Édition du 22 Octobre 2016

[Photo : 123RF/chiosea]

Marie-Claire a 61 ans. Avant de partir à la retraite, elle était soudeuse chez le constructeur de camions Paccar, de Sainte-Thérèse. Sauf qu'elle n'est plus vraiment retraitée. Elle travaille maintenant quelques jours par semaine à L'Ardoisière, une PME de Prévost, près de Saint-Jérôme.

Elle n'est pas la seule dans son cas.

Sur 10 employés, L'Ardoisière en compte 8 qui ont la soixantaine, ou tout près. Un choix délibéré, selon Jean-Luc Lemaire, qui y est directeur du développement des affaires. «Ce sont des personnes d'expérience, disponibles, fiables et responsables», dit-il. Et la porte est ouverte à d'autres, d'autant plus que L'Ardoisière est toujours en quête de personnel, comme en témoigne l'affiche «On embauche», placée devant ses bureaux, boulevard du Curé-Labelle.

Au dernier décompte, le taux de chômage n'était plus que de 6,9 % au Québec, le plus bas niveau depuis 2008, juste avant la récession. De plus, avec une avalanche de départs à la retraite, le Québec commence à être à court de bras et de cerveaux.

Dans ce contexte, pourquoi ne pas faire appel aux personnes retraitées qui peuvent envisager une deuxième carrière quand les conditions de travail leur conviennent ? Les travailleurs dits «expérimentés», qui se retrouvaient autrefois dans l'embarras s'ils perdaient leur emploi à 55 ans ou plus, sont appelés à être de plus en plus courtisés. Avec raison.

On a compris chez Rona, par exemple, que les clients appréciaient les conseils avisés d'anciens ouvriers de la construction qui connaissent bien les outils et les matériaux. D'autres entreprises ont constaté qu'il y avait là une «mine d'or», jadis inexploitée, selon l'expression de Jean-Luc Lemaire.

Une deuxième carrière

Le cadre de L'Ardoisière sait de quoi il en retourne pour être lui-même passé par là et avoir vécu les affres d'une mise à pied. Expert dans une firme de recherche de cadres, il perd soudainement son emploi à 55 ans. Ses efforts pour trouver un nouveau boulot ne mènent à rien. Il finit par s'adresser à Midi-Quarante, un organisme à but non lucratif de Laval qui aide les gens de 40 ans et plus à retrouver un emploi.

On lui fait passer des tests, et on lui dit qu'il ferait bien de regarder du côté de PME qui auraient besoin de renfort au sein de leur direction. Or, il connaît déjà le propriétaire de L'Ardoisière et décide de le joindre pour lui proposer ses services. L'offre tombe pile : la petite entreprise cherche à se déployer en diversifiant ses produits et son réseau de partenaires. Jean-Luc Lemaire est embauché.

L'Ardoisière oeuvre dans un créneau particulier. C'est l'un des rares fabricants québécois de produits d'ardoise, qui vont dans son cas du paillis pour les aménagements paysagés aux grands comptoirs de cuisine taillés sur mesure, en passant par des tuiles et carreaux de toutes sortes. La petite usine où on prépare les pièces est établie à Prévost, mais la mine d'ardoise est située tout près d'Halifax, en Nouvelle-Écosse. Les pierres qu'on en tire sont livrées régulièrement par camion.

Jean-Luc Lemaire en parle avec enthousiasme. Il y a trouvé une deuxième carrière. Du même coup, il s'est rendu compte qu'on peut ravoir une vie agréable après un revers de fortune. «Plus de 80 % des personnes qui viennent nous voir retrouvent une situation professionnelle de qualité, pas juste un petit boulot de misère», précise André Hétu, directeur général de Midi- Quarante. «Mais trop souvent, les personnes mises à pied perdent espoir de se replacer et se découragent dès le début.»

S'adapter aux besoins des 55 ans et plus

Murielle Lafond est conseillère pour les services aux entreprises chez LavalQualifié.com, une division de Midi-Quarante qui fait le pont entre les employeurs et les candidats potentiels. Elle en a vu, des personnes en détresse qui ont perdu un emploi de rêve dans une grande entreprise, qui ont dépassé le mitan de leur vie, mais qui voudraient tellement en retrouver un du même genre...

«Souvent, le bonheur n'est pas de revenir dans le même milieu, mais de se faire valoir dans une plus petite entreprise qui saura reconnaître notre apport», souligne Mme Lafond.

Oui, mais encore faut-il que les patrons de PME soient réceptifs à l'idée. Ces gens avec une bonne feuille de route vont-ils coûter trop cher ? Ça dépend. S'ils peuvent travailler près de chez eux en s'épargnant des heures de déplacement, si on leur offre des horaires adaptés à leurs besoins, si on leur fait confiance... Beaucoup vont en sortir gagnants. Encore faut-il leur ouvrir la porte.

«La gestion de ressources humaines doit alors être plus souple. Mais imaginez ce que vous gagnez en qualité et en expérience», affirme André Hétu.

Ce dernier est au coeur de la mêlée. Voit-il une évolution dans la perception de l'employabilité des gens de 55 ans et plus ?

«Oui, les employeurs montrent une plus grande ouverture. Il n'y a pas si longtemps, il ne leur venait pas à l'esprit que des personnes de 55 ans et plus puissent s'adapter et faire le travail. Nous constatons le changement.»

En tout cas, à L'Ardoisière, on se réjouit de l'arrivée de Jean-Luc Lemaire, qui à son tour, se réjouit, de l'arrivée de travailleurs expérimentés au sein de l'équipe...

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