Ces communautés religieuses qui sont aussi activistes climatiques

Publié le 19/04/2018 à 08:47

Ces communautés religieuses qui sont aussi activistes climatiques

Publié le 19/04/2018 à 08:47

Par Diane Bérard

La Congrégation de Notre-Dame et les Capucins, tous deux actionnaires de TransCanada PipeLines, demandent à l'entreprise de présenter sa stratégie de gestion du risque climatique. (Crédit; TransCanada PipeLines)

Le 27 avril prochain, les actionnaires de TransCanada PipeLines, réunit à Calgary, se prononceront sur une proposition présentée par deux actionnaires québécois: les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame et les Capucins (La Procure Saint-François-d’Assise).

Cette proposition marque un moment important pour le secteur énergétique canadien. Ce billet explique pourquoi.

D’abord, voici la proposition (voir le document du 12 mars aux pages 113-114).

«TransCanada fournira de l’information sur la façon dont la société évalue les risques et les occasions à long terme dans le contexte du changement climatique et de la transition actuelle vers une économie à faibles émissions de carbone. Cette information devrait comprendre une analyse de la résilience du modèle d’entreprise de TransCanada dans différents scénarios et pourrait comprendre une analyse de réchauffement de 2 degrés C. Cette information devrait être fournie à coût raisonnable, ne devrait pas comporter de renseignements exclusifs et devrait être publiée avant l’assemblée annuelle de la société en 2019. »

Cette proposition sera présentée par François Meloche, directeur de l’engagement actionnarial chez Aequo.

La société montréalaise Aequo est une spécialise de l’engagement actionnarial. Elle amorce et entretient le dialogue avec les sociétés à capital ouvert au nom des actionnaires qui lui en donnent le mandat. Ceux-ci veulent s’assurer que la direction gère l’entreprise en fonction de leurs intérêts et de leurs valeurs. C’est un exercice qui exige à la fois de la diplomatie et de la fermeté.

En 2008, TransCanada PipeLines a entamé un dialogue régulier avec son actionnaire québécois Bâtirente, où travaillait François Meloche. La société d’infrastructures énergétiques poursuit ce dialogue avec Aequo depuis 2006.

Comment cette proposition a-t-elle cheminé des communautés religieuses québécoises jusqu’à l’assemblée générale du 27 avril prochain?

La proposition a d’abord été soumise au CA de TransCanada PipeLines.

Celui-ci a accepté de la présenter aux actionnaires en assemblée annuelle.

Plus encore, le CA recommande aux actionnaires de voter en faveur de cette proposition qui réclame que TransCanada dévoile comment elle compte adapter son modèle d’affaires au risque climatique et à la transition énergétique. Vise-t-elle une décroissance contrôlée, soit une augmentation de son efficacité et de ses profits, et non de ses projets, le plus longtemps possible? Le transporteur énergétique croit-il que son avenir demeure dans les hydrocarbures? Une diversification est-elle en vue? La direction a-t-elle envisagé les risques liés à un resserrement de la réglementation?

Pourquoi cette proposition est importante?

1- Il est rare qu’un conseil d’administration recommande de voter en faveur d’une proposition soumise par un actionnaire externe à l’entreprise, explique François Meloche.

2- Peu de sociétés canadiennes du secteur de l’énergie ont jusqu’ici réalisé ce type d’analyses alors que plusieurs entreprises pétrolières des États-Unis et de l’Europe en ont rendu publiques au cours de la dernière année.

Voyons deux cas différents

Sous la pression actionnariale, la  Canadienne Suncor a publié l’an dernier son premier rapport sur la transition énergétique. «Ce rapport n’est pas parfait, commente Jean-Philippe Renaut, dg d’Aequo. Il manque de détails. Mais c’est un premier pas important. Suncor affirme que si le gouvernement canadien resserre la réglementation, son modèle d’affaires est résilient.» Le rapport de Suncor analyse trois scénarios, dont un, le plus ambitieux au niveau climatique, entraînerait une radiation d’une certaine partie des réserves qui ne serait pas en mesure d’être exploitée.

Le rapport de l'Américaine Exxon, pour sa part, affirme que le scénario 2 degrés (un alignement aux objectifs de l’Accord de Paris, qui implique notamment une réglementation climatique plus contraignante, un prix supérieur pour les émissions de carbone ainsi qu’une réduction de la demande en énergies fossiles) ne se réalisera pas, que nous n’assisterons pas à une baisse de la demande d’hydrocarbures et, par conséquent, qu’Exxon ne subira aucune hausse de ses coûts d’exploitation.

3- TransCanada PipeLines est un transporteur, pas un producteur. Elle ne prend pas les décisions, elle les subit. Personne n’aime commenter les affaires des autres, surtout de ses clients. Mais le transporteur n’a pas le choix. Dans ce rapport, il devra se mouiller. Y aura-t-il encore une clientèle pour remplir ses tuyaux dans trente ans?

«Cette société possède des milliers de kilomètres de pipeline, souligne Jean-Philippe Renaut. On ne peut pas en convertir l’usage comme on ajuste celui du rail.»

Les rapports de Suncor et d’Exxon offrent deux réponses fort différentes à la même question. Où celui de TransCanada Pipelines se situera-t-il sur le spectre?

Une chose est certaine, on salue l’initiative de la Congrégation de Notre-Dame et des Capucins. Et l’ouverture du CA à y répondre. Il y a des questions qu’il vaut mieux poser tôt que tard.

 

 

 

 

 

 

 

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