C2 Montréal: les 8 principes de gestion du directeur de Paris-Match

Publié le 23/05/2016 à 21:22, mis à jour le 24/05/2016 à 17:09

C2 Montréal: les 8 principes de gestion du directeur de Paris-Match

Publié le 23/05/2016 à 21:22, mis à jour le 24/05/2016 à 17:09

Par Diane Bérard

Photo: 123RF

Connaissez-vous un produit très populaire pour lequel les consommateurs ne veulent pourtant pas payer?

L’information.

Nous n’avons jamais consommé autant d’information. «En moyenne, nous passons 27 heures par jour les yeux rivés à un écran.» C’est le phénomène des doubles et triples écrans simultanés. Mais la valeur marchande de l’information n’a jamais été aussi faible.

J’ai discuté de ce paradoxe avec Olivier Royant, directeur de la rédaction d’une publication iconique qui traverse les âges, Paris-Match. Il est à Montréal cette semaine pour participer à la conférence C2 Montréal.

Nous avons parlé de l’industrie des médias, bien sûr. Mais j’ai rapidement compris qu’Olivier Royant est un gestionnaire d’exception. Ses principes de gestion s’appliquent bien au-delà de son secteur. Son regard est empreint de réalisme et d’humilité. Ses actions affichent une combativité et une détermination inébranlables. Je partage donc ses réflexions avec tous ceux qui pilotent ou s’apprêtent à piloter une transition. Et je la dédie à tous ceux qui doivent y survivre.

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8 principes de gestion du directeur de Paris-Match

1-On ne peut pas faire payer un produit que l’on a donné

«Pendant 15 ans, les grands groupes[de presse] ont mis gratuitement sur Internet les contenus qu’ils payaient pour produire. Aujourd’hui, ils installent des murs payants pour compenser. C’est trop tard, ça ne fonctionne pas.»

2-Inutile de s’acharner dans un océan rouge, il faut partir à la recherche d’un océan bleu

Si on n’arrive plus à faire payer les consommateurs, il faut trouver quelqu’un d’autre pour absorber nos coûts.

Dans le cas qui nous intéresse, ce sont les annonceurs. Mais les temps ont changé. La plupart des annonceurs ont leur propre plateforme de contenu. Et les modèles de contenus hybrides se sont multipliés. Plus besoin de payer pour avoir de la pub!

Paris-Match a choisi de s’éloigner du carnage, de quitter l’océan rouge pour trouver un océan bleu. L’océan rouge, c’est celui où se trouvent tous les concurrents. Il est vaste, mais surpeuplé. L’océan bleu est à découvrir. ll faut partir à sa recherche, investir. Et lorsqu’on le découvre, il est généralement petit, mais rempli de promesses. «Depuis deux ans, nous avons complètement déplacé notre cible d’annonceurs. Au lieu de brader nos pages publicitaires, nous avons monté en gamme. Nous avions surtout des automobiles. Aujourd’hui, c’est le luxe, en particulier l’horlogerie», explique Oliver Royant. La plupart des océans bleus finissent par devenir rouges. Mais il faut parfois un certain temps.

3-Une transition se fait sur les deux pieds

«Le papier n’est pas mort. En fait, il se porte bien mieux qu’on ne l’avait prédit. Si bien qu’on doit déplacer des ressources vers le numérique tout en continuant ce que l’on fait déjà.» On a, à tort, considéré le papier et le numérique comme deux stratégies concurrentes. La seconde devant marquer la fin de la première. Elles sont complémentaires, constate-t-il. «Chaque matin, nous posons la question de la temporalité: cette histoire sera-t-elle mieux servie sur le Web ou dans le papier?»

4-Le mobile est un investissement, pas encore une vraie source de revenu

«Nous avons développé de nombreux produits mobiles, comme Match Point, un concentré d’information servi tous les jours à 18 heures. C’est du contenu commandité d’une durée de trois à quatre minutes. Ce type de produits augmente notre audience et apporte des revenus. Mais, soyons honnêtes, pour l’instant, nos revenus numériques sont marginaux. Il faut accepter qu’il s’agisse d’investissements.»

5-Un secteur en mutation doit investir et encore investir

«Il faut développer de nouvelles écritures pour le numérique. Nous nous sommes inspirés des essais de la BBC sur Instagram, par exemple, qui scénarise ses histoires en trois photos.» Et d'ajouter: «avant, il fallait un seul reporter pour produire une histoire accrocheuse. Aujourd’hui, pour créer un buzz, il faut une équipe comprenant un graphiste, un journaliste réseaux sociaux, peut-être un vidéaste.»

6-La menace ne vient plus de notre secteur

«Soyons extrêmement humbles et attentifs. Celui qui va nous abattre n’est pas encore né ou alors il ne fait même pas notre métier.»

7-Le propre des mutations, c’est de muter

On a déclaré la mort du papier et la suprématie de la tablette. Puis la tablette a stagné et le mobile s’est mis à décoller. Aujourd’hui, le livre numérique stagne et le livre papier refuse de mourir. «On a cru que le livre se réduisait à l’information qu’il contenait. On a oublié que pour plusieurs consommateurs, le livre est aussi un objet. Un objet qu’ils désirent toucher.»

8-Quand les temps sont durs, il faut encore plus protéger sa valeur

«Les grandes marques sont des garanties de véracité. Notre métier consiste à dire la vérité. C’est une des plus belles valeurs du journalisme. On ne l’a pas assez dit. On ne le dit pas assez. On ne le dira jamais assez.»

Au plaisir de vous croiser à C2 Montréal!

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