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Les transformateurs alimentaires sont proactifs

Jean-François Venne|Édition de la mi‑novembre 2024

Les transformateurs alimentaires sont proactifs

Les transformateur adaptent leurs pratiques afin d’amenuiser la pression sur les consommateurs.(Photo: Adobe Stock)

TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. En un an, le nombre d’employés des 25 transformateurs alimentaires de notre classement a peu bougé. Sous cette apparente stabilité se cachent cependant des efforts constants pour s’adapter aux hausses de coûts et aux comportements des consommateurs.

Les 25 entreprises de notre classement annuel emploient, au Québec et à temps plein, 25 980 personnes, soit un peu plus de 1 % de moins que l’an dernier. En tête, on retrouve Olymel, avec plus de 7905 travailleurs. C’est quand même 8,3 % de moins que l’an dernier, en raison notamment de la fermeture de quelques sites opérationnels. Suivent dans l’ordre Agropur, Exceldor, Saputo et Lassonde.

La division canadienne de la multinationale laitière Lactalis conserve pour sa part son sixième rang. Elle affiche une légère baisse de 2 % de son nombre d’employés entre juin 2023 et juin 2024. À l’image de l’ensemble du secteur, elle a dû affronter plusieurs défis au cours des récentes années, comme les pénuries de main-d’œuvre et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement causées par des grèves, des événements météorologiques extrêmes et des tensions géopolitiques.

« Nous vivons également des fluctuations des coûts et de la disponibilité des matières premières, la hausse du prix des emballages, la conformité à la réglementation et la gestion des complexités associées aux initiatives durables », ajoute Gilles Froment, vice-président principal aux relations gouvernementales et industrielles à Lactalis Canada.

Afin de diminuer la pression, Lactalis adopte des technologies numériques et d’automatisation pour accroître son efficacité et son agilité, et resserre la gestion des coûts, en plaçant par exemple l’accent sur la réduction des déchets. « Nous optimisons en outre notre logistique, notamment avec notre nouveau centre de distribution du fromage, qui devrait ouvrir à la fin de 2024 », précise le vice-président.

L’entreprise agit aussi du côté de l’offre afin de continuer à stimuler ses ventes. Elle met à la disposition des détaillants des stocks plus importants de produits à prix réduit. Elle lance également plusieurs nouvelles options, en particulier dans les segments appréciés des consommateurs, comme les yogourts multiculturels ou à forte teneur en protéines. En fait, Lactalis Canada a dévoilé 30 nouveaux produits en 2024.

L’effet de l’inflation perdure

Toute proportion gardée, la palme de la plus forte hausse du nombre d’employés à temps plein au Québec revient à Groupe Geloso, avec plus de 24 % d’augmentation. Suivent tout près Vergers Leahy, Bridor et Aliments Rustica. En nombre absolu, c’est Agropur qui mène avec un ajout de 274 personnes.

Par ailleurs, l’inflation affecte encore les transformateurs alimentaires, malgré son net fléchissement des derniers mois. « Les consommateurs continuent de choisir les grands détaillants qui offrent des produits à prix modiques. Or, le nombre d’articles et de marques disponibles dans ces magasins est limité, explique Sylvie Cloutier, PDG du Conseil de la transformation alimentaire du Québec. Cela peut avoir un impact négatif sur certains manufacturiers. »

En raison de l’inflation, les consommateurs ont tendance à réduire le nombre de produits qu’ils achètent plutôt que de dépenser plus. Au premier semestre de 2024, les ventes du secteur canadien de la fabrication des aliments (excluant les boissons) ont totalisé 74,8 milliards de dollars, une progression de 1,5 % par rapport à la même période l’année précédente, selon une récente mise à jour de Financement agricole Canada (FAC). L’organisation prévoit une baisse de 2,2 % pour le second semestre. Cependant, elle résultera de la diminution des prix, puisque le volume des ventes a plutôt tendance à progresser légèrement.

Des options limitées

On en revient donc à la hausse des coûts. Comment les transformateurs jonglent-ils avec ces augmentations ? « Ils ont quelques options, comme signer des ententes plus longues avec leurs fournisseurs, s’approvisionner localement pour diminuer les coûts de transport et éviter les bris d’approvisionnement, et bien sûr innover dans leurs procédés pour devenir plus productifs », résume Sylvie Cloutier.

Les transformateurs devront également garder à l’œil les restrictions grandissantes dans les programmes de travailleurs étrangers temporaires. Au Canada, de 2017 à 2023, la proportion de cette main-d’œuvre est passée de 7,6 % à 14,8 % du total des employés, selon FAC.