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Zones d’innovation: Anita Anand déplore le manque de femmes sur les CA

Dominique Talbot|Mis à jour le 20 novembre 2024

Zones d’innovation: Anita Anand déplore le manque de femmes sur les CA

Anita Anand (Photo: Marco Steinbrenner / DeFodi Images / Getty Images)

La quasi-absence de femmes dans le CA de deux zones d’innovation au Québec est symptomatique de «la discrimination et de la préférence pour les hommes dans notre économie», selon la ministre fédérale des Transports, Anita Anand.

«C’est une question importante», a dit la ministre qui était de passage lundi à Bécancour pour l’annonce d’un investissement de 164 millions de dollars (M$) du fédéral pour l’agrandissement du port.

Il faut continuer «d’améliorer la situation pour les femmes dans tous les secteurs. Et ce n’est pas seulement la responsabilité d’une leader, d’une ministre ou d’un ministre. C’est la responsabilité de tout le monde, à tous les niveaux, dans chaque organisation, d’améliorer la situation et l’égalité», a-t-elle affirmé en réponse à une question de Les Affaires.

Plus tôt en novembre, Les Affaires rapportait que sur les 24 membres des conseils d’administration de la Vallée de la transition énergétique (VTE) ainsi que de Technum Québec, seules trois étaient des femmes.

Dans le cas de la VTE, où se trouve le cœur de la filière batterie, à Bécancour, une seule femme trouve sa place parmi les 14 membres du CA, soit 8%.

Rappelons que le gouvernement du Québec a injecté 8,5M$ pour sa création, dont 3M$ ont été consentis pour sa gouvernance et son fonctionnement.

«Ce n’est pas seulement un problème dans ce secteur. On a besoin de plus en plus de femmes dans tous les secteurs, privés et publics. Dans les entreprises, les hôpitaux, les universités», a poursuivi la ministre, qui est également présidente du Conseil du trésor du Canada.

À Bromont, Technum Québec, qui se spécialise dans les technologies numériques, deux femmes occupent un siège sur le CA, contre huit hommes, soit 20%.

«Nous allons migrer vers un CA qui sera 50/50»

Aussi présent à Bécancour, le ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a affirmé que le CA de la Vallée de la transition énergétique «devait mieux faire, c’est clair».

«Ce sera quelque chose que nous allons regarder avec les dirigeants. J’ai déjà des noms en tête de leaders féminines qui pourraient facilement entrer dans cet écosystème et venir nous guider là-dessus», a dit le ministre.

Bien qu’elle intègre l’inclusion parmi ses trois objectifs prioritaires et ses sept principes fondateurs, la VTE ne comptait à ses débuts aucune femme sur son CA, parmi ses 12 membres.

«Dans la première mouture du CA, nous avons demandé aux partenaires de nous soumettre une candidature de leur choix. Nous n’avons pas tenté d’influencer le talent qui nous était offert», admet Pierre Ducharme, président du CA de la Vallée de la transaction énergétique.

Admettant qu’il y a actuellement un «débalancement», Pierre Ducharme dit avoir commencé à rétablir l’équilibre «par l’ajout d’observatrices qui nous viennent d’Investissement Québec et du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie». Ces dernières n’ont cependant pas droit de vote.

«Le message est bien reçu et tranquillement, au fil des occasions, nous allons migrer vers un CA qui sera 50/50», s’engage-t-il.

De son côté, le directeur général de la Vallée de la transition énergétique, Alain Lemieux, souligne que la parité existe dans sa direction, et qu’elle suivra sur le CA.

«Au dernier CA, nous avons porté l’accent sur l’importance de la présence des femmes. Et c’est certain que ça va se faire. Nous avons des candidatures féminines», affirme-t-il également.

«Toujours plus vite pour Roger d’appeler Bernard»

L’important déséquilibre entre le nombre d’hommes et de femmes sur les CA de ces deux zones d’innovation avait également fait réagir Caroline Codsi, femme d’affaires bien connue et présidente de l’organisation La gouvernance au féminin.

Caroline Codsi y voyait la répétition de certaines façons de faire qui perdurent et qui ne sont pas dans l’intérêt des organisations à long terme.

« Ça va toujours plus vite pour Roger d’appeler Bernard. Et Bernard va dire oui. Mais pour aller chercher Martine, il y a toujours un peu plus d’efforts à faire, avait-elle illustré. Mais c’est un effort à faire en amont pour avoir des résultats bien meilleurs. Ce n’est pour rendre service aux femmes, c’est pour rendre service aux organisations. »

À Québec, le cabinet de la ministre de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, avait fait valoir que les zones d’innovation «ont constitué leur CA de manière indépendante», et que le ministère «n’a pas été impliqué dans le recrutement des individus ni dans l’approbation de leur nomination».

«Il faut encourager la présence des femmes dans les secteurs de l’innovation et de l’économie. Le nombre de femmes sur les CA des zones d’innovation n’est pas soumis à un quota et ce n’est pas l’intention, mais nous nous attendons à ce que de plus en plus de femmes soient nommées dans ces postes décisionnels», a commenté le cabinet de la ministre.