Gabrielle Huppé et Maude Girard, cofondatrices de Next Chance (Photo: courtoisie)
SECTEUR MANUFACTURIER. Voici quatre entreprises qui ont intégré les principes de l’économie circulaire dans leurs activités de production — et qui en ont tiré profit.
Next Chance: transformer le gaspillage en emballage
La longueuilloise Next Chance vend des emballages cadeaux écoresponsables qu’elle fabrique à partir de matières résiduelles textiles. « Pour la fabrication, nous faisons affaire avec une couturière de même qu’avec deux ateliers qui font de la réinsertion sociale », explique Maude Girard, qui a cofondé Next Chance avec Gabrielle Huppé en février 2020.
Leur approche permet ainsi de donner une deuxième vie à des bouts de rouleaux et à des retailles de tissus qui auraient autrement fini dans un site d’enfouissement. Pour s’approvisionner, l’entreprise a instauré des partenariats avec neuf ateliers de couture situés principalement sur la Rive-Sud de Montréal et à Montréal, car les cofondatrices voulaient absolument favoriser l’approvisionnement local.
Celles-ci calculent qu’environ 2500 kilos (5 500 livres) de tissu ont ainsi été récupérés en un an d’opération, soit l’équivalent de 50 ans d’achats de vêtements pour deux personnes et demie, selon leur site web. En 2021, les entrepreneures estiment qu’elles doubleront la quantité de retailles de tissu qu’elles auront réussi à récupérer.
Entre-temps, elles ont remporté, en mai dernier, l’étape régionale du Défi OSEntreprendre, volet création d’entreprise (catégorie Exploitation, transformation, production), et se sont classées parmi les 17 finalistes nationaux.
Next Chance compte poursuivre son développement et offrir une plus grande gamme de produits qui, eux aussi, seront fabriqués selon les principes de l’économie circulaire. Elle proposera d’abord de nouveaux emballages et accessoires pour la période des fêtes. « Et nous développons actuellement de nouveaux emballages pour l’expédition de produits qui pourront être utilisés notamment par les PME, révèle Maude Girard. Ils devraient être prêts d’ici la fin de l’année. »
Piscines et spas Poséidon: spa neuf… mais presque
Les composants mécaniques d’un spa ont une durée de vie moyenne de 10 à 15 ans. Sa coque en acrylique, en revanche, peut durer au moins trois fois plus longtemps. Dans cette divergence, Piscines et spas Poséidon s’est trouvé une occasion d’affaires : réusiner des spas pour leur donner une deuxième vie.
L’entreprise de Longueuil part donc d’un vieux bain à remous, retire le châssis et remplace les composants qui ont besoin d’être changés, puis réassemble le tout. Vendus à un prix correspondant à environ la moitié du prix d’un neuf, ces produits sont donc non seulement moins polluants, mais aussi plus abordables.
« On s’approvisionne en spas usagés de différentes sources. Les écocentres nous en fournissent,
1-800-GOT-JUNK? aussi, de même que les transporteurs de spas », énumère Nicolas Guillotte, président de Piscines et spas Poséidon.
L’entreprise accepte aussi les spas de particuliers qui désirent s’en débarrasser. « On a tellement d’appels qu’on ne peut plus fournir ! C’est rendu qu’on fait la fine bouche. Au début, on devait acheter ces vieux spas, mais aujourd’hui, on reçoit tellement d’offres qu’on réussit à s’approvisionner gratuitement », raconte le président. Il compte bien augmenter sa capacité de réusinage en conséquence.
L’an dernier, Piscines et spas Poséidon a remis à neuf une cinquantaine de spas. Cette année, le nombre est passé à 70. Elle vise faire augmenter ce nombre à 100 ou 200 d’ici un an ou deux. Dans cinq ans, elle vise carrément le millier. « Pour ça, toutefois, il va falloir trouver un plus grand emplacement, constate Nicolas Guillotte. On a lancé nos recherches à ce sujet, parce que la demande est là. »
Feuille d’érable charbonnerie ancestrale: un produit qui renaît de ses cendres
Feuille d’érable charbonnerie ancestrale, qui produit notamment des briquettes et du charbon de bois, s’est lancée l’an dernier dans l’économie circulaire. L’entreprise de Sainte-Christine-d’Auvergne, dans la région de Portneuf, a effectivement réussi à développer un processus lui permettant de transformer en amendement de sol ce qui était auparavant un résidu de production.
La charbonnerie a d’abord procédé à un examen de ses processus avec l’aide du cabinet d’experts-conseils GECA Environnement. Elle a profité, pour ce faire, d’une aide financière accordée par le Fonds Écoleader et par la SADC de Portneuf, qui a couvert 75 % des coûts du projet évalué à 60 000 $.
À la suite de ces analyses, l’entreprise a réalisé que ses résidus de charbon et la suie, qui étaient jusqu’alors considérés comme des déchets de production, étaient en vérité une ressource à forte valeur ajoutée qui pouvait être commercialisée sous forme de biochar. Utilisé en agriculture, celui-ci permet d’améliorer la productivité des sols et comporte plusieurs avantages. Il permet entre autres de favoriser la rétention d’eau et de balancer les sols acides en plus de prévenir la compaction des sols.
Puisque aucune transformation supplémentaire des résidus de charbon n’est nécessaire, Feuille d’érable charbonnerie ancestrale peut facilement vendre son produit dans les jardineries, les pépinières et les quincailleries. Elle commercialise son biochar en format de neuf litres destiné aux particuliers et d’autres formats sont également disponibles pour les professionnels.
Animat: des tapis qui donnent une deuxième vie
Animat, basé à Sherbrooke, se spécialise depuis 36 ans dans la conception et la fabrication de tapis robustes en caoutchouc. Ses différents modèles sont utilisés, par exemple, comme revêtement de plancher dans les fermes laitières ou dans les bâtiments d’élevage de bœuf. L’entreprise fabrique également des revêtements de sol en caoutchouc pour les écuries et pour certaines aires commerciales ou industrielles, comme les garages, les gymnases, les arénas et les lignes de production.
Ce qui la distingue est le fait qu’elle utilise de vieux pneus plutôt que de fabriquer ses tapis en utilisant de la matière première vierge. Les produits d’Animat sont effectivement faits à 100 % de pneus recyclés, qu’elle transforme d’abord en granulat avant de les façonner en tapis par moulage et extrudage. Ce procédé contribue à donner une nouvelle vie à du caoutchouc qui finirait autrement dans des centres d’enfouissement ou à l’incinérateur.
L’entreprise, qui distribue ses produits dans 52 pays, traite ainsi plus de 50 000 tonnes de pneus par année, ce qui en fait le plus grand recycleur de pneus du Canada.