L’établissement affiche le tarif de chambre le plus élevé de la province, à partir de 750 $ la nuit. (Photo: courtoisie)
RÉUNIONS ET CONGRÈS. Le centre-ville montréalais croyait bien avoir dit adieu à la prestigieuse chaîne d’hôtels Four Seasons en 1994. L’établissement de 300 chambres, qui avait ouvert ses portes sur la rue Sherbrooke 18 ans plus tôt — juste à temps pour les Jeux olympiques —, venait de changer de bannière pour devenir un hôtel Westin, puis Omni.
Or, c’était sans compter sur la volonté et le pouvoir de persuasion du promoteur immobilier montréalais Carbonleo, Andrew Lutfy. Ce dernier a réussi à réintroduire la marque Four Seasons au Québec au printemps 2019, au cœur du Mille carré doré.
En plein projet de rénovation de la maison Ogilvy, sur la rue de la Montagne, Carbonleo souhaitait y associer l’une des chaînes hôtelières les plus chics de la planète. « Nous avions quelques noms en tête, mais nous voulions y aller pour le “trophée”, raconte l’un des instigateurs du projet, le vice-président exécutif et associé Claude Marcotte. Notre premier choix était la bannière Four Seasons. »
Comment Carbonleo est-il parvenu à convaincre le fondateur et président de la chaîne, Isadora Sharp, ainsi que ses deux principaux actionnaires, Bill Gates et le prince Al Waleed bin Talal Al Saud, d’accepter de réintégrer Montréal parmi les destinations de la marque ? « La direction actuelle de Four Seasons est très différente de celle qui avait décidé de quitter Montréal il y 28 ans, précise Claude Marcotte. La nouvelle équipe s’est montrée très réceptive à notre proposition dès les premières rencontres. Il fallait néanmoins les impressionner. »
Dès le premier rendez-vous au siège social de Four Seasons, à Toronto, l’équipe du promoteur avait en main des esquisses de leur hôtel de rêve. Des plans signés par la firme parisienne d’architecture et de design Gilles & Boissier, qui a notamment réalisé le Mandarin Oriental Ritz Madrid, le Baccarat Hotel New York et le Ritz Carlton New York. Du marbre, des surfaces miroirs, des trames de velours, de la plomberie en laiton et des œuvres d’art incomparables… Rien n’avait été laissé au hasard pour peaufiner le bijou hôtelier que Carbonleo avait en tête. L’opération séduction a été concluante, assure son vice-président directeur.
Finalement, la facture de l’hôtel de 169 chambres — qui compte également 18 condos dont 12 ont été vendus — s’élève au bas mot à 300 millions de dollars. « Il a coûté cher, mais l’investissement en valait le coup », maintient Claude Marcotte.
L’établissement, qui affiche le tarif de chambre le plus élevé de la province (à partir de 750 $ la nuit), attire déjà une clientèle d’affaires, qui représente actuellement 25 % de ses revenus. On y retrouve aussi une nouvelle clientèle qui n’était jamais venue à Montréal. « Ce sont notamment des touristes canadiens et étrangers qui ne jurent que par des villes où la marque Four Seasons a pris racine », note le promoteur.
L’hôtel, qui s’est récemment fait attribuer 10 étoiles par le « Forbes Travel Guide », abrite également le restaurant Marcus, une brasserie française dont les 170 places sont régulièrement toutes occupées, ainsi qu’une salle de bal pouvant accueillir 450 convives en formule banquet. Au printemps 2022 s’est ajouté le premier spa Guerlain au Québec — le deuxième au pays. Son équipe a d’ailleurs concocté un soin exclusif « Puissance Montréal ». Alliant massage et soin du visage, il est devenu la coqueluche des touristes d’affaires qui débarquent à l’hôtel, fait remarquer Claude Marcotte.