OSBL: financer ses activités sans dépendre des subventions
Maxime Bilodeau|Édition de la mi‑mai 2022La Maison de la famille de Gatineau offre des services et des activités d'apprentissage et de prévention aux familles de l'Outaouais. (Photo: courtoisie)
PHILANTHROPIE. Comme plusieurs des 45 000 organismes sans but lucratif (OSBL) que compte le Québec, la Maison de la famille de Gatineau compte sur les subventions gouvernementales, mais aussi sur les dons de toute nature pour financer ses activités. Et comme plusieurs OSBL dont le budget de fonctionnement est, disons, modique, la recherche de cet argent repose sur les épaules d’une seule personne, dans ce cas-ci Véronique Charron, la directrice générale.
«Les OSBL comme le nôtre sont typiquement subventionnés à la mission, par le ministère de la Famille par exemple. Dans les dernières années, nous avons cependant développé le réflexe de cogner à d’autres portes et de solliciter des donateurs, comme des fondations», explique la principale intéressée. Cette diversification des revenus permet à l’organisme d’améliorer son soutien aux familles de la région d’Ottawa et de Gatineau.
Lors de son exercice 2019-2020, la Maison de la famille de Gatineau a par exemple reçu 20 000 $ par l’entremise d’Avenir d’enfants. Ce projet, alors appuyé par la Fondation Lucie et André Chagnon — le soutien a cessé en 2020 —, a ainsi permis à l’OSBL d’offrir davantage de places référées dans ses installations, de rémunérer ses animatrices et d’offrir des services de transport aux familles. «Nous ne dégageons pas d’excédents; tout est réinvesti dans nos services», assure Véronique Charron.
Mécanique subtile
La réalité particulière de ces organismes de plus petite envergure incite des entreprises à se spécialiser dans ce créneau. Espace OBNL se targue par exemple de traiter les défis spécifiques des gestionnaires et des dirigeants d’OSBL, notamment en matière de financement. Dans la même veine, Espace idées propose des services en philanthropie pour accompagner les OSBL dans l’évaluation et la recherche de financement et la diversification de leurs sources.
«L’absence d’expertise peut être ruineuse et mener à développer une dépendance aux subventions gouvernementales, constate Marie-Claude Gratton, fondatrice et directrice d’Espace idées, qui collabore avec une trentaine d’OSBL du Québec. De là l’idée d’offrir des solutions en philanthropie, comme la rédaction de demandes de financement, le développement d’argumentaires de sollicitation et la mise en place de stratégies de fidélisation.»
L’entreprise à mission sociale offre même l’élaboration de politiques et de procédures d’acceptation et de gestion de dons, de confidentialité, etc. «Les bailleurs de fonds qui souhaitent soutenir ces OSBL le font souvent à des conditions bien précises, rappelle Marie-Claude Gratton. Leurs dons sont assortis de critères sévères, comme de ne servir qu’à financer certains services ou biens ayant trait à la mission de l’organisme.»
Cela s’explique par l’obligation de reddition de comptes à laquelle sont soumises les fondations philanthropiques. C’est d’ailleurs de cette manière que vont s’exprimer les politiques d’investissements socialement responsables de ces organismes de bienfaisance. «Les petits OSBL qui tirent leur épingle du jeu sont très respectueux envers leur mission sociale, continue la directrice. Dépenser des fortunes pour faire imprimer des rapports annuels élogieux n’est pas dans leur nature.»
Augmenter l’effet social
Véronique Charron remarque que certaines missions sont plus populaires auprès des donateurs, aussi bien les particuliers que les organisations philanthropiques. «Ces temps-ci, le dépannage alimentaire, le logement et la santé mentale sont des causes qui touchent particulièrement», note-t-elle. De là à parler de «modes» attribuables à la poussée inflationniste, à la pénurie de logements abordables et à la pandémie de COVID-19, il n’y a qu’un pas.
La Maison de la famille de Gatineau compte pour sa part sur des partenaires financiers de longue date. Parmi eux, Centraide Outaouais, qui rend entre autres possible l’achat de matériel scolaire pour les familles dans le besoin au moment de la rentrée scolaire. «Nous avons décidé de faire affaire avec une entreprise d’ici, À l’échelle du monde, pour notre magasin-partage, raconte Véronique Charron. C’est notre manière de promouvoir l’achat local.» Ainsi que de maximiser les retombées pour la collectivité.