Lac-Mégantic: Ottawa tient le cap malgré l’opposition de Nantes
La Presse Canadienne|Publié le 13 novembre 2024Un train traverse la municipalité de Lac-Mégantic le mercredi 16 octobre 2024. (Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne)
Le gouvernement fédéral n’a pas l’intention de plier devant une nouvelle voix qui s’oppose à la voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic.
Une des trois localités touchées, la municipalité de Nantes, a en effet fait savoir par résolution qu’elle se retire de ce projet controversé de voie de contournement et qu’elle ne collaborera plus avec Transports Canada, qui mène le chantier.
Or une bonne partie du tracé de 12,5 km de la voie de contournement se trouve sur le territoire de Nantes.
Ce projet a été élaboré à la suite de la catastrophe ferroviaire de 2013 qui a dévasté le centre-ville de Lac-Mégantic et fait 47 morts.
Il visait à ce que plus jamais une telle tragédie ne survienne et à ce que la population ne vive plus le traumatisme des convois qui circulent encore quotidiennement, mais il n’a toujours pas obtenu toutes les autorisations requises de l’Office des transports du Canada (OTC).
«Notre gouvernement va sortir la voie ferrée du centre-ville de Lac-Mégantic», a assuré la ministre fédérale des Transports, Anita Anand, dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne mercredi.
«Ça fait des années qu’on consulte tout le monde, y compris la municipalité de Nantes, pour que le projet réponde aux préoccupations locales», a-t-elle déclaré.
«On est toujours prêts à en discuter davantage avec Nantes pour trouver des solutions qui leur apportent des bénéfices.»
Pas d’acceptabilité sociale
Dans une longue résolution adoptée à l’unanimité mardi soir, le conseil municipal de Nantes accuse le fédéral d’avoir fait la sourde oreille à ses demandes d’indemnisation et de ne pas avoir prévu de programmes d’aide particuliers pour les municipalités touchées.
Nantes reproche aussi à Ottawa d’avoir refusé 12 propositions de projets économiques, sociaux et de loisirs.
Enfin, les élus municipaux font savoir que le projet ne récolte plus l’acceptabilité sociale du milieu.
Le fédéral rétorque pour sa part que 47 mesures d’atténuation ont été mises en oeuvre pour répondre aux préoccupations de la communauté.
Plus de 11 ans après la catastrophe, le projet de voie de contournement fait plus que jamais face à de la résistance.
Il a été annoncé officiellement en mai 2018, avec une entente de financement conjointe Ottawa-Québec, respectivement à hauteur de 60% et 40%.
Depuis, les municipalités voisines, Nantes et Frontenac, ont exprimé leur opposition, ainsi que des agriculteurs et des citoyens, qui réclament de nouvelles consultations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Des audiences du BAPE ont déjà été tenues en 2017 et en 2019, mais les opposants soutiennent que c’était avant qu’on connaisse toutes les implications du tracé.
Le projet requiert de creuser une tranchée importante qui va affecter la nappe phréatique.
Le Programme régional des milieux humides et hydriques de la MRC du Granit répertorie 110 hectares de milieux humides qui seraient détruits, sur les 138 hectares requis pour la voie projetée, avait évoqué le maire de Frontenac, Gaby Gendron, dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
Le nouveau tracé réduit le nombre de résidences situées à proximité de la voie ferrée, de 258 à 18 dans une emprise de 100 mètres.
Dans le budget de 2022, Ottawa a débloqué 237,2 millions $ sur cinq ans pour la construction du projet et le démantèlement de la voie actuelle.
Le 6 juillet 2013, un train de 72 wagons de pétrole brut de la Montreal Maine and Atlantic était stationné à Nantes, sans conducteur. La locomotive a pris feu et subi une avarie de ses freins. Le train s’est mis à dévaler la pente, la deuxième plus longue au Canada, vers Lac-Mégantic.
Pas moins de 6 millions de litres de pétrole ont été déversés. Outre les 47 morts, 44 résidences et commerces ont été détruits, 2000 personnes ont été évacuées.