Les grandes firmes se démarquent par leur prise en charge de chantiers imposants des transports, comme celui de l’échangeur Turcot. (photo: 123RF)
LES GRANDS DE L’INGÉNIERIE. Les nombreux projets d’infrastructures en cours ou annoncés continuent d’alimenter le secteur du génie québécois. Des données compilées par Les Affaires montrent que les 25 plus grandes firmes d’ingénierie du Québec comptent cette année 19 853 employés, soit 7 % de plus qu’en 2018.
Il y a peu de changement dans l’ordre du classement annuel, aucune firme n’ayant bougé de plus de deux positions. Le top cinq demeure constitué de SNC-Lavalin, WSP Global, CIMA+, Stantec et Englobe. Certaines firmes ont toutefois connu une progression fulgurante de leur nombre d’employés, notamment GCM Consultants (51,9 %), Bouthillette Parizeau (38 %) et Hatch (23,4 %).
Hatch, qui a une forte expertise dans les métaux et les infrastructures de trains et de tunnels, connaît une belle croissance au Québec. Elle se spécialise notamment dans les projets du Réseau express métropolitain (REM), à Montréal, et du tramway, à Québec. Elle fait aussi sa marque dans des secteurs en émergence comme le lithium et les protéines végétales.
«Nous sommes l’une des rares firmes au monde à détenir une vaste expertise dans le secteur du lithium», précise Stéphane Raymond, directeur général pour Montréal et directeur régional, Gestion de projets et construction pour l’est de l’Amérique du Nord. L’entreprise contribue d’ailleurs au projet de Nemaska Lithium, qui développe une chaîne complète de production de lithium dans la province.
Présentement, les métaux génèrent environ 80 % des revenus de Hatch, les infrastructures 15 % et l’énergie, les 5 % restants. À moyen terme, des dirigeants souhaitent que la moitié de leur chiffre d’affaires provienne des métaux, et l’autre, de l’énergie et des infrastructures.
Hatch s’intéresse aussi aux protéines végétales, un secteur porteur si l’on se fie au succès de Beyond Meat, entre autres. La firme travaille actuellement avec l’entreprise française Roquette Frères, qui construit la plus grande usine de transformation de pois du monde à Portage la Prairie, au Manitoba. Le projet est piloté par une équipe montréalaise de Hatch. «C’est dans le secteur alimentaire, mais il s’agit d’une usine industrielle avec un procédé chimique assez complexe», explique M. Raymond. L’usine devrait employer 150 personnes.
La force d’un réseau mondial
De son côté, WSP tire près de la moitié de ses revenus québécois et canadiens du secteur des transports. On retrouve la firme entre autres dans les projets de l’échangeur Turcot, à Montréal, et du tramway, à Québec. Le bâtiment et l’environnement constituent d’autres secteurs phares de la firme. L’équipe d’environnement de WSP a d’ailleurs été mise à contribution pour préserver les couleuvres brunes menacées par la construction de Turcot. La firme travaille aussi sur le projet de toit du Stade olympique.
«L’une de nos forces est d’être présent localement, mais d’être fort mondialement», avance Isabelle Adjahi, vice-présidente aux relations avec les investisseurs et communications d’entreprise de WSP. La firme compte plus de 48 000 employés dans le monde, et des experts de différents pays peuvent être mis à profit au Canada.
Mme Adjahi donne l’exemple de la réfection du parlement d’Ottawa, sur lequel travaillent des experts de WSP en sécurité incendie venus des États-Unis et du Royaume-Uni. «Le fait que notre équipe au Royaume-Uni travaille déjà sur la réfection du palais de Buckingham représente un gros plus, par exemple. Pouvoir compter sur des experts étrangers nous permet de soumissionner comme une seule firme.»
Une gouvernance plus indépendante
Cette année, CIMA+ a gagné deux rangs au classement grâce à une augmentation de 18 % de son nombre d’employés. Selon le président et chef de la direction François Plourde, l’augmentation de la population dans plusieurs villes du Québec et du Canada cause des soucis, notamment en matière de congestion des infrastructures routières. Combiné au vieillissement des infrastructures, cela génère beaucoup de projets, d’autant plus que les gouvernements ont recommencé à investir.
CIMA+ est bien placée pour en profiter. La firme a notamment joué un rôle important dans la conception du REM et continuera de le faire pendant la construction. Elle travaille aussi à la réfection ou à la reconstruction de certains ponts, comme le pont Gouin, à Saint-Jean-sur-Richelieu, ou celui de l’Île-aux-Tourtes, qui relie Vaudreuil-Dorion à l’ouest de l’île de Montréal. Côté bâtiment, on retrouve sa marque sur le projet du mégahôpital de Québec.
Ça bouge aussi à l’interne. En juin, CIMA+ a annoncé la séparation des rôles de président du conseil d’administration et de président et chef de la direction. Réal Plourde a été nommé président du conseil. «Après les événements de la commission Charbonneau, nous avons revu notre gouvernance en créant un conseil avec des administrateurs externes et un exécutif plus imputable, rappelle François Plourde. Nous franchissons une nouvelle étape qui nous permet de renforcer encore l’indépendance de notre conseil.»