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Investir son magot sur quel horizon et dans quelle catégorie d’actifs?

Jean Décary|Publié le 06 novembre 2024

Investir son magot sur quel horizon et dans quelle catégorie d’actifs?

Sur douze mois, une fois sur trois, l’investisseur encourt le risque que son placement soit négatif. (Photo: Adobe Stock)

GESTION DE PATRIMOINE. L’horizon de placement et le type d’investissement vont bien souvent de pair. Qu’il ait les poches profondes ou pas, l’investisseur doit tenir compte à la fois de ses besoins en liquidités et de sa tolérance au risque, mais aussi du temps au cours duquel ses dollars demeureront investis.

« J’invite les gens à regarder les rendements en Bourse sur des périodes données », explique Cimon Plante, gestionnaire de portefeuille et conseiller principal en gestion de patrimoine, Groupe Plante, à la Financière Banque Nationale. L’idée c’est d’évaluer d’abord les besoins en liquidités ou les besoins de décaissement – si la personne est à la retraite ou en phase d’accumulation –, car un investisseur doit laisser le temps à ses placements de travailler.

Sur douze mois, une fois sur trois, l’investisseur encourt le risque que son placement soit négatif. « Tu as donc 33 % de chance que ta somme investie perde de la valeur et d’être obligé de cristalliser une perte. » Sur 5 ans, les chances que tes rendements soient négatifs sont de l’ordre de 20 %. C’est quand tu tombes sur un horizon de 10 ans, explique-t-il, que les statistiques sont définitivement du côté de l’investisseur, soit 96 % de chance que le rendement soit positif.

« L’horizon minimum pour investir en Bourse doit donc être au moins de dix ans. L’argent dont tu n’as pas besoin, statistiquement, tu devrais l’investir à la Bourse, car les rendements ont été supérieurs aux autres catégories d’actifs comme les titres à revenu fixe et les liquidités. »

Cimon Plante mentionne qu’il est aussi crucial de tenir compte du tempérament de l’investisseur. « Certains pourraient prendre plus de risque en augmentant leur exposition aux actions, mais ils ne vivent pas bien avec la volatilité. » Ce n’est pas juste une question quantitative, c’est aussi qualitatif explique le gestionnaire. « Si ça affecte ta santé mentale, tu peux opter pour quelque chose de plus prudent, quitte à diminuer ton rendement potentiel. »

Gestionnaire de portefeuille à Claret, Vincent Fournier rappelle qu’une des principales règles en finance est de s’assurer d’harmoniser son passif actuariel et la durée de ses actifs. « C’est vrai en finance personnelle, institutionnelle et en gestion de trésorerie. La série de faillites de banques régionales aux États-Unis au cours des derniers trimestres en est un bel exemple. »

Le passif actuariel pour les institutions est selon lui un terme lié à la synchronisation des retraits pour financer les rentes des bénéficiaires du régime de retraite ou des paiements de prestations d’assurance-vie. « Pour Monsieur et Madame-tout-le-monde, c’est quand ils auront besoin d’assez d’argent pour financer leur retraite, s’acheter une maison ou faire un voyage. »

L’investisseur peut faire l’erreur des deux côtés souligne Vincent Fournier, c’est-à-dire en choisissant des placements à court terme pour financer une retraite lointaine ou en investissant tout en actions pour financer la mise de fonds sur une maison à court terme. « Dans les deux cas, ils peuvent se brûler », prévient-il.

La règle est stricte pour les placements à court et long terme, mais elle est peut-être plus flexible pour le moyen terme, où un combo entre les deux approches pourra être créé. « À court terme, tu vas te concentrer sur le marché monétaire ou des investissements prudents avec une date d’échéance coïncidant avec le retrait prévu. Point barre. » Pour le long terme, le gestionnaire à Claret est d’avis qu’un portefeuille d’actions sera à privilégier. « Tout dépendra de la tolérance au risque de l’investisseur. »

Une personne fortunée, au même titre qu’un individu au portefeuille plus modeste, va aussi avoir des besoins de décaissement, explique Cimon Plante. « La différence c’est que cette première personne ne le fera pas pour assurer son train de vie ou son indépendance financière. Cette personne aura peut-être besoin de liquidités pour des projets en immobilier, investir dans des entreprises ou acheter des œuvres d’art. Dans le fond, tu veux bien planifier les besoins en capitaux de la personne. Tu veux avoir le luxe du temps pour bien composer avec la volatilité du marché. »

« À partir du moment où tu dépends de ton capital pour vivre, tu vas l’épuiser plus rapidement », concède Sylvain B. Tremblay, vice-président, Gestion Privée, chez Optimum Gestion de Placements. Selon lui, un individu qui a un portefeuille de plusieurs millions de dollars peut très bien, malgré son âge avancé, se permettre d’être 100% en actions. « On s’entend qu’il ne gère pas son portefeuille pour lui, mais pour sa succession, son capital va lui survivre et son horizon de placement vient donc de s’allonger de beaucoup. »