Québec prévoit atteindre 100% d’énergies renouvelables dans les bâtiments
La Presse Canadienne|Publié le 18 novembre 2024(Photo: Richard Vogel / Associated Press / La Presse Canadienne)
Le gouvernement du Québec compte retirer les combustibles fossiles de tous les bâtiments, sauf ceux du secteur industriel, d’ici 2040.
Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, et la ministre de l’Énergie, Christine Fréchette, ont annoncé lundi matin «un plan pour atteindre 100% d’énergies renouvelables à l’horizon 2040».
L’objectif est de planifier le retrait des combustibles fossiles pour le chauffage des bâtiments et d’assurer une transition vers les énergies renouvelables, «tout en tenant compte des capacités d’approvisionnement énergétique du Québec».
Dans les derniers mois, plusieurs municipalités — Prévost dans les Laurentides a été la première à le faire — ont interdit l’installation de systèmes au gaz dans les nouvelles résidences.
Dans un communiqué, Québec a écrit que son plan «s’inspire des règlements municipaux en vigueur pour les bâtiments résidentiels neufs» et «vise les bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels, tant neufs qu’existants».
L’approche «conçue en collaboration avec les distributeurs» combine «l’efficacité énergétique, l’électrification, la biénergie et l’utilisation optimale d’autres sources d’énergie renouvelable, comme le gaz de source renouvelable (GSR) dans la décarbonation des bâtiments», peut-on lire dans le communiqué publié lundi.
Cette annonce a été bien accueillie par le milieu écologiste.
«C’est un grand jour pour l’action climatique au Québec. En pleine COP29, cette annonce marque un tournant dans la transition énergétique de la province. En fixant un horizon clair pour l’élimination des énergies fossiles dans tous nos bâtiments, le gouvernement envoie un signal fort aux marchés, aux Québécois.es et à la planète entière», a déclaré Andréanne Brazeau, analyste politique à la Fondation David Suzuki.
Celle-ci a toutefois déploré que «le secteur industriel soit écarté de ces nouvelles mesures».
De son côté, l’Institut économique de Montréal (IEDM), une organisation financée en partie par l’industrie pétrolière, est d’avis que le Québec «a encore besoin de chauffage au gaz».
Gabriel Giguère, analyste politique à l’IEDM, a dénoncé les nouvelles mesures en indiquant, dans un communiqué, que «le Québec fait encore face à un manque d’électricité, avec tous les effets néfastes que cela a sur son développement».
Changement à deux règlements
Le plan de décarbonation annoncé prévoit des changements à deux règlements. Ainsi, le Règlement sur les appareils de chauffage au mazout sera élargi et interdira «l’installation d’appareils de chauffage au gaz naturel dans les bâtiments résidentiels neufs de moins de 600 m² et de trois étages ou moins, afin de prioriser l’électrification».
Une exclusion sera accordée à la région de l’Outaouais en raison des particularités de son «écosystème énergétique». Le distributeur de gaz naturel de la région, Gazifère, devra toutefois déposer un plan de décarbonation dans les prochains mois.
Le Règlement concernant la quantité de gaz de source renouvelable devant être livrée par un distributeur sera aussi modifié afin de bonifier l’obligation des «distributeurs gaziers de réduire progressivement la quantité de gaz naturel fossile livrée aux consommateurs résidentiels, commerciaux et institutionnels».
Les distributeurs, comme Énergir, devront donc rehausser le pourcentage de gaz de source renouvelable, produit à partir de déchets organiques, par exemple.
Ainsi, les bâtiments existants alimentés au gaz naturel devront atteindre une alimentation 100% renouvelable, à l’exception du secteur résidentiel pour l’Outaouais.
Ces deux changements réglementaires feront l’objet d’une consultation l’an prochain.
«Après avoir réglementé le mazout, nous visons maintenant le gaz naturel, un autre combustible fossile. En collaboration avec nos partenaires du secteur énergétique et les municipalités, nous mettrons en place des mesures pour garantir une transition ordonnée vers les énergies renouvelables, tout en assurant une adaptation progressive pour les consommateurs», a indiqué le ministre Benoit Charette dans le communiqué.
La ministre de l’Énergie, Christine Fréchette, a pour sa part écrit que la décarbonation «est un projet de société que nous réussirons tous ensemble».
Rédigé par Stéphane Blais