«Nous travaillons sur 11 projets d’usines de batteries dans le pays», dit Ted O’Keeffe, vice- président, automobiles et véhicules électriques à AtkinsRéalis. Dans la battery belt, l’entreprise est active dans cinq projets, soit en Caroline du Sud (BMW et Volvo), en Géorgie (Hyundai-LG-JV), au Tennessee (Ford) et au Kentucky (Ford). (Photo: 123RF)
Les usines de batteries poussent comme des champignons dans la battery belt, une région qui compte une dizaine d’États aux États-Unis, allant du Michigan à la Géorgie. Ce développement représente des occasions d’affaires pour le Québec, mais aussi une menace pour sa filière batterie, en raison de l’attractivité de cette région pour l’industrie.
En 2030, les principaux États producteurs de batteries (en gigawattheure par année) seront le Kentucky, la Géorgie et le Michigan, bastion historique de l’industrie automobile, selon le département américain de l’Énergie.
La Géorgie est au cœur de cette battery belt. La croissance rapide de cette filière y survient alors que les États-Unis veulent réduire leur dépendance à la Chine pour diverses technologies.
« Actuellement, de 75 à 80 % des batteries lithium-ion proviennent de la Chine. C’est donc une question de sécurité nationale. Cela dit, la Géorgie a aussi identifié depuis longtemps les batteries comme une industrie stratégique majeure », dit Pat Wilson, commissaire du Georgia Department of Economic Developement (GDEcD).
Depuis 2018, les entreprises de la chaîne de valeur des batteries et des voitures électriques ont investi plus de 27,3 milliards de dollars américains (37 G$ US) en Géorgie, créant 32 000 emplois.
On note même une effervescence ailleurs dans la battery belt et dans l’ensemble des États-Unis, comme en témoignent les contrats de la firme d’ingénierie québécoise AtkinsRéalis.
« Nous travaillons sur 11 projets d’usines de batteries dans le pays », dit Ted O’Keeffe, vice-
président, automobiles et véhicules électriques. Dans la battery belt, l’entreprise est active dans cinq projets, soit en Caroline du Sud (BMW et Volvo), en Géorgie (Hyundai-LG-JV), au Tennessee (Ford) et au Kentucky (Ford).
La déléguée par intérim du Québec à Atlanta, Isabelle Dessureault (également nouvelle déléguée du Québec à Miami), confirme qu’il y a des occasions intéressantes pour nos entreprises. « Il y a de la demande pour les services liés aux opérations des usines, les composants manufacturiers ainsi que les plastiques », dit-elle.
Proximité des constructeurs automobiles
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi la filière batterie progresse vite.
Depuis les années 1980, les constructeurs automobiles ont migré vers le sud des États-Unis en raison des faibles coûts de la main-d’œuvre. Les manufacturiers de batteries s’installent donc à proximité de leurs donneurs d’ordre — OEM, en anglais.
« La Géorgie est la place idéale en raison de la présence des OEM », insiste David Hahm, responsable des affaires publiques SK Battery America, qui a deux usines dans la ville de Commerce.
C’est aussi la concentration d’acteurs clés qui a convaincu Ascend Elements, qui fabrique des matériaux de batteries (produits à partir de batteries recyclées), d’implanter une usine à Covington, en Géorgie.
« Nous trions les batteries ou les déchets de batteries puis nous les transformons en ce qu’on appelle la masse noire, soit une poudre noire composée de métaux », explique Thomas Frey, directeur principal du marketing et des communications de la firme.
Les entreprises souhaitent aussi s’installer au cœur des marchés de consommateurs de voitures électriques. La battery belt est située entre les régions populeuses de la côte est et le sud du pays.
Région bien reliée aux marchés
Mercedes-Benz fabrique des véhicules électriques et des batteries en Alabama, respectivement à Tuscaloosa et à Woodstock. Cet État est traversé par l’autoroute US-11, reliant directement la Louisiane à l’État de New York.
« La courte distance avec l’usine de véhicules et l’emplacement direct sur la route US-11 permettent une coopération efficace et apportent de grands avantages logistiques », affirme un porte-parole.
L’Inflation Reduction Act (IRA), qui renforce les exigences de contenu local dans la vente de batteries et de voitures électriques aux États-Unis, incite aussi des entreprises à s’installer dans la battery belt.
Tout comme la disponibilité d’électricité à bas prix — produite à partir du gaz naturel ou de centrales nucléaires — et la présence des ports névralgiques de Savannah (conteneurs) et de Brunswick (véhicules), en Géorgie, pour le sud et le centre des États-Unis.