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Damien Silès

L’innovation est dans les détails

Damien Silès

Expert(e) invité(e)

Commerce de détail: le mal aimé de nos politiciens!

Damien Silès|Mis à jour le 09 juillet 2024

Commerce de détail: le mal aimé de nos politiciens!

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Le 30 mai dernier, devant le micro d’une radio nationale, je présentais le chiffre de 178 milliards de dollars de ventes pour le secteur du commerce de détail en 2023. Les chiffres sont éloquents sur l’importance de ce secteur dans l’économie du Québec. Cependant, ils n’ont pas le même écho chez nos politiciens.

Le commerce de détail au Québec semble, en effet, souvent négligé ou mal aimé par les politiciens pour plusieurs raisons. Au-delà du fait que les gouvernements doivent faire des choix budgétaires difficiles entre diverses priorités comme les services de santé, l’éducation et les infrastructures, le soutien pour cette industrie est malheureusement souvent absent.

Voici quelques aspects qui peuvent contribuer à ceci:

  • Accent sur les grandes industries: Les politiciens ont tendance à se concentrer sur les grandes industries comme l’aérospatiale, les technologies de l’information, et les ressources naturelles. Ces secteurs sont perçus comme des moteurs de croissance économique plus importants et générateurs d’emplois bien rémunérés. Nous savons pourtant que dans le secteur de l’aéronautique, par exemple, on compte 80 000 employés dans notre province contre 470 000 emplois dans le secteur du détail.
  • Problèmes de rentabilité et de marges: Le commerce de détail est souvent caractérisé par des marges bénéficiaires faibles et une forte concurrence. Les politiciens peuvent donc estimer que ce secteur est moins stratégique pour le développement économique à long terme.
  • Effet de la globalisation et de la vente en ligne: Avec la montée en puissance des géants du commerce en ligne, le commerce de détail traditionnel souffre. Les politiciens peuvent considérer que les ressources et les efforts pour soutenir ce secteur sont moins efficaces face à ces tendances globales. Cependant, pour faire face, les commerçants font preuve d’une grande capacité d’adaptation et ce secteur est un véritable laboratoire technologique! Pensons, entre autres, aux caisses libre-service, aux divers robots utilisés, aux magasins sans employés, etc. Cependant, innover demande des moyens.
  • Nature fragmentée du secteur: Le commerce de détail est composé de nombreuses petites et moyennes entreprises, ce qui rend la représentation et la défense des intérêts plus difficiles en comparaison aux grandes corporations ayant plus de moyens pour le lobbying.

L’interaction entre les politiciens et le commerce de détail au Québec est complexe et multifacette. Les décisions politiques influencent directement les opérations des détaillants, et ceux-ci doivent souvent s’adapter rapidement aux nouvelles réglementations et initiatives.

Toutes les raisons précédemment nommées reviendraient à oublier le rôle crucial du commerce de détail dans l’économie québécoise, de la création d’emplois au dynamisme des communautés locales. Certaines mesures et politiques doivent être mises en place ou bonifiées pour soutenir ce secteur, comme:

  • des programmes de subventions ou de prêts pour aider les petites entreprises de détail;
  • des initiatives pour promouvoir l’achat local et soutenir les commerces de proximité;
  • des formations et des ressources pour aider les détaillants à s’adapter aux nouvelles technologies et au commerce en ligne;
  • des politiques pour réduire les charges fiscales et administratives pesant sur les petites entreprises.

En résumé, le secteur du commerce de détail, vital pour l’économie et le bien-être des communautés, nécessite une attention et un soutien appropriés. Pour ce faire, une collaboration efficace entre les politiciens et les acteurs du secteur est plus qu’essentielle et attendue!